Dallas-Montréal : Trois constats sur l’Impact

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J’avais terminé ma dernière chronique avec trois mots bien simples : MTL is back. Bien sûr, vous l’aviez compris, c’était l’enthousiasme un peu trop débordant qui parlait. En fait, c’était un pari, approximativement calculé. Ou pas calculé du tout en fait. Une semaine plus tard, force est de constater que cette équipe me donne, pour le moment du moins, raison. Montréal est probablement de retour, et seul l’avenir le dira. Mais pour le moment, Montréal est bel et bien là. Et une chose est sûre : personne dans cette équipe du FC Dallas n’a aimé jouer contre Montréal samedi soir. Ça avait l’air difficile, désagréable et frustrant pour les Texans. Il y avait du sable québécois dans l’engrenage. Par contre, pour les Montréalais, tout semblait baigner dans l’huile. Une première victoire depuis toujours à Dallas et trois constats.

1) Montréal a appris de ses erreurs
Souvent, à la suite d’une lourde défaite durant laquelle rien ne va, on entend les joueurs ou l’entraîneur dire : « l’important, c’est comment on va réagir ». Quand on se fait démonter, c’est vrai, même si c’est un peu cliché et que ça sert surtout à vite tourner la page pour regarder vers l’avant. Mais si on ne se fait pas démonter, si on obtient plutôt un résultat très encourageant, on pourrait se dire, naïvement, qu’on est sur la bonne voie et qu’on ne devrait que continuer à faire ce qu’on fait. Si vous vous rappeliez mes propos après le match à Orlando, vous aviez probablement à l’œil les fins de mi-temps des Montréalais. À Orlando, la dépense d’énergie était telle que le réservoir commençait à être solidement à sec à la fin du premier engagement, et encore plus à la fin du deuxième. Visiblement, ce détail n’était pas passé inaperçu pour Laurent Courtois et son entourage. À Dallas, on a vu un CF Montréal qui mesurait bien plus ses efforts. Fini les duels incessants où on rentrait toujours dedans tête baissée. En fait, on a vu des Montréalais qui lisaient beaucoup mieux les moments du match et qui savaient nettement mieux quand appuyer sur l’accélérateur et quand laisser jouer. Au final, Montréal a su conserver le même niveau d’engagement pendant la majorité du match, et contrairement à Orlando, Dallas n’a jamais pu profiter d’une baisse de régime pour appliquer une pression soutenue sur le mur défensif montréalais. Bref, Montréal ne s’est pas dit après le match à Orlando que ça allait, qu’il suffisait de continuer. Non. Montréal a reconnu ses faiblesses et s’est empressé de les éliminer.

2) On pourrait regarder ce bloc défensif jouer pendant des heures sans se lasser
Il y a le beau jeu, le joga bonito, le tiki-taka et toutes ces choses semi-inspirantes popularisées dans des publicités d’équipementiers. Et puis il y a le foot simple, structuré et efficace. Un peu moins étincelant que les prouesses techniques de Ronaldinho, OK, mais combien satisfaisant quand on sait le regarder. Et Montréal à Dallas, c’était un peu beaucoup ça. Sans le ballon, les Montréalais passaient dans un bloc aussi carré qu’un bloc lego constitué en 5-2-3, avec une ligne avant serrée et droite comme une règle qui se contentait d’attendre l’adversaire et de sortir un peu, de temps en temps, pour activer les choses. Et quelle efficacité. Sur les 583 passes effectuées par Dallas, 582 ont été faites entre deux défenseurs centraux. Oui, j’exagère, bien évidemment. Mais il y avait tellement peu d’options en relance qu’on aurait dit que Montréal jouait à 12. En fait, Montréal a encaissé en jouant à 10, tandis qu’on évaluait le cas de Coccaro, finalement sorti sur blessure. Bref, les espaces étaient restreints, les lignes de passes très limitées, et derrière, on ne voyait les défenseurs centraux qu’en cas de dernier recours, donc plutôt rarement. Signe que les principes défensifs sont sains, compris et bien appliqués. En comparaison, l’an dernier, on voyait Gabriele Corbo et Joel Waterman multiplier les interventions, tandis que George Campbell était souvent mis en difficulté. Cette saison, on ne voit pratiquement pas Waterman et Corbo se mettre en évidence, et George Campbell a l’air en contrôle. Et puis, il y a Sirois, qui fait les arrêts importants. Solide.

3) Montréal sait jouer au ballon
Bon, maintenant que nous avons déterminé que Montréal savait défendre efficacement, et que la séquence du petit pont de Bryce Duke qui lance Ruan dans une chevauchée de 80 mètres avant de glisser une passe millimétrée dans la course parfaite de Martinez nous démontre que Montréal sait habilement jouer la contre-attaque, il ne reste plus à évaluer ce que Montréal fait en possession de balle. Et Montréal sait visiblement jouer au ballon. À de nombreuses reprises à Dallas, on a pu voir le ballon circuler efficacement, rapidement et intelligemment entre les joueurs montréalais. Il y avait toujours des options de passe qui se dessinaient rapidement, ça brisait les lignes avec assez d’aisance et le jeu était généralement porté vers l’avant. Et c’était une amélioration par rapport au match précédent, où les gestes étaient soit précipités, soit trop lents. On ne va toutefois pas prétendre que c’était parfait. Il reste évidemment du travail à faire dans les automatismes et dans les schémas de passes ainsi que de l’ordre à mettre dans les idées dans le dernier tiers, où on sent encore un peu d’hésitation et de « je ferme les yeux et j’espère ». Mais globalement, on est, déjà, plus proche du Montréal de 2022 que du Montréal de 2023.

Dans l’ensemble, Montréal a offert une performance intelligente sur le terrain du FC Dallas. On sentait que chaque joueur savait ce qu’il avait à faire, s’appliquait à le faire et semblait entièrement investi dans la réflexion nécessaire pour mener le plan à bien. Cela va au-delà de la concentration. C’est plutôt une question de prendre entièrement conscience de son entourage, des situations et des réactions des adversaires et des coéquipiers. Bref, c’est savoir lire les moments du match. Savoir où on est, où les autres sont, comment se positionner pour être le plus utile dans le contexte immédiat et dans les situations à venir. C’est le genre de détails essentiels à la bonne marche d’un système et d’une équipe. Et bien franchement, on ne croyait pas voir Montréal atteindre ce palier avant encore quelques matchs. C’est là un signe évident que le travail est bien fait et que l’ambiance est positive.

Prochain arrêt, Miami, dimanche prochain, contre Messi & Co. De quoi montrer à toute la ligue que… MTL is back.