Montréal-Forge FC : Trois constats sur l’Impact

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Il y a de ces matchs qui vous coupent l’inspiration. Des performances si énigmatiquement mauvaises qu’on ne sait plus trop comment en parler. Des spectacles si navrants qu’ils en éliminent votre vocabulaire. L’homme croisé devant l’entrée du stade qui disait à un supporter que c’était normal qu’il n’y ait pas beaucoup de monde autour du stade, parce que c’était un « match hors-concours » avait en fait raison dans son erreur. C’était un match dont personne sur le terrain, sauf l’équipe venue d’Hamilton, ne semblait se soucier. Par excès de confiance ou pour autre chose? Ce ne serait pas la première fois qu’on nous bassine avec l’importance du championnat canadien, mais que les bottines ne suivent ensuite pas les babines. Car on devine que, parfois, cette compétition peut vite représenter une épine dans le pied. Si par exemple, elle vous empêche de vous concentrer sur vos performances en MLS, lesquelles marquent un déclin prononcé. Ou à plus forte raison si, par exemple, vous n’avez nulle part où jouer en février en cas de triomphe. Ou, les deux, hein? Un match raté et trois constats.

1) On n’a rien vu
Alors que les romantiques (ou les naïfs, selon le point de vue) voyaient en ce match une belle occasion de tirer un trait sur la récente méforme et de relancer la machine, les pendules ont rapidement été remises à l’heure. L’Impact s’est présenté sur son terrain, face à un club de CPL, dans sa forme actuelle, qui s’apparente à celle d’une équipe semi-professionnelle en préparation pour sa saison estivale. Jeu lent, duels à moitié joués, motivation peu apparente, certains joueurs en test qui ne réussiront visiblement pas à percer l’alignement. Deux buts débiles plus tard, on n’avait toujours rien vu de la part des hommes de Laurent Courtois. La grinta? L’Orangina sur une terrasse, plutôt. Finalement, orage oblige, il aura fallu attendre trois heures après le coup d’envoi pour enfin voir les locaux se mettre à jouer. Et si certains y voient du positif, il convient de rappeler que ce qu’on a vu en seconde période était à toutes fins pratiques le minimum attendu. Bref, on n’a rien vu. Encore.

2) On n’a rien entendu
Pour ajouter à la forme d’équipe semi-professionnelle en préparation, la foule constituée de 67 spectateurs (et encore moins en seconde période) a accentué l’impression d’assister à un match « hors-concours » comme le disait notre sympathique inconnu de l’introduction. Qui plus est, les groupes de supporters avaient décidé de protester les récentes prestations insultantes de leurs de moins en moins bien-aimés en demeurant silencieux pendant la première période. Ainsi, en plus de n’avoir rien vu, on n’a rien entendu. Ambiance zéro, spectacle zéro, puis service en mode « minimum requis » en seconde période, autant sur le terrain que dans les tribunes. Un dialogue plutôt animé a été ouvert entre l’équipe (joueurs et staff) et le Collectif, directement sur le terrain après le match. Gageons que les échanges ne régleront pas grand-chose à moyen terme. À court terme, peut-être, mais les problèmes sont profonds.

3) On n’a plus rien à dire
Franchement, il ne reste plus rien à dire qui n’a pas déjà été dit. Et répété, en plus. Cette équipe est en ce moment en train de tourner en rond. En fait, elle tourne en rond depuis si longtemps qu’une ornière est en train de se creuser sous ses pieds. Et rapidement en plus, puisqu’elle traîne les pieds. La friction effrite le sol et Montréal s’enfonce, de plus en plus chaque semaine. La spirale descendante est bien amorcée et il faudra travailler fort pour inverser la tendance. Même donner une claque à Nashville samedi, pour faire plaisir aux supporters, risque de ne pas permettre de redresser la barre à moyen terme. Montréal défend comme une équipe de Timbits, Montréal attaque comme une équipe de Ligue1QC (et moins bien que Saint-Laurent). Montréal joue bien, parfois, mais trop peu souvent. Et même si cela démontre que le groupe a des qualités, c’est trop rare pour prétendre que le CF Montréal pourra se sortir des sales draps dans lesquels il est actuellement enroulé.

De son propre aveu, Laurent Courtois ne semble pas « comprendre » ce qui se passe. Qui plus est, il semble totalement dépassé, comme en fait foi la seconde période contre Forge FC, durant laquelle on a pu voir un peu tout le monde (même Joel Waterman) se lever du banc pour coacher, tandis que Laurent Courtois, lui, était assis à l’extrême droite de l’abri, loin de son staff, en mode plus observateur désemparé que participant actif. Embaucher un entraîneur débutant, c’est aussi courir le risque de le voir perdre les pédales en situation difficile. C’est pourquoi il est toujours avisé de l’associer à quelqu’un qui a du vécu sur le banc de touche au plus haut niveau. Or, le membre du staff le plus expérimenté en la matière est Laurent Ciman, qui peut compter ses années en tant qu’adjoint sur les doigts d’une main. Mais terminons sur une note positive, car oui, il y en a toujours au moins une si on cherche profondément sous la pile de fumier. Dans le football, tout va très vite. Ce qui est vrai aujourd’hui pourrait très bien ne plus l’être demain. On n’est jamais à l’abri d’un coup de tonnerre qui réveille tout le monde. On ne sait jamais quand quelqu’un va dire LA bonne chose au bon moment. On ne sait jamais quand le prochain leader va se lever. On ne sait pas non plus quand la chance va tourner. On ne sait pas quand l’entraîneur va trouver la combinaison gagnante. Pour survivre aussi longtemps que tu l’as fait dans le contexte du foot montréalais, supporter, tu le sais très bien : l’espoir fait vivre.

Nashville samedi soir, espoir.