Le CF Montréal vers les sommets, prise 2?

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Après le long calvaire et la lente descente aux enfers de l’ère Losada, provoqués notamment par des ventes records suivies d’un mercato anémique, les attentes étaient au plus bas pour plusieurs supporters, dont le grognement commençait à se faire de plus en plus insistant. La superbe saison de 2022 était-elle un coup de chance causé par un alignement des astres? Une anomalie inexplicable dans le microcosme de l’impact montréalais? De « manque d’ambition » à « incompétence » en passant par toute la gamme des émotions négatives dont seuls les supporters montréalais semblent avoir le secret, tout y est passé. On demandait presque la tête de Renard, voire que Saputo vende le club. Et puis, les morceaux ont commencé à se mettre en place. Rapidement, Olivier Renard, discret pendant l’hiver en raison d’une situation familiale, a commencé à régler les questions pressantes. Ruan. Edwards. Boum, on avait réglé, sur papier du moins, la catastrophe qu’étaient les latéraux la saison dernière. Mais encore là, pour certains, ce n’était pas très probant. Aujourd’hui, après trois coups de canon supplémentaires, les négativistes en chef du clan montréalais n’ont absolument plus rien à dire. On leur a fermé et verrouillé le clapet. À nous, donc, de profiter du silence qui règne en ce moment pour apprécier ensemble le fin exercice de renfort orchestré par Olivier Renard et Vassili Cremanzidis, soutenus, on le devine, par l’ouverture subite et inattendue du robinet financier de la famille Saputo.

Une, deux, gauche, droite, on avance avec Ruan et Edwards
Quiconque a regardé Montréal jouer en 2023 vous le dira : les latéraux n’étaient nulle part pendant la majeure partie de la saison. Non. C’est faux. Pendant toute la saison. Si Aaron Herrera était arrivé ici en créant des attentes, il n’aura cependant jamais répondu à celles-ci, restant coincé dans les « starting blocks » pendant toute l’année. Malgré quelques flashs intéressants, l’international guatémaltèque a tout simplement raté sa saison, plombée il faut le dire par des soucis physiques, et n’a finalement impressionné absolument personne. Passage rapide, typique de nombre de joueurs dont on a déjà oublié qu’ils ont porté le maillot bleu-blanc-noir. Arrive pour le remplacer un joueur d’expérience dont le nom est déjà gravé dans la mémoire collective des supporters montréalais, mais pour les mauvaises raisons. L’habile latéral brésilien, pourfendeur de Nacho Piatti, contribue déjà par son grand sourire lumineux et sa visible envie d’être là à changer les perceptions. D’ennemi public à chouchou? Le pas semble énorme, mais pourtant facilement franchissable. Sur le terrain, la capacité à fluidifier le jeu offensif semble bien là et s’inscrit peut-être mieux dans le projet que l’attitude moins fonceuse de son prédécesseur. Sur le flanc gauche, inutile de rappeler que c’était la porte tournante et que personne n’a réellement convaincu. Les prestations variant de correctes à inutiles borderline enrageantes de Choinière, Lassiter et Lappalainen devraient normalement être du passé avec l’embauche a la fois surprenante et stimulante de Raheem Edwards, de retour pour un second tour dans le manège montréalais. On s’en souvient comme d’un ailier offensif un peu gauche, désinvolte, parfois désintéressé. Or, il semble qu’Edwards ait trouvé une seconde vie comme latéral gauche en Californie. À Los Angeles, Edwards est devenu un élément utile, une valeur intéressante, presque sûre, même, au sein d’un effectif galactique pourtant plutôt éteint. Bref, Edwards, en version latérale et plus mature, participait clairement à l’activation du jeu du Galaxy. Si vous suivez mes « trois constats » de manière régulière, vous le savez, je répète plutôt souvent que c’est quand on court que l’on crée des choses. Edwards court, ce qui lui donne déjà l’avantage sur ses prédécesseurs. Tout ceci reste évidemment à confirmer sur le terrain, mais sur papier, Ruan et Edwards devraient normalement participer activement au jeu et animer les deux flancs, ce qui devrait combler une des principales lacunes du CF Montréal en 2023.

Des attaquants, en veux-tu, en v’là
On ne va pas se le cacher, quand Olivier Renard, lors du bilan de fin de saison, a mentionné que « le secteur offensif doit être retouché », on s’est tous dit que Montréal allait recruter un attaquant. Maintenant, qui serait-il? D’où viendrait-il? Qui serait cet incroyable Quioto des temps nouveaux? Vu le marasme qui régnait sous les cieux montréalais, on se disait que quelqu’un, quelque part en MLS, finirait probablement par lâcher un attaquant, lequel serait acquis à grands coups d’argent Monopoly League Soccer. Les plus braves osaient croire à un transfert entrant venu de contrées lointaines, moyennant de l’argent, du vrai cette fois-ci, et on va bien l’avouer, cela nous semblait être de la pure folie. Et puis, on a commencé à entendre parler d’un obscur, mais jovial, Uruguayen qui jouait en Argentine. Et puis, Renard a chargé son canon, puis tiré. Rechargé, tiré encore. Rechargé, puis tiré une troisième fois. La cible? Une couche de neige un peu bancale, là-haut, dans la montagne, que personne n’avait remarquée. Et nous avons tous été emportés par l’avalanche (parce que tu sais, quand les flocons s’unissent, ils créent un mur blanc impénétrable et tout ça, hein). Boum! Yankov! Boum! Coccaro! Whaaat? Martinez? Tu nous niaises? Ben non, Martinez! Boum! Olivier, tu ne rigolais pas quand tu parlais de retoucher le secteur offensif. Si tu veux, tu peux venir retoucher tout ce que tu veux en ville, où tu veux, quand tu veux. En fait, on devrait te mettre en charge du dossier du toit du stade olympique. Vision, sérieux, efficacité, un trio souvent absent chez nos décideurs politiques. Wow. Les émotions sont fortes, et on ne prétendra pas qu’on connaît assez Yankov et Coccaro pour analyser leur apport potentiel dans la troupe de Laurent Courtois, mais wow. Sur papier (rappelons-le), c’est très prometteur. Et Martinez, on pourrait vous en parler, mais le gars n’a pas besoin de présentation. Il a peut-être ralenti un peu, mais on est quand même loin du registre Offor-Ibrahim, disons-le comme ça, pour rester poli. Rester poli, oui, parce que ces « retouches » nous donnent envie d’exprimer notre enthousiasme à coups de sacres. De gros sacres imagés bien gras. C’est bon à ce point.

Bon, on ne va pas dire que le mercato n’est pas sans mauvais côtés évidemment. On a ramené Breza. Et aussi, mais surtout, un mercato aussi porteur et vivifiant, associé à un entraîneur débutant, ce n’est peut-être pas l’idéal. Parce que pour Laurent Courtois, la pression, si elle était presque nulle à sa nomination, tant la saison 2023 avait été pénible et que son prédécesseur avait laissé un goût amer dans la bouche de plusieurs, est désormais nettement plus palpable. En somme, on semble lui avoir donné les outils pour réussir. En fait, on semble lui avoir donné TOUS les outils, en MÊME TEMPS, pour réussir. Et au cœur de l’avalanche, les supporters roulent et déboulent tout sourire, heureux, confiants et seront forcément de plus en plus exigeants quant aux résultats. Les attentes étaient au plus bas, elles sont désormais au plus haut, et on semble oublier, dans le tumulte, que Laurent Courtois n’a en somme pas d’expérience au plus haut niveau. Le CF Montréal vers les sommets, prise 2? Sur papier, tout semble y être. Mais dans la réalité, il faut énormément de travail pour bâtir une équipe du niveau de celle qui nous a gâtés en 2022. Et ce travail ne fait que commencer. Au moins, la couche de neige a été dégagée et les sommets sont désormais accessibles.