Tel le chauffage d’une Tercel 1992, le CF Montréal a pris un certain temps avant d’atteindre son niveau de fonctionnement optimal contre les Red Bulls au stade Saputo. Au début, il ne se passait rien, puis on s’est dit que ça y était, mais non, ça soufflait toujours froid. Et puis, lentement mais sûrement, ça s’est mis à chauffer, de plus en plus, jusqu’à finir par sentir le roussi. Heureusement, nous étions arrivés à destination. Trois penaltys et trois constats.
1) Victor avait mangé ses spaghettis
Dès l’entame du match, c’est Victor Wanyama qui a animé le spectacle. Et au terme du match, c’était lui qui avait clos les débats. Mais sur le plan individuel, des débats il n’y en a pas eu. L’ancien de Tottenham était seul sur le terrain. C’était Wanyama et 21 acteurs de soutien. Protection de balle d’une autre dimension, vision du jeu extraterrestre, petits ponts, sombreros, la panoplie était complète. Wanyama nous a probablement offert son meilleur match à vie sous le maillot montréalais. S’il continue d’afficher ce niveau, il est fort possible que plusieurs clubs cognent à la porte d’Olivier Renard cet hiver. Je l’ai déjà dit et je le répète : un joueur de ce niveau à cette position est essentiel pour asseoir les bases du système de jeu employé actuellement par le CF Montréal. Wanyama n’est pas juste un milieu de terrain, c’est le patron. Du milieu de terrain et plus encore.
2) Breza doit faire mieux
Sebastian Breza nous avait laissés dans le doute après le dernier match. Et bien qu’il ait été l’auteur de quelques sorties aériennes fort réussies et vraiment pas faciles, le portier québécois n’a pas encore une fois offert une performance qui permet de le placer au niveau de ses deux autres comparses. Entre prises de balle ratées, déplacements difficiles et positionnement douteux, Sebastian Breza inquiète. Aussi, son positionnement très, mais vraiment très haut sur le terrain quand son équipe est enfoncée loin dans la moitié adverse fait peur et on imagine que les entraîneurs lui parleront pour régler ce petit détail qui pourrait s’avérer coûteux. Un gardien ne peut pas être à 35 m de sa cage quand le gardien adverse dégage au pied. C’est une faute professionnelle.
3) L’équipe a affiché une belle détermination
Malgré une première mi-temps plutôt mauvaise offensivement parlant et quelques ratés incompréhensibles devant le but adverse, Montréal n’a pas paniqué. En fait, on a vu l’équipe monter lentement en puissance et gagner en confiance. La hargne démontrée pour se lancer à l’assaut de la surface adverse en vagues successives en seconde mi-temps aura sûrement fait plaisir à Wilfried Nancy, qui désirait voir « des chiens » sur le terrain. Ses joueurs ont bien reçu le message. On a pu voir beaucoup de vigueur dans les duels et une profonde détermination à gagner. Le match nul n’était pas une option et personne ne s’est caché; tous voulaient le ballon. C’était beau à voir.
À noter que les substituts ont apporté beaucoup de dynamisme. Ibrahim, auteur du but égalisateur évidemment, mais aussi Johnsen et Kizza, bien impliqués dans la circulation du ballon et la construction offensive. C’est d’ailleurs Johnsen qui est à la conclusion du mouvement créant le penalty. Bref, des changements gagnants qui révèlent l’esprit de corps qui régnait ce soir-là. Le genre d’esprit de corps qui peut faire des miracles. En séries, notamment.
Bref, c’était une soirée fort divertissante dont la finale dramatique restera dans les annales. Parlant de drame, il convient de relativiser le tacle raté de Struna dans la surface. Non, Struna n’est pas un mauvais défenseur qu’on doit jeter à tout prix. Après 19 matchs, il serait peut-être avisé de cesser de prendre son tout premier match sous les couleurs montréalaises comme base de référence. Struna apporte beaucoup de stabilité à la ligne arrière et son jeu de tête aide beaucoup sur les phases arrêtées.
Les phases arrêtées? Tiens, ça faisait un moment qu’on n’en avait pas parlé…
Allez, direction Cincinnati pour affronter la bête noire dans son nouvel antre avant une petite visite à Philadelphie. Semaine compliquée.