Seattle-Montréal : Trois constats sur l’Impact

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En introduction de la précédente édition de cette chronique, je vous avais parlé d’un phénomène astronomique : les étoiles filantes. Cette semaine, il serait certainement plus à propos, vu le match et l’événement prévu en ce 8 avril 2024, de parler d’éclipse. D’éclipse totale, plus précisément. Parce que c’est un peu à ça que nous avons droit depuis la fin de match complètement ratée à Chicago. Montréal s’est totalement éclipsé depuis. Enfin, c’est ce qu’on pourrait croire si on s’en tenait à 2024 comme saison de référence. Cependant, si on regarde 2023 et 2024, on pourrait aussi dire que Montréal a simplement vécu un soubresaut, une soudaine bonne séquence de trois matchs, un peu inattendue, fruit de la fraîcheur et de la nouveauté amenées par l’arrivée d’un nouvel entraîneur. Chose certaine, si on tenait en plus compte du fait que les bons résultats ont été acquis contre un Orlando en dérive, un Dallas B et un Miami avec un astérisque, l’odeur de roussi qui se dégage de la plus récente mauvaise performance du CF Montréal pourrait nous laisser croire qu’en fait, tout ce qu’on a vu n’était qu’un feu de paille. Il est toutefois trop tôt pour l’affirmer. Une claque et trois constats.

1) Au moins, Montréal a gommé les déchets techniques
On va le dire franchement : c’était mauvais. Mais pas complètement. Montréal a tout de même montré du bon. Notamment dans la circulation du ballon. Si vous vous souvenez du match précédent contre DC United, où les joueurs semblaient n’avoir jamais joué ensemble, ou pire encore, n’avoir jamais joué au foot tout court, on ne peut que constater que l’aspect technique était nettement plus sain sur le terrain de Seattle. Et principalement, mais pas seulement, lors de la très bonne entame de match des Montréalais. On a vu plusieurs fois l’Impact faire circuler la balle en une ou deux touches, avec précision, promptement, dans le mouvement des coéquipiers. Le jeu était fluide, rapide, propre. Ça faisait un grand bien. Par contre, ça se gâchait assez rapidement une fois arrivé à vitesse grand V dans le dernier tiers de Seattle. Centres à personne, courses décalées, absence d’appels clairs. Il reste notamment énormément de travail à faire pour savoir jouer avec et pour Josef Martinez.

2) Victor Wanyama aurait dû monter plus tôt au jeu
Et ici, d’un point de vue bien personnel, on aurait pu ajouter « cette saison » au bout du constat. Mais concentrons-nous sur le match qui nous intéresse. Qui n’a pas remarqué que Nathan Saliba était presque complètement à la ramasse en première mi-temps? Qui n’a pas vu que le pauvre était inefficace défensivement? Qui n’a pas capté que le jeune homme ne servait pratiquement à rien en possession? Qui n’a pas compris qu’il avait été globalement dépassé pendant toute la première mi-temps? Qui n’a pas eu envie de le remplacer à la mi-temps, vu qu’il était en retard dans la majorité de ses interventions et déjà marqué d’un carton jaune? S’il y avait un moment idéal cette saison pour faire monter Victor Wanyama au jeu, c’était à la mi-temps de ce Seattle-Montréal. Wanyama aurait pu apporter beaucoup de choses : son calme, sa solidité balle au pied, sa technique, son leadership, son expérience. Il aurait pu délester Piette et permettre à Choinière de jouer un cran plus haut. Parfois, les solutions potentielles sont évidentes. Malheureusement, on ne sait trop pourquoi, on ne les tente pas, et c’est un thème de plus en plus récurrent avec Laurent Courtois.

3) Ça manquait de cœur
D’accord, il y a les mauvais choix tactiques, il y a des joueurs qui performent moins bien et il reste des automatismes à créer. Oui. Mais globalement, en regardant ce qui se passe depuis le début de la déroute au Solder Field, puis sur le terrain de DC United et à plus forte raison encore à Seattle, on ne peut pas vraiment qualifier ces joueurs de « guerriers ». Et c’est le moins qu’on puisse dire. On dirait en somme que ça ne leur fait rien de perdre. Oui, ça les ennuie, de toute évidence. Mais ça ne les fâche pas. À part agiter le doigt aussi frénétiquement qu’un chihuahua agite la queue quand son maître rentre à la maison pour dire « non non, m’sieur l’arbitre, il n’y a pas faute » alors que Saliba vient de couper un adversaire en deux sans raison à 70 m de Jonathan Sirois, on n’a pas vraiment vu de réactions de la part des Montréalais pendant ce match (pas plus qu’à Chicago ou à DC). En fait, on n’a pas vu d’émotions. Aucun coup de gueule. Et ça, c’est inquiétant. Personne dans ce groupe ne semble pour l’instant prendre les choses à cœur. Personne ne semble assez frustré pour dire aux autres d’arrêter de faire des conneries. Personne ne semble en faire plus que de lever les bras au ciel pour signifier indirectement à Lassiter qu’il a ENCORE regardé le match au lieu de défendre. Ça manque de hargne. Ça manque de fierté. Ça manque de cœur. Et ça, c’est inacceptable. Par chance, les supporters auront la chance dès le week-end prochain de rappeler à tout ce beau monde ce que ça signifie de porter le maillot de l’Impact de Montréal. Du moins, espérons qu’ils le feront, même si l’option « ambiance festive du retour à la maison/cœur avec les doigts » est probablement plus envisageable.

Bref, il faut donner un coup de pied là-dedans. Parce que tout le monde dort. Et ça dort profondément. Le pilote automatique est engagé, mais le pilote automatique devra un jour ou l’autre être désactivé pour que quelqu’un prenne les commandes afin de ramener l’avion au sol. Il est plus que temps, parce que l’euphorie du « bon début de saison » n’est plus là. Ou ne devrait plus être là, du moins. Attention de ne pas laisser ce fameux 7 sur 9 devenir l’exception. Dans la réalité, Montréal n’a pas marqué de but dans la moitié de ses matchs. Dans la réalité, Montréal a commencé la saison avec un 7 sur 18. Dans la réalité, hormis quelques flashs, Montréal n’a pas bien joué depuis la première mi-temps à Chicago, ce qui fait 225 minutes consécutives de calvaire presque total. Et dans la réalité, Laurent Courtois multiplie les mauvaises décisions et ne semble pas voir les solutions qui sont pourtant là, juste sous son nez. Il faut donner un coup de pied là-dedans. La « vraie » saison commence maintenant. Il faut se réveiller.

Et voilà. Nous y sommes. Ce premier chapitre exclusivement joué sur les terrains des autres est enfin terminé. Cincinnati débarque en ville samedi pour ce premier rendez-vous au stade Saputo. Ce ne sera pas simple, mais au moins, ce sera à la maison.