NYRB-Montréal : Trois constats sur l’Impact

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Il y a des jours comme ça, où on n’a pas la pêche. Notre esprit n’est pas vif, on réagit toujours un peu en retard. On est aux fraises. On dirait que la vie va trop vite pour nous et on se retrouve toujours un peu plus dans la réaction que dans l’anticipation. On n’a pas vraiment le réflexe d’appuyer sur le champignon quand il le faut. Ou alors, on n’en a pas la force. Sans pour autant risquer de tomber dans les pommes, on se sent un peu étourdi, dépassé. Bref, on n’est pas là. On est un peu dans le champ, quoi. Ça ne tourne pas rond et à force, on peut finir par en avoir gros sur la patate. Bref, parfois, ça ne va pas. Comme Montréal au New Jersey. C’était poussif, un peu comme la présente introduction. Une deuxième défaite de suite et trois constats.

1) Montréal a trop perdu de duels
C’est un peu l’histoire de ce match. Pendant de longues périodes, c’était franchement trop facile de bousculer les Montréalais. On aurait dit que plus personne ne savait comment faire pour mettre son corps entre l’adversaire et le ballon, faire écran en se campant sur ses appuis, résister aux assauts et donner un petit coup d’épaule pour se donner une marge de manœuvre. Montréal avait perdu de vue toutes les techniques de base connues du footballeur moyen pour éviter de se faire marcher dessus. Parce que c’était un peu ça, surtout en première période. Montréal se faisait marcher dessus, trop souvent, trop facilement. Ça manquait de solidité, de robustesse, et parfois, d’application.

2) Ça manquait d’intensité
Ce constat se conjugue parfaitement avec le précédent. Montréal ne gagnait pas ses duels, mais manquait aussi d’intensité dans toutes les autres phases de jeu. Autant défensivement qu’offensivement, en transition offensive ou défensive, ça jouait trop « léger ». Le jeu montréalais était trop gentil pour espérer renverser les locaux, dont la fiche défensive des dernières semaines avait de quoi impressionner. L’Impact était trop souvent deuxième au ballon et souvent absent sur les deuxièmes ballons aussi. Bref, le creux de vague ressenti à Cincinnati après l’intense semaine de deux matchs contre Toronto était plus profond qu’anticipé. En fait, on peut maintenant dire que ce creux de vague a fait boire la tasse au CF Montréal. Montréal suffoquait, tournait au ralenti, et c’est dommage, car il y avait de la place pour faire mieux. On aurait aimé des tacles appuyés, des passes incisives, plus de rapidité d’exécution, plus de pressing, des coups d’épaule. Il n’en fut rien, sauf peut-être pour Rudy Camacho, qui n’a qu’un seul mode, celui de guerrier, enclenché match après match, avec les hauts et les bas que cela implique.

3) Montréal n’a pas suffisamment joué sur les flancs
Durant la récente séquence positive du CF Montréal, on a pu voir l’équipe développer son jeu offensif en passant par les flancs, de manière plutôt efficace, surtout du côté droit. Or, au New Jersey, Montréal a très peu joué avec ses latéraux. De fait, on n’a pratiquement pas vu Aaron Herrera et Ariel Lassiter en première mi-temps, et il aura fallu attendre le milieu de la seconde période pour enfin voir un peu d’action sur les flancs, principalement du côté de Lappalainen, repositionné en latéral gauche après la sortie de Lassiter à la pause. Lors des quelques bonnes séquences d’animation offensive montréalaise, on a pu voir le retour de la belle circulation de balle des dernières semaines, avec des appels et des incursions de Lappalainen et de Herrera. Mais c’était, comme on l’a expliqué au point précédent, trop timide. Pourtant, à quelques reprises, la défense des locaux a été mise à mal par l’un ou l’autre débordement, ce qui démontrait que l’adversaire était prenable. Malheureusement, Montréal, à plat, n’a pas su soutenir le tempo.

Bref, Montréal était amorphe. Dans toutes les sphères. La fatigue mentale était palpable, bien plus que la fatigue physique. On ne réfléchissait plus, on agissait, souvent en retard, souvent par nécessité. On était dans la réaction plus que dans l’anticipation. Ça sentait fort le besoin de congé, oui. Mais ça sentait aussi et de plus en plus le besoin d’un attaquant qui n’aurait pas la lourdeur et la lenteur d’un Airbus A380 en train de manœuvrer pour se positionner à sa porte d’embarquement. Car il faudra éventuellement en parler, de Chinonso Offor et de sa première (et deuxième) touche aussi lourde qu’une éléphante sur le point de mettre bas. Il est grand, athlétique, et c’est bien, parce que ça fait une belle cible à tenter de rejoindre pour progresser rapidement dans la verticalité, mais si 80 % du temps, le ballon rebondit sur lui comme une balle de golf sur un mur de brique, il va falloir soit trouver quelqu’un qui sait contrôler le ballon, soit changer les façons de faire. Pour le moment, cette façon de faire joue trop souvent contre l’équipe qu’en sa faveur.

Retour à la maison et changement de compétition. On connaît déjà les miracles que ça peut faire. Forge, au stade Saputo, pour une place en finale du championnat canadien, mercredi. Allez.