Le soccer féminin, toujours en déficit de professionnalisme

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Pour atteindre les sommets les plus hauts, il faut d’abord se pratiquer sur les plus petits. On a pu observer il y a quelques semaines des athlètes d’exception lutter, dans des conditions difficiles, pour se dépasser, et atteindre l’excellence. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour tout le travail et toutes les épreuves qui ont été vécues en amont.

L’équipe nationale féminine de soccer qui a ramené l’or de Tokyo est un excellent exemple de dépassement. Loin d’être favorites, les femmes représentant le Canada ont trouvé le moyen de battre toutes leurs adversaires sur les terrains nippons. Mais plus encore, si on regarde en amont, elles doivent quotidiennement se battre pour pratiquer leur sport dans un contexte où, à chaque fois, elles sont désavantagées par le système. Toutes expatriées hors du pays, elles sont à risque d’être mise de côté par les quotas maximaux de joueurs étrangers propres à chaque championnat professionnel.

Alors que le week-end dernier, les meilleures joueuses du Québec s’affrontaient lors de la toute première édition féminine de la coupe PLSQ, un constat me venait en tête. Les femmes méritent mieux. Pas que la PLSQ soit mauvaise, loin de là. On y a vu de belles actions dans des matchs chaudement disputés, et l’AS Blainville, vainqueur de la compétition est une belle équipe et une organisation qu’on sait sérieuse. Sauf que dans un monde idéal, la PLSQ, du côté féminin, devrait être un circuit de développement vers quelque chose de mieux.

Ce week-end lors de la coupe PLSQ, les amateurs ont pu voir à l’oeuvre deux anciennes joueuses de la première division française, Valérie Sanderson avec l’AS Blainville et Arielle Roy Petitclerc avec Beauport. Ils ont aussi pu voir une ancienne joueuse de l’équipe nationale et de la première division allemande avec Monteuil, Amy Pietrangelo, qui a foulé les terrains cette année après avoir subi une grave blessure au genou dans le passé.

Dans un monde idéal, de telles joueuses auraient eu un endroit où rebondir après leur départ d’Europe. Dans un monde idéal, les jeunes joueuses d’ici auraient un débouché pour débuter une carrière professionnelle. Mais nous n’avons rien de tout cela. Pas d’équivalent de la MLS pour les femmes, ni d’équivalent de la CPL. En fait, quand on regarde les succès de l’équipe nationale féminine, on se dit que c’est en dépit des conditions exécrables auxquelles elle font face qu’elles ont atteint le sommet. Elles ont beaucoup de mérite, mais ce n’est pas une raison pour ne pas changer les choses.

Que ce soit une ligue canadienne, ou une équipe dans un circuit américain, on est rendu, au niveau sportif, au moment où une action doit être entreprise, quelle qu’elle soit. D’ailleurs, vous pouvez mettre l’épaule à la roue. Autant les cotes d’écoutes de la finale olympique peuvent servir à montrer qu’il y a de l’intérêt, autant d’aller voir des matchs de la PLSQ féminine peut servir à envoyer le même genre de message. De la même façon, il faut parler de nos joueuses d’ici sur les réseaux sociaux. C’est seulement en montrant qu’en plus du talent sur le terrain, il y a de l’intérêt pour le produit que la situation s’améliorera. La PLSQ est une bonne option pour ce faire. En fait, du côté féminin, c’est pratiquement la seule option, on serait fou de la bouder, et qui sait, peut-être qu’à l’image des médaillées olympiques Évelyne Viens et Gabrielle Carle, toutes deux anciennes de la PLSQ, d’autres joueuses de la ligue pourront remporter les grands honneurs.