Souvenirs de l’an 1 de l’Impact

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Il y a 25 ans, l’Impact disputait la première saison de son histoire, dans l’American Professional Soccer League. Bien que l’équipe ait terminé au septième et dernier rang avec une fiche de 11-13, cette saison 1993 a quand même marqué les esprits pour des raisons positives.

C’est ainsi que la famille Saputo, en acceptant de lancer une nouvelle équipe professionnelle alors que le Supra de Montréal et la Ligue canadienne de soccer étaient à bout de souffle financièrement, a permis aux apôtres du soccer québécois de faire un nouvel acte de foi en l’avenir.

Au coeur de ce groupe d’apôtres, on retrouvait le noyau de joueurs locaux du Supra, qui avaient accepté de jouer sans salaire en 1989 et ensuite accepté d’être payés… en coupons de gaz Ultramar.

Fin renards, l’entraîneur-chef Eddie Firmani, le directeur général Pino Asaro et le président Joey Saputo ont décidé de tenir une partie du camp d’entraînement de 1993 en Italie, question de signifier aux joueurs que tout allait monter d’un cran – le niveau de jeu, mais aussi la qualité de l’encadrement.

Et un quart de siècle plus tard, c’est le voyage à Montecatini Terme, en Toscane, qui s’avère le souvenir le plus marquant de plusieurs joueurs que Rétrosoccer a contactés.

« Passer du temps avec les gars, les courses pour arriver au buffet en premier… La nourriture était tout simplement fantastique! », nous a indiqué l’ex-gardien de but Pat Harrington.

La dolce vita
« À l’époque, le magazine Québec Soccer m’avait demandé d’écrire un article à la suite du camp, que j’ai intitulé ‘La dolce vita’. Et c’était vraiment la dolce vita, a raconté Otmane Ibrir, qui était milieu de terrain. Tout le monde avait pris deux ou trois kilos ! Les gars font encore des blagues là-dessus aujourd’hui. Je me rappelle qu’on avait des assiettes avec de l’huile d’olive… il y avait vraiment du bon pain, sérieux ! On avait bien bouffé.

« On ne s’entraînait pas beaucoup… mais Eddie (Firmani) savait ce qu’il faisait. Il voulait créer une bonne première impression. »

« La famille Saputo a vite montré qu’elle prenait ça très au sérieux et a mis en place une atmosphère vraiment professionnelle », a de son côté souligné Harrington.

Pierre-Richard Thomas ne tarit pas d’éloge lui non plus quand il parle du camp en Italie, mais il se souvient aussi qu’il avait failli rater ce moment privilégié.

« Cet hiver-là, je gardais la forme comme je le pouvais et je me suis blessé au genou, a-t-il expliqué. Peu de temps après, on annonce une énième résurrection du foot pro à Montréal. Après avoir reçu un diagnostic initial de rupture des ligaments croisés, heureusement il n’en était rien et après deux mois de convalescence, je revenais au jeu assez tôt pour me garantir in extremis une place dans l’avion. Un séjour magnifique! »

Arrivées tardives
John Limniatis et Grant Needham ont toutefois raté le voyage en Italie parce qu’ils s’étaient amenés avec l’Impact seulement une fois la saison 1993 commencée.

Limniatis évoluait en Grèce. Quand il a vu le sérieux affiché par l’Impact, et l’intérêt des dirigeants à son endroit, il a décidé qu’il était temps de revenir au bercail. Ce qu’il a fait à l’issue de la saison 1992-93.

« Je voulais jouer pour ma ville, ce qui n’était pas nécessairement le cas quand c’était le Supra, a indiqué Limniatis. Je me souviens que mon premier match avait été à Fort Lauderdale. Le calibre de jeu n’était évidemment pas le même qu’en Grèce, l’intensité et la passion de la foule non plus, mais j’étais content de revenir. »

Needham avait amorcé la saison à Toronto avec le Blizzard, mais l’Impact l’a rapatrié au moyen d’une transaction impliquant le défenseur ontarien Dino Lopez.

« Je jouais à Toronto parce que j’étais incertain à propos de la concession à Montréal, a indiqué Needham. Mais Dino a demandé une transaction parce qu’il n’était pas heureux à Montréal et moi, je n’étais pas heureux à Toronto. Entre-temps, j’avais discuté avec les gars à Montréal, ils me disaient que c’était fantastique (à l’Impact). J’ai donc voulu que l’échange se fasse moi aussi. »

La confiance d’Eddie

Marco Rizi et Lloyd Barker se souviennent de la saison 1993 en raison de la confiance que Firmani a rapidement témoignée à leur égard.

« Il m’avait choisi pour être le premier capitaine dans l’histoire du club, s’est souvenu Rizi. Il m’avait amené à part du groupe et m’avait dit qu’il allait me nommer capitaine. J’étais encore relativement jeune à l’époque (24 ans). Ç’a duré juste un an parce que Patrice Ferri est devenu le capitaine (en 1994), mais c’était un honneur et c’est avec beaucoup d’humilité que j’ai accepté cette opportunité de jouer un rôle de meneur au sein de l’équipe. »

Barker, dont la carrière s’était déroulée ailleurs qu’à Montréal jusque-là, a su que l’Impact tenait des entraînements ouverts. Il a décidé de s’y présenter.

« Je me souviens d’avoir marché vers la terrible surface synthétique du Centre Claude-Robillard, celle qui était à côté du terrain principal. J’y ai rencontré Mike Moretto (le gérant d’équipe), qui est ensuite devenu un ami pour la vie. J’étais en retard pour la première séance – tellement typique de ma part! – alors je suis resté pour la deuxième séance. J’ai posé quelques questions à Mike, notamment combien de joueurs étaient attendus…

« Quand Mike m’a dit qu’il y aurait près 200 joueurs, je me suis dit que j’avais du pain sur la planche, a ajouté Barker. Puis, la deuxième séance a commencé. Après 15 minutes, Eddie m’a fait signe de venir à lui. Il m’a dit, ‘J’en ai assez vu. Va voir ce gars-là (Mike Moretto). J’espère que ton passeport est en ordre parce que tu viens en Italie avec nous’.

« C’est là que tout a commencé pour moi », a souligné Barker, qui est maintenant bien installé à Montréal… tout comme l’Impact.