Son passage dans la métropole québécoise fut bref, mais son ardeur au travail et sa personnalité radieuse ont profondément marqué l’esprit des supporters de l’époque. Masahiro Fukasawa, membre de l’Impact de Montréal en 2005 et 2006, vient d’annoncer sa retraite. À 40 ans, il était encore actif en tant que capitaine du Angkor Tiger FC, au Cambodge.
La carrière professionnelle de Masahiro Fukasawa s’amorce au milieu des années 1990. Ayant connu du succès dans les rangs scolaires, Fukasawa attire l’œil des recruteurs de Yokohama F. Marinos, pensionnaire de la toute récente J. League. Pour Fukasawa, au-delà de la chance de faire partie de la toute première ligue professionnelle de l’histoire du Japon, qui avait le vent dans les voiles à l’époque, c’était surtout une grande réalisation sur le plan personnel : « J’étais très heureux d’enfin devenir footballeur professionnel. C’était mon rêve depuis l’enfance. En plus, j’avais la chance de jouer avec des joueurs très connus au Japon! »
Toutefois, le milieu de terrain peine à faire sa place dans le noyau du club yokohamien. « La moitié des joueurs dans le onze de base étaient des internationaux, explique-t-il. Nous avions notamment des joueurs étrangers très réputés. C’était très agréable de pouvoir jouer et m’entraîner avec de grands joueurs comme Julio Salinas et Shunsuke Nakamura. »
En manque de temps de jeu, Fukasawa sera ciblé par Yokohama pour un éventuel prêt. Et quand le club trouve preneur en 1996, la destination a de quoi surprendre : le poids lourd argentin River Plate accueille le jeune milieu de terrain. « À l’époque, Yokohama entretenait de solides liens avec des clubs argentins, mentionne Fukasawa. On m’a envoyé là-bas pour que je gagne en expérience et pour faire de moi un vrai joueur professionnel. J’ai beaucoup joué avec la réserve et j’ai pu goûter au vrai football; le championnat argentin fait partie des championnats plus relevés au monde. On m’a très bien accueilli et ça a vraiment été une belle expérience pour un jeune de 19 ans. »
Malheureusement, de retour à Yokohama, la situation ne change guère pour Fukasawa. Après quelques saisons, Yokohama l’envoie de nouveau en prêt, cette fois à Tenerife, en seconde division espagnole. Peu utilisé, il remet le cap vers le Japon après six mois. C’est avec Albirex Niigata que Fukasawa trouvera enfin sa place, en J2, second palier fraîchement créé par la fédération japonaise. Le milieu de terrain participera notamment à la montée en J1 en 2003. Fin 2004, sans contrat, il entendra parler d’une possibilité… au Canada.
« J’ai rencontré un Japonais qui avait joué au soccer intérieur en Amérique du Nord et il m’a expliqué que les équipes de MLS et de USL tenaient parfois des essais ouverts. » Par hasard, cette année-là, le champion en titre de USL organise un camp de détection. Une inscription par Internet et un courriel (rédigé avec l’aide de Google Translate) plus tard, Masahiro Fukasawa est à bord d’un avion en direction de Montréal. « Je n’avais jamais vécu rien de tel auparavant. C’était à la fois intrigant et excitant. » Fukasawa convainc Nick De Santis, l’entraîneur à l’époque, et s’engage pour une saison à l’Impact. Il en jouera finalement deux. « Je n’en garde que d’excellents souvenirs, souligne Fukasawa. Mes coéquipiers étaient vraiment sympathiques. Nous avions des bagages très différents, mais nous étions en mesure de mettre tout ça en commun sur le terrain. C’était fabuleux. » La seule chose que regrette le principal intéressé est sa difficulté à communiquer son appréciation lors de son départ : « Je parlais très peu anglais à l’époque et j’étais en mesure de leur exprimer tout au plus 10 % de ce que je ressentais vraiment. Maintenant, les gars sont sur Facebook et je peux me rattraper! »
Pour Fukasawa, impossible d’envisager alors la fulgurante progression que le club vivrait après son départ. En 2008, le club inaugurait son propre stade, et trois ans plus tard, soit cinq ans après le départ de Fukasawa, il officialisait son passage en MLS. « Je ne pouvais pas imaginer à l’époque que ça prendrait autant d’ampleur, explique-t-il. Saviez-vous que les matchs de MLS sont diffusés au Cambodge? Au Japon, ce n’est pas le cas, mais en Asie du Sud-Est, oui. J’ai parfois eu l’occasion de regarder l’Impact jouer dans les dernières années! »
Après son passage à Montréal, Fukasawa s’est trouvé un club en Thaïlande, puis a parcouru l’Asie du Sud-Est, jouant notamment à Singapour, à Hong Kong, en Indonésie et au Cambodge, goûtant au passage à la Ligue des champions de l’AFC en 2009 avec le Singapore Armed Forces FC. Au terme de sa carrière, Masahiro Fukasawa aura joué dans quatre des six confédérations de la FIFA. Avoir eu la chance d’entrer en contact avec autant de styles et de philosophies de jeu a-t-il fait de Fukasawa un joueur plus complet? Le milieu de terrain japonais nous offre un point de vue résolument philosophique : « C’est très difficile de s’adapter sans perdre de vue ce qu’on fait de bien, mais on en vient à comprendre que c’est un exercice qui nous rend plus fort et plus sage. Le principe du jeu ne change jamais, mais la façon d’atteindre l’objectif ou de trouver la réponse change selon l’endroit, le moment, la personne et les circonstances. Et en plus, on change mentalement et physiquement. Personnellement, j’ai toujours tenté de trouver les bonnes réponses et je crois que ce n’est que maintenant que j’y suis parvenu. »
Maintenant qu’il a accroché ses crampons, Masahiro Fukasawa entend profiter d’un répit avant de planifier la suite des choses. « Je n’ai pas encore de plan concret pour l’avenir, mais le football sera probablement toujours présent dans ma vie. Je veux remercier l’Impact et la ville de Montréal. J’aimerais bien y retourner un de ces quatre. Je vous porterai toujours dans mon cœur! »