Amy Pietrangelo : Une Québécoise au plus haut niveau du soccer féminin mondial

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Amy Pietrangelo est une des joueuses les plus talentueuses issues de notre province et elle rayonne à l’étranger depuis plusieurs années. Viau Park a profité de sa présence au Québec pour prendre de ses nouvelles.

En 2017, Pietrangelo a signé un contrat d’un an avec le FF USV Jena, un club de première division allemande, soit une des meilleures ligues de soccer professionnel féminin au monde. Comment s’est-elle rendue là? Son parcours ressemble pourtant à bien d’autres joueuses québécoises. La Lavalloise a fait ses débuts au soccer à l’âge de quatre ans. Très sportive, elle pratiquait aussi d’autres sports, tels que la gymnastique et la ringuette. Elle a ensuite fait partie de l’équipe régionale lavalloise puis des Équipes du Québec. Dès le troisième secondaire et ce jusqu’à sa première année de Cégep, elle s’est joint au Centre National de Haute Performance. Son parcours au Québec a culminé avec une médaille d’or au championnat canadien en 2009.

Ses performances sur le terrain lui ont amené des offres de quelques universités américaines. Malgré une déchirure au ligament croisé du genou, l’offre de certaines universités est restée sur la table et Pietrangelo a donc choisi l’Université Rutgers, au New Jersey. « Ça a toujours été mon rêve de jouer pour une université américaine, car la ligue est très forte et il y a beaucoup d’équipes. Et mon but a toujours été de jouer au meilleur niveau possible », affirme-t-elle.

Direction Europe
Après quatre ans au New Jersey, où elle a étudié la psychologie, quelques options se sont présentées à elle et elle a dû analyser ce qui était le mieux pour son ascension vers les pros. « Je ne me rappelle pas d’un moment de ma vie où je ne savais pas que je voulais être une joueuse professionnelle », admet-elle. Pietrangelo a donc traversé l’Atlantique pour se joindre à une équipe italienne. Six mois plus tard, elle quitte l’Italie pour un club de première division suisse, le FC Neunkirch. « J’ai toujours voulu évoluer dans un pays près de l’Allemagne pour que les clubs allemands me voient et entendent parler de moi », souligne-t-elle.

Un an et demi plus tard, elle se fait effectivement remarquer par un club allemand et signe un contrat d’un an avec le FF USV Jena. « J’avais appris à parler allemand en Suisse, alors ça a grandement facilité mes échanges avec mes coéquipières et je comprenais mon entraîneur. Je faisais la traduction pour les joueuses anglaises qui ne comprenaient pas! », lance-t-elle.

Pour Pietrangelo, son expérience en Allemagne a été très enrichissante. « Selon moi, c’est la meilleure ligue pour le soccer féminin. J’étais vraiment contente, c’était un rêve. J’ai joué contre les plus grandes équipes du soccer féminin, comme le Bayern Munich et le VfL Wolfsburg. »

« Nous avions une très belle équipe, ajoute-t-elle. On m’a donné un grand rôle au sein de l’équipe. Je ne jouais pas seulement dans une des plus grandes ligues, je jouais 90 minutes à chaque match. J’étais le numéro 10 de l’équipe et c’est toujours un honneur de porter ce numéro. Chaque jour, je devenais meilleure et j’apprenais quelque chose et ça me poussait à devenir la meilleure version de moi-même. En dehors du soccer, c’était super aussi, parce que l’Allemagne est un pays avec une culture très différente. »

Un chemin structuré
Si on lui demande de comparer le soccer féminin en Amérique du Nord à celui en Europe, Pietrangelo affirme que le chemin est beaucoup plus clair en Europe pour une jeune joueuse qui souhaite devenir pro. « Déjà à 8 ans, les filles sont dans des clubs qui ont des équipes professionnelles. Elles savent dès un jeune âge qu’elles peuvent jouer au niveau professionnel. Elles connaissent les étapes à passer. Aux États-Unis, les équipes professionnelles n’ont pas nécessairement d’équipes de jeunes. »

De plus, les choses diffèrent au niveau du marketing aussi. « C’est beaucoup plus gros! Les gens savent qu’il y a du soccer professionnel féminin. C’est très sérieux. On fait de l’argent, on peut même économiser un peu, c’est une bonne vie. Ce n’est pas comme les garçons, je ne suis pas riche! Certaines filles doivent avoir un autre emploi, selon les clubs. Mais moi, j’avais deux entraînements par jour et j’avais d’autres activités avec le club aussi, dans les écoles par exemple. Mes amies qui jouent aux États-Unis doivent absolument avoir un autre emploi. En Europe, tu vis vraiment la vie d’une joueuse de soccer. Les magazines et les journaux écrivent sur toi. Je me fais reconnaître dans la rue et les gens sont au courant de ta performance de la veille! », raconte-t-elle.

Le Canada
Parallèlement à son parcours en club, Amy Pietrangelo a également représenté le Canada sur la scène internationale. À 16 ans, elle a pris part à son premier camp avec l’équipe nationale senior, tout en évoluant avec la formation U-17 canadienne. Alors que le Canada se préparait pour la Coupe du monde féminine en 2011, sous les rênes de Carolina Morace, Pietrangelo a passé les quatre mois de préparation avec l’équipe, en Italie, mais n’a pas été retenue pour le tournoi final. « J’étais jeune, j’avais 16 ans, je savais que j’avais d’autres années à venir avec l’équipe canadienne. Puisque j’ai participé aux qualifications, mais jamais à la Coupe du monde, j’aimerais beaucoup jouer à la Coupe du monde avec l’équipe canadienne. Mais pour l’an prochain, ça va être difficile, en raison de ma blessure », dit celle qui a été nommée joueuse canadienne U-20 de l’année en 2011.

Au niveau local, elle se réjouit de la création de la PLSQ-F l’été dernier, d’autant plus que Monteuil y soit représenté. Elle a d’ailleurs assisté à deux matchs. « C’est une bonne étape pour les jeunes filles dans les clubs. Ça leur donne un but. Maintenant, il y a un niveau pour les filles qui veulent continuer de jouer sans partir du Canada. Quand j’étais jeune, je savais que je devais partir. J’étais prête. Mais pour beaucoup de joueuses, c’est difficile de partir. On n’est pas parties pendant seulement trois ou quatre mois, on part et on ne sait pas quand on revient, souvent dans un pays avec une langue étrangère. Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire », renchérit-elle.

En rémission
Lors de l’avant-dernier match de la saison en Allemagne, Pietrangelo s’est déchiré le ligament croisé du genou et cette fois, le cartilage a été touché, ce qui nécessite une plus longue période de réhabilitation. « C’est arrivé à un très mauvais moment, car je finissais mon contrat avec mon équipe et j’avais plusieurs offres intéressantes. J’ai été opérée il y a cinq mois et je regarde présentement avec mes agents pour signer en janvier ou en juin, selon l’évolution de ma guérison. » Pour l’instant, elle se concentre donc sur l’entraînement pour revenir au niveau qu’elle avait atteint avant sa blessure.

Pendant sa pause au Québec, elle en profite pour partager ses connaissances avec les joueurs d’ici, avec sa compagnie Entraînement Focus Training. Elle offre des sessions d’entraînement privé avec les jeunes, organisées à Sportira Cage, où elle apporte tout ce qu’elle a appris ailleurs aux jeunes d’ici.