Montréal-New York : Trois constats sur l’Impact

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Tranche de vie. À une autre époque, il m’arrivait fréquemment de prendre la route avec une bande de joyeux lurons pour aller supporter l’Impact en déplacement. À Toronto ou ailleurs. En voiture d’abord, puis un jour les lurons étaient suffisamment nombreux pour y aller en bus. Vous pouvez imaginer que ce ne sont pas tous les chauffeurs de bus qui étaient prêts à une déferlante de chants, de bière (eh oui, même tôt le matin), de blagues pourries et de constant « niaisage », résolument trop vocal, pendant six heures de route. Au retour, la nuit, certains chauffeurs, que l’on devine excédés par le trajet aller, avaient développé un truc pour nous calmer : ils mettaient le chauffage au maximum pour endormir tout le monde. Parce que la chaleur, ça alourdit, ça englue, et un moment donné, si on ne se secoue pas un peu, ça endort. Et on l’a bien vu sur le terrain du stade Saputo, quand le CF Montréal, petit à petit, a commencé à fermer les yeux, avant de succomber au sommeil, puis de se réveiller après avoir encaissé deux buts. Comme quoi un Red Bull ne tient pas nécessairement éveillé. Un endormissement et trois constats.

1) Laurent Courtois a tenté des choses intéressantes
Alvarez au milieu de la défense, Duke à côté de Saliba; Laurent Courtois avait sorti la boîte à surprises pour ce match face à New York. Si la première surprise n’en était avec le recul pas nécessairement une, étant donné que Waterman (en équipe nationale) et Campbell (suspendu) étaient absents et que le seul des trois défenseurs centraux apte à jouer à droite était Corbo, la logique a été respectée. Par contre, pour Duke aligné en milieu défensif, là, on nageait en pleine expérimentation. Et force est de constater que ce choix n’était pas dénué de sens. Grâce à la qualité technique de Duke, mais aussi à celle de Saliba, Laurent Courtois s’assurait de compter sur des joueurs qui pourraient contrer le pressing habituel de l’équipe new yorkaise par leur vivacité, en distribuant rapidement le ballon pour prendre à contre-pied les joueurs adverses. Et ça a plutôt bien fonctionné, principalement en première période. Ensuite, c’est devenu plus difficile, comme pour tout le groupe. Cela dit, Duke est resté sur le terrain jusqu’à la fin du match, et n’a, sans pour autant se démarquer outre mesure, jamais vraiment semblé dépassé par les événements. Un outil de plus dans la ceinture du contremaître Courtois? Probablement.

2) Montréal a manqué d’intensité en seconde période
En avance 2-0, on s’attendait à plus de l’Impact au retour du vestiaire. Malheureusement, alors qu’une stratégie proactive axée sur la possession aurait été plus adaptée à la situation, on a plutôt vu Montréal laisser jouer et tenter, plus mal que bien, de protéger son avance. On semblait toutefois avoir oublié que New York, c’était la quatrième équipe au classement, une des bonnes formations de l’est, qui d’ordinaire joue avec rythme et intensité. Ainsi, lentement, mais sûrement, on a vu Montréal ralentir, puis s’endormir, tandis que New York adoptait la tendance inverse et se faisait de plus en plus pressant dans les parages de Jonathan Sirois. Les remplacements n’auront finalement rien amené, Lappalainen et Martinez étant transparents, Wanyama et Iankov atroces. Seul Coccaro aura, fidèle à son habitude, amené un peu de folie et de suspense, mais sans être particulièrement efficace. Avec des titulaires qui dépérissent et des remplaçants qui n’amènent pratiquement rien, difficile de rester debout. New York a gagné du terrain, remporté les duels et, ultimement, récupéré un point. Triste.

3) Victor Wanyama n’en a plus rien à battre
Parlant de tristesse, ça faisait un peu mal au cœur de voir Victor Wanyama refuser le brassard de capitaine que lui a remis Nathan Saliba (auteur d’un bon match) à sa sortie. Le Kényan s’est empressé d’aller le refiler à Josef Martinez, sans succès, puis semblait chercher désespérément quelqu’un qui en voudrait. Jouant avec l’accessoire non désiré dans la main, avant de brièvement commencer à le mettre puis l’enlever aussitôt, Wanyama finira par le remettre à Jonathan Sirois lors de la pause hydratation subséquente, quelques minutes plus tard. Cet épisode en dit long sur l’implication de Victor Wanyama, qui semble clairement ne plus vouloir être à Montréal. Si son attitude sur le terrain restait jusqu’à récemment exemplaire, d’importants signaux de fumée ont commencé à poindre lors du match contre Salt Lake, où Wanyama ne semblait pas trop investi dans les duels. Encore cette fois, sa totale inaction sur le but égalisateur trahit que le bon Victor n’en a plus rien à battre, et ne risquera certainement une blessure grave pour un club qui ne lui a pas exactement démontré depuis quelque temps le respect auquel il aurait dû avoir droit. Espérons, pour tout le monde, un départ rapide et sans accrochages pour un homme qui aura rendu de fiers services à notre club.

Bref, l’Impact a joué comme ses supporters le suivent sur la route : d’abord confiant, plein d’énergie et intenable, puis amorphe, éméché et endormi. Quelques-uns ont réussi à rester éveillés, d’autres se sont endormis, et certains avaient juste hâte que ça finisse. Dans l’ensemble, ça manquait de vivacité, d’enthousiasme et d’instinct de tueur. Il est un peu dommage de voir que cette équipe n’a pas, quelle que soit la raison, défendu bec et ongles son terrain, son stade et sa ville. Le choix d’une stratégie passive axée sur la protection de la surface n’explique pas le manque d’intensité affiché en seconde période. Mais le choix est discutable, quand on sait que « stationner le bus » est un art qui se perd, pour la simple et bonne raison que ça ne marche pratiquement jamais contre les bonnes équipes. À plus forte raison quand on y fait monter des gens qui ont surtout envie d’en descendre.

Direction Colorado samedi soir pour la suite des aventures. En avion, pas en bus.