Montréal-Toronto : Trois constats sur l’Impact

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L’Impact de Montréal faisait sa grande rentrée en sol montréalais en accueillant, au stade olympique, son supposé ennemi juré torontois. Les plus optimistes observateurs croyaient à un match nul pour les hommes de Rémi Garde, mais l’entraîneur français a plus d’un tour dans son sac et est parvenu à bousculer l’ordre établi et à renverser la meilleure équipe de la ligue. Trois constats sur ces surprenants trois points.

1) Rémi Garde a gagné
« Une fois qu’il sera nommé, vous comprendrez qu’on s’en va dans un autre niveau complètement », avait mentionné Joey Saputo en parlant du prochain entraîneur de l’Impact dans la foulée du congédiement de Mauro Biello. Samedi, ces paroles ont résonné fort pendant tout l’après-midi au stade olympique. Pour commencer, malgré une pénurie de défenseurs centraux, Rémi Garde a sorti de son chapeau un 3-5-2 avec Fanni en chef d’orchestre de la défense, alors qu’il avait été placé en latéral droit dans la composition d’avant-match. Un secret très bien gardé (!) toute la semaine, qu’absolument personne n’avait vu venir, surtout pas Toronto. Le dispositif et la rigueur tactique de l’Impact ont donné des maux de tête à celui que l’on peut considérer comme le meilleur entraîneur de Major League Soccer, Greg Vanney. Voir le Toronto FC peiner à se créer des occasions, voir à simplement jouer au football par moments, c’est un phénomène assez exceptionnel. Généralement, Vanney parvient toujours à trouver les ajustements à faire pour se sortir du pétrin. Ainsi, quand il a effectué un double changement à la 59e minute, on s’attendait à ce que Vanney vienne compliquer les choses pour l’Impact. Ce ne fut pas le cas. Le bloc défensif compact de l’Impact n’a pas bronché, emmené notamment par un Samuel Piette en état de grâce. Bien que le mur ait commencé à s’effriter vers la fin, il a fallu tout de même que les ténors du TFC sortent quelques gestes techniques de haut niveau de leur sacoche pour parvenir à créer le danger.

2) Fanni n’est pas fini
Rod Fanni, âgé de 36 ans, surnommé « le semi-remorque » par des supporters marseillais désabusés par sa supposée lenteur, est monté sur la pelouse (ou plutôt sur cette surface verte indigne de l’importance historique du lieu dans lequel elle est installée) pour la première fois en MLS avec la ferme intention de bien faire. 90 minutes, que dis-je, 15 minutes plus tard, c’était mission accomplie. Fanni s’est imposé en vrai général patron au centre de la défense à trois centraux. Véritable pilote de la brigade défensive, il dirigeait les déplacements de ses collègues de main de maître, demeurant constamment en communication et en établissant clairement ses intentions. Fanni a également livré une prestation individuelle remarquable, voire monstrueuse, et même carrément cimanesque. De quoi pousser certains supporters à demander illico la prolongation de son contrat. Si la prestation du Français est très prometteuse, il faudra tout de même la confirmer et la maintenir dans la durée. À suivre, avec beaucoup de plaisir.

3) Ça manquait d’appels
Si la titularisation surprise de Jeisson Vargas (en raison de la blessure subie par Mancosu) à l’attaque s’annonçait intéressante, une fois le dispositif tactique établi et le placement de Piatti aux côtés du Chilien, on pouvait espérer un feu d’artifice pour le peu que ces deux-là s’entendent sur le terrain. Si la paire a montré de bien belles choses, il reste cependant du travail à faire offensivement. Plusieurs ont décrié le jeu « individualiste » de Piatti, qui hésitait souvent à passer le ballon. Toutefois, cela s’expliquait souvent par un manque flagrant d’appels, de Vargas d’une part, mais aussi des autres joueurs venus en appui à l’attaque. À maintes reprises, surtout en première mi-temps, on voyait l’Impact en bonne position de créer le danger, mais on sentait une retenue; plutôt que de s’enfoncer dans les espaces pour attirer la passe, on préférait mettre le pied sur le frein, démarqué, mais statique. Prudence découlant d’une directive de l’entraîneur? En comparaison, le début de la seconde mi-temps était bien plus prometteur, avec plus de mouvement et de belles possibilités de renverser le jeu. Toronto a d’ailleurs été en difficulté pendant plusieurs minutes. Très encourageant, surtout avec l’arrivée désormais officielle d’Alejandro Silva, de Lanús (Argentine), qui devrait amener plus de percussion offensive et de mouvement vers l’avant.

Malgré un bilan de trois points en trois matchs en ce début de saison 2018, on peut sans aucun doute affirmer que l’Impact est sur la bonne voie. La progression affichée en l’espace de trois matchs est phénoménale et l’apport tactique de « l’entraîneur désigné » commence nettement à se faire sentir. Qui plus est, outre Silva, le club annonce que d’autres renforts devraient arriver dans les prochaines semaines (notamment le défenseur central Rudy Camacho, dont la signature serait imminente). L’Impact ne gagnera probablement pas la Coupe MLS cette saison, mais ce groupe, avec l’un ou l’autre ajout à l’effectif et fort de quelques mois de jeu collectif, devrait être en mesure de remporter la Coupe des Voyageurs. Ce devrait d’ailleurs être la principale, voire l’unique priorité du club. Une qualification en ligue des champions, conjuguée au travail inspirant réalisé par un staff technique de haut calibre, pourrait faire des merveilles pour attirer d’autres joueurs de haut niveau au stade Saputo l’hiver prochain.

Week-end de congé, suivi d’un périple dans l’Ouest pour affronter Seattle (sans Dempsey, suspendu). Deux semaines de préparation tactique pour Rémi Garde avant d’aller affronter un vice-champion qui a de la difficulté à se mettre en marche en raison de blessures? Avis aux parieurs…