Toronto-Montréal : Trois constats sur l’Impact

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Na na na na, hey hey, goodbye. On est chez nous. Sing when you’re winning. On n’entend pas chanter les Torontois. Et bien d’autres classiques de la chanson de stade. Voilà ce que nous inspire cette victoire méritée du onze montréalais sur les rives du lac Ontario. Parce que oui, elle était inspirante celle-là. Si quelques langues avaient osé prétendre que Losada n’en avait rien à cirer de cette coupe en voyant le onze de départ pourtant logique pour ce match en semaine, ces mêmes esprits libres n’auront pu que constater la ferveur avec laquelle l’entraîneur montréalais a lui aussi participé à cette rencontre. Parce qu’il était bien dedans, Hernan. À l’image de ses joueurs, sérieux, concentrés, fiers, beaux et conquérants. Le Tout-Montréal était investi et dédié et a fourni un match référence, parmi les plus mémorables de son existence post-D2. Un billet pour la demi-finale et trois constats.

1) Rudy Camacho mérite un jus et un biscuit
Wow. Difficile de trouver les mots pour décrire la réaction chimique qui a eu lieu entre les jambes de Rudy Camacho et le terrain du BMO Field. Bon, on avait remarqué que le d’ordinaire défenseur central montréalais avait retrouvé ses marques et son bon sens depuis quelques matchs, mais on ne croyait pas, en le voyant aligné comme milieu défensif, qu’il allait éventrer le Toronto FC et repeindre la ville avec ses entrailles. Et pourtant. Rudy Camacho, un peu prudent en début de match, comme ses coéquipiers (une directive de l’entraîneur?), a subitement déployé ses ailes et survolé tout le monde. À gauche, à droite, au milieu, devant, derrière, du gauche, du droit, Rudy Camacho était partout, tout le temps et réussissait tout, tout le temps. C’est bien simple, il nous a fait oublier à la fois Victor Wanyama et Samuel Piette. Donnez à cet homme un jus et un biscuit. Parce que Camacho a donné de son sang pour ce club et cette ville, et dans une position qui n’est pas la sienne en plus. Récupérons le maillot qu’il portait et exposons-le au stade.

2) Joel Waterman a été grandiose
L’homme issu de la CPL n’était pas en reste. Si Rudy Camacho éventrait Toronto, Joel Waterman, lui, nettoyait le plancher avec le maillot de Bernardeschi pour éviter que Lappalainen, Sirois et Campbell ne glissent sur quelconque restant d’organe et se fassent mal. Qui plus est, il le faisait d’une main, en sirotant un espresso de l’autre. Franchement, Waterman a été grandiose, surtout en seconde mi-temps. Absolument rien ne passait à travers la muraille de l’Ouest canadien. Bon, d’accord, il y a eu un penalty non sifflé. Mais qu’importe. Waterman a élevé son jeu d’un cran, voire de deux crans, et a totalement anéanti l’offensive adverse. Et en plus, il s’améliorait tout au long du match. Une montée en puissance qui lui donnera certainement confiance pour la suite de ses aventures. Et ça, ça nous rend heureux. Parce que franchement, on s’ennuyait un peu de ce Waterman-là.

3) La circulation du ballon était par moments fort impressionnante
Imaginez. Vous jouez à Toronto, vous menez 1-2, Toronto met la pression. Et puis vous récupérez la balle et enfilez 789 102 passes devant un adversaire pantois, qui n’a absolument aucun contre-argument à offrir. Ce scénario sorti d’un rêve est arrivé lors de ce quart de finale. Et c’est aussi arrivé en première mi-temps. Et une autre fois en deuxième mi-temps. Montréal s’est offert quelques épisodes de circulation absolument effarants, dignes de ses meilleurs moments de 2022, mais en version plus rapide, plus directe, plus juste, plus droite. Du jeu collectif de haute qualité qui montrait bien que Montréal n’est sans nul doute possible plus le Montréal d’il y a un mois. En fait, Montréal est pas mal plus proche du Montréal de 2022 que du Montréal de mars-avril 2023. Et ces gars-là ont eu un plaisir fou à jouer les uns pour les autres face à Toronto. Plaisir, réussite, fierté. Montréal a le vent dans les voiles et le vent souffle fort. Ne reste plus qu’à y ajouter un peu plus de justesse dans le dernier tiers.

Le dénominateur commun des récentes réussites montréalaises est la solidité défensive. On a beau se plaindre du maillot gris, mais franchement, l’allure de mur de béton que ça donne doit probablement avoir un effet décourageant sur les insignifiants joueurs payés à fort prix qui pensaient que ce serait facile en MLS. Comme à Toronto, quoi. Ce n’était pas simple de trouver la faille. Si Waterman et Camacho ont été franchement épatants, il faut reconnaître aussi que Campbell et Corbo ont très bien fait, même s’ils n’avaient jamais joué ensemble. Et bien installé sur ses assises défensives, le CF Montréal a su se projeter vers l’avant et profiter des nombreux errements défensifs des locaux pour trouver le fond du filet. Grosses performances de Choinière et Rea, entre autres, pour dynamiser le milieu et accélérer le jeu. Une petite complicité semble aussi s’installer entre Quioto et Offor. Du tout bon, quoi. Bon, faudrait quand même que quelqu’un dise à Jonathan Sirois de cesser les sorties sur balle aérienne aux 18 mètres, parce que notre cœur ne tiendra pas. S’il vous plaît.

Allez, on revoit les affreux ce samedi au stade Saputo. Quelle fabuleuse semaine.