NYCFC-Montréal : Trois constats sur le CF Montréal

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Après 6000 km parcourus sans s’arrêter, l’autobus montréalais est finalement tombé en panne à l’approche de la 7000e borne. Et c’est sur le terrain des Red Bulls, mais contre son voisin new-yorkais que les roues ont arrêté de tourner. Le chauffeur, Wilfried Nancy, avait beau appuyer sur le champignon, rien à faire, impossible d’accélérer. Le problème est une fatigue mécanique de certaines composantes, survenue après avoir trop sollicité la machine entre les kilomètres 5000 et 6000, en tentant de dépasser le Winnebago de Jaap Stam qui louvoyait sur l’autoroute pour tenter de gêner le mouvement de son homologue montréalais. Heureusement, Zorhan Bassong et Joel Waterman ont été désignés pour pousser l’autobus jusqu’au prochain garage afin de remettre le véhicule en état de marche et sur la route de la Nouvelle-Angleterre. Aucun point, une introduction franchement débile et trois constats.

1) Il va falloir décider de ce qu’on fait avec James Pantemis
Après quelques prestations fort encourageantes, James Pantemis semble retomber dans les travers qui avaient soulevé des doutes quant à ses capacités dans le passé. Au New Jersey, le de moins en moins jeune gardien québécois n’inspirait pas confiance balle au pied et semblait connaître de grosses difficultés sur le plan de la communication avec ses défenseurs. Plus d’une fois, surtout en première mi-temps, il nous a fait serrer les fesses et crier l’un ou l’autre mot d’église. Automatiquement, on pense à Diop, à son retour, au besoin de solidifier toute cette zone du terrain. Mais le problème est plus complexe qu’il n’y paraît. Au retour du gardien français, est-il avisé d’encore une fois remiser Pantemis pour le ressortir de nouveau dans plusieurs mois, voire un an, puis devoir revivre encore une fois le cycle du « il a pas beaucoup joué-il est jeune-il apprend-il va faire des erreurs, c’est normal »? Si Pantemis devait encore une fois prendre un pas de recul, quel effet cela aurait-il sur sa confiance et ultimement, sur sa carrière? Est-il le prochain numéro un du club? Si c’est le plan, c’est cette saison qu’il faut effectuer la transition. Le cap doit être passé maintenant. On serre les dents et on s’accroche.

2) Waterman, ça ne va pas
On pourrait arrêter ici, car le constat dit tout. On avait déjà remarqué chez lui quelques problèmes d’adaptation au rythme de jeu par le passé, mais maintenant qu’il a sa chance à saisir, ces problèmes deviennent une évidence. La lenteur du défenseur canadien est criante, son positionnement approximatif aussi et sa prise de décision est plus souvent réactive qu’anticipative. C’est souvent difficile, peu gracieux et lourd, comme un cochon qui traverse une mare de boue. Et c’est dommage, car le joueur a des qualités, notamment son jeu de tête sur corner offensif qui donne parfois des situations intéressantes, ses longs ballons vers l’avant et son sourire sympathique. Mais c’est trop peu.

3) Johnsen est un peu tout seul
Et ici, je ne parle pas d’un joueur qui ferait le gros du travail et serait mal appuyé par ses coéquipiers. Le grand Norvégien peine à trouver ses marques, car il a un profil unique, complètement différent de tous les autres attaquants. Si les Quioto, Toye, Ibrahim et autres aiment plutôt jouer dans la profondeur, Johnsen, lui, est un point d’appui, une sorte de pivot qui redescend sur le terrain et sur lequel les autres s’appuient pour jouer le ballon dans le dernier tiers. Or, un tel profil sous-entend une autre façon de jouer que ce que la bande à Nancy propose généralement. Cela signifie plus de jeu vertical, plus de combinaisons dans les espaces, plus de vision pour effectuer la passe qui casse les lignes. Plus de qualité et d’aisance dans l’axe, donc. On ne peut pas dire que ce soit la spécialité de la maison pour le moment. Johnsen est en quelque sorte une erreur de casting causée par les événements subséquents à son embauche. On pensait que les pièces allaient s’imbriquer d’une certaine façon, elles se sont imbriquées d’une façon différente. Johnsen n’est pas un mauvais joueur, loin de là. Son style de jeu est toutefois un frein en ce moment. Quelques ajustements de sa part, mais aussi de ses coéquipiers pourraient faire des merveilles. Par exemple, si Mihailovic commence à s’appuyer sur lui pour se créer de l’espace, cela pourrait causer des incendies dans les défenses adverses.

Il n’y a pas à rougir d’être tombé 1-0, sur un but évitable, en déplacement un mercredi après une considérable dépense d’énergie le samedi précédent. C’est regrettable, car l’adversaire était prenable, bien plus que le prochain. Montréal avait bien commencé, se montrant entreprenant et exerçant une des meilleures pressions hautes qu’on ait pu voir de la part du club montréalais dans les dernières années. Et puis, c’est tombé à plat. Les changements n’ont servi à rien, les joueurs montant au jeu n’ayant absolument rien apporté de pertinent aux débats. On savait que ça ne se passerait pas. Et il faut lever notre chapeau à l’adversaire, car il ne faut pas l’oublier, il y a aussi un adversaire qui joue, qui regarde, analyse et s’ajuste. Après avoir reçu un but en cadeau gracieuseté d’un défenseur qui ne devrait pas jouer en défense centrale, New York a bien joué le coup et a su reconnaître les points forts de Montréal, dont le grouillant Hamdi, s’ajuster en conséquence et gérer son avance sans trop de difficulté.

Prochaine étape, la Nouvelle-Angleterre, qui fait flèche de tout bois par les temps qui courent. Ça s’annonce compliqué, encore plus avec Bassong et Waterman en plein atelier d’improvisation en danse contemporaine. Courage, Rudy.