Nacho prenait toujours une touche de trop

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Les défenses de MLS sont heureuses : le grand Nacho s’en est retourné chez lui. Il conclut son passage en nos terres avec l’impressionnant total de 79 buts, faisant trembler les cordages à deux occasions de plus que le légendaire Mauro Biello, qui détenait le record d’équipe depuis des temps immémoriaux. Hommage.

Arrivé à Montréal en 2014, après un long processus de transfert un peu nébuleux, plombé de rumeurs folles et de supputations, Nacho a planté sa tente à Montréal non sans avoir au préalable placé son pied dans sa bouche. Ayant mentionné qu’il aimerait bien un jour « jouer à New York ou à Miami », la nouvelle recrue de l’Impact était montée sur la pelouse du stade Saputo devant une foule pleine de doutes. Clairement, cette déclaration était la première touche de trop pour Nacho.

Deux semaines plus tard, au stade Saputo, contre Columbus, l’énigmatique Nacho sautait sur un ballon abandonné, détalait vers le but adverse et, ignorant les grands gestes d’un Di Vaio esseulé à l’entrée de la surface, envoyait trois défenseurs adverses dans les pâquerettes d’un crochet du droit, avant de fusiller le gardien du gauche. À l’époque, on ne savait pas. Et donc, dans nos têtes, la séquence allait un peu comme suit : « Oh le contre… vas-y, plus vite… Di Vaio! Mais qu’est-ce qu’il… Mais non! Mais… BUUUUUUUUT! » Nacho, c’était ça. La touche de trop, tout le temps. Celle que personne ne doit faire. Sauf lui.

Cette touche de trop, on l’a vue se transformer en or… mais aussi en purée de maïs. Maintes fois, on a vu Nacho finir assis par terre dans le rectangle, pendant que l’équipe adverse repartait avec le ballon. Mais chaque fois, on rêvait. Nacho s’approchait, balle au pied et maintenant qu’on savait, on se foutait pas mal de qui était démarqué. Un crochet, un autre crochet, un petit pont, un autre crochet. Nos yeux étaient rivés sur Nacho. On savourait chaque moment de ce tango endiablé qu’il dansait avec le défenseur, mais surtout avec lui-même, un peu comme le matador se sert du taureau pour se donner en spectacle.

Et du spectacle, qu’est-ce qu’on en a eu! Y a-t-il eu un joueur plus excitant à regarder que Nacho dans l’histoire de l’Impact? Drogba, c’était un monstre, mais ce n’était pas pareil. Drogba, c’était du muscle, de la hargne, un coup de poing. Nacho, c’était de l’art. Un tableau peint avec minutie, peaufiné dans les moindres détails pour en faire un chef-d’œuvre. Avec une touche de trop.

Nacho nous a emmenés avec lui, partout. On le suivait, sans trop savoir où il allait aboutir, mais on était derrière lui. On le croyait. À New York, à Los Angeles, à Toronto comme au Azteca, nous, on savait. On savait qu’il était capable. On ne savait pas comment il le ferait, mais on était sûrs qu’il le ferait. Malheureusement, un homme seul ne peut pas tout faire. Au moins, Nacho aura pu remporter un titre, et sur le terrain de l’ennemi en plus.

Et puis, c’est arrivé. Après un long processus de transfert un peu nébuleux, plombé de rumeurs folles et de supputations, Nacho a quitté Montréal non sans avoir au préalable placé son pied dans sa bouche. Ou plutôt en ne disant rien, lors de ce bilan médiatique un peu surréel, sans le grand Nacho, suivi de plusieurs mois d’incertitude. Clairement, cette situation épineuse était la dernière touche de trop de Nacho.

Allez, salut Nacho. Merci pour ces années de bonheur, de rêves et de touches de trop. Vas-y, rejoins ton clan. Termine en beauté ce parcours qui est le tien. Et n’oublie jamais que tu seras toujours le bienvenu ici, chez nous, chez toi.