DC United-CF Montréal : Trois constats sur l’Impact

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Quiconque a déjà vu une étoile filante le sait : parfois, on n’est pas sûr que ce qu’on a vu a bien existé. C’était là, et l’instant d’après, ce n’y était plus. Sans témoin pour confirmer l’observation, on se met à douter. Était-ce vrai? Était-ce plutôt le fruit de notre imagination? Pire encore : l’a-t-on vu parce qu’on voulait le voir? Y croyait-on tellement que notre cerveau nous a fait jouer la bobine du film de notre imaginaire? Chose certaine, samedi dernier, sur le terrain de DC United, la réalité nous a rattrapés et nous a fait nous questionner sur ce qu’on avait vu avant ce match. Le CF Montréal de 2024, celui qui a empoché sept points sur neuf, existe-t-il vraiment? Si on se base uniquement sur cette prestation dans la capitale américaine, la réponse est non. MTL is not back. Un gros questionnement et trois constats.

1) Il faut absolument gommer les déchets techniques
Les plus optimistes et positifs du lot nous diront que c’est normal, que les joueurs doivent développer des automatismes, qu’ils doivent apprendre à se connaître et tout ça. Ce n’est pas faux. Cependant, ça n’excuse pas la quantité extraordinaire de déchets techniques produite par le CF Montréal tout au long du match. Et ici, en parlant de déchets techniques, je pèse mes mots, parce que des termes beaucoup moins propres me sont passés par l’esprit pendant tout le match, parfois tirés d’un dictionnaire médical, parfois issus des plus noires profondeurs de la langue vernaculaire québécoise. Rien, mais absolument rien ne peut expliquer, ou excuser, à ce niveau, qu’on fasse à répétition des passes dignes d’une ligue récréative mixte du dimanche soir. C’est bien, de jouer en un temps, parce que ça permet d’accélérer le jeu, de prendre l’adversaire par surprise, de profiter des espaces. Mais encore faut-il savoir envoyer le ballon où il le faut : dans la course de son coéquipier, pas derrière lui. C’est bien aussi d’envoyer une longue transversale pour renverser le jeu, pourvu qu’on ne balance pas le ballon en touche. Et misère de misère, quand pour une fois un coéquipier nous met le ballon là où il faut et qu’on a tout le loisir d’ajuster une frappe, faire une passe flottante à 1,20 m du sol directement sur un défenseur adverse est la meilleure façon de faire monter la pression de ses supporters.

2) On n’a jamais senti Montréal en mesure de gagner ce match
On va le dire franchement : si on n’avait pas vu Laurent Courtois ou l’un ou l’autre des nouveaux visages du club à l’écran, on aurait fini par soupçonner que RDS nous avait mis une reprise d’un match de 2023. La ressemblance était frappante. Montréal défendait relativement bien, pliait mais ne cassait pas, et son gardien s’occupait de faire le boulot pour garder la barque à flots. Mais avec le ballon, ce n’était franchement pas ça. En fait, c’était horrible, principalement pour les raisons mentionnées au point 1, mais aussi parce que personne ne semblait vouloir du ballon. Quand Montréal parvenait enfin à se défaire de l’étau de DC United (nous y reviendrons), ça semblait compliqué pour quiconque avait le ballon de trouver des coéquipiers démarqués. Et quand on trouvait quelqu’un… voir point 1. Il y avait, tout au long du match une espèce d’urgence, une envie pressante de jouer vite. Et pourquoi, au juste? On n’a pas compris. Parfois, surtout quand on subit un pressing haut duquel on peine à se défaire, mettre le pied sur le ballon et faire tourner, même si on n’avance pas, peut servir à revigorer les esprits. On s’attendait donc des joueurs plus expérimentés, comme Piette, Waterman ou Martinez, qu’ils donnent la consigne de ralentir, de garder la balle et de construire. Waterman n’a rien dit. Piette non plus. Et Martinez, lui, s’est plutôt mis à rouspéter et à cesser de faire les efforts qui étaient nécessaires.

3) Montréal aurait dû varier ses relances
Apparemment, Albert Einstein aurait dit : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Parallèlement, il est bien connu que pour se défaire d’une pression haute et efficace, jouer long peut aider à respirer. Qui plus est, quand on est en difficulté dans son dernier tiers, généralement, on dégage. Vous voyez ce qui se dessine. Pourtant, Montréal, pris à la gorge par le pressing de DC United dès l’entame de match, n’a jamais cru bon varier. Malgré la pléthore de déchets techniques. Malgré l’énervement de Josef Martinez, complètement sorti de son match par son tempérament bouillant (on attend toujours sa substitution, d’ailleurs, M. Courtois). Malgré qu’on n’ait jamais senti Montréal capable de gagner ce match. Parfois, tenter un petit coup de botte du gardien loin devant au lieu de jouer court sur Waterman dans la surface aurait pu ouvrir le jeu. Il suffirait d’une déviation chanceuse, d’un raté d’un défenseur ou d’un deuxième ballon récupéré et joué rapidement vers l’avant, et hop, l’un des plus prolifiques marqueurs de l’histoire de la ligue serait lancé seul face au gardien. Bon, ça, c’est pour le scénario le plus optimiste. Mais même sans ça, jouer long aurait eu le mérite de permettre à la défense de cesser d’être en permanence sur le qui-vive que ce soit avec ou sans le ballon. Bref, les gens sur le banc doivent mieux sentir les moments du match et être en mesure d’adapter le plan de match. Albert a raison.

Fort heureusement, et c’est la bonne nouvelle du moment, Jonathan Sirois était de retour à son meilleur après le cauchemardesque naufrage de Chicago. Cette fois, Sirois n’a fait douter personne. Il était là, au bon moment, décisif, propre dans ses interventions. Et c’est une bonne chose, car comme autour de lui, ça avait souvent l’air d’une classe de maternelle dont on aurait perdu le contrôle, supervisée par une éducatrice qui ne prend aucune décision de peur d’aggraver la situation, le bilan aurait pu être lourd. Très lourd. Bref, il y a beaucoup de travail à faire pour augmenter les capacités offensives, notamment celles du trio Iankov-Coccaro-Martinez qui nous faisait rêver, mais qui a totalement raté sa première. Mais aussi, et surtout, il faut trouver le moyen de mettre ce groupe dans les bonnes dispositions tactiques, surtout quand les solutions à tenter en cours de match sont évidentes. Mais tout mettre sur le dos de l’entraîneur serait une faute. Un match se joue sur le terrain. Et quand on ne voit aucun leadership au moment où il faut donner un coup de gueule ou, pire, quand on voit un bébé boudeur au lieu d’un homme qui devrait dire à ses coéquipiers de relever le menton et de serrer les dents, on ne peut que constater que l’attitude était elle aussi en défaut lors de ce match.

Suite et fin de cette longue séquence sur la route à Seattle, samedi prochain. Ensuite, ce sera le grand retour devant les tribunes azurées de notre petit chez nous. Enfin.