Montréal! La renifles-tu cette forte odeur de bonne humeur? Depuis la radieuse luminosité amenée par la visite du Vaughan Soleil Club au stade Saputo, le gazon du jardinier Losada a continué à pousser et à verdir. Mieux encore, quelques fleurs bien odorantes sont aussi sorties de terre. Les feuilles des arbres pointent aussi le nez, les oiseaux rient, les écureuils chantent et on a même pu apercevoir quelques libellules flottant autour du chapeau de notre jardinier. Bref, son jardin verdit, pousse et prospère. Les choses vont si bien qu’il a même pu prendre son week-end pour aller planter quelques légumes au Kansas, d’où il est revenu les poches pleines de deniers. Un printemps doux et trois constats.
1) Jonathan Sirois a gagné des points
Vous étiez probablement quelques-uns à attendre un avis sur la tenue du jeune remplaçant depuis la disparition soudaine de James Pantemis. Je réservais mes commentaires, car en toute honnêteté, il n’y avait pas grand-chose à dire sur ses prestations jusqu’à présent. Du boulot honnête, jamais mauvais, jamais extraordinaire, propre, sans plus. Bref, du boulot de second gardien, quoi. Car, non, jusqu’à ce match à Kansas City, il n’y avait rien dans le jeu de Sirois qui nous aurait permis d’en faire dans notre esprit un gardien numéro un. Mais Jonathan Sirois a déposé à notre attention quelques solides arguments lors de sa dernière prestation. Gagnant en assurance et en efficacité tout au long du match, Sirois aura réussi à nous faire sauter de notre chaise avec un fabuleux arrêt face à un Johnny Russell esseulé au second poteau, reprenant, sur son mauvais pied d’accord, un somptueux centre de Salloi. Parce qu’il fallait la sortir, celle-là. Et cette dernière phrase a deux sens. Le premier, voulant dire que ce n’était pas simple à faire; la prise d’informations, le déplacement, la technique, les appuis et l’exécution, tout devait être parfait. Ce le fut. Et un second sens, voulant dire qu’il fallait éviter d’encaisser, car Kansas City était sur une bonne séquence depuis quelques minutes et encaisser à la 58e aurait probablement semé le doute et compliqué le travail des Montréalais. Bref, ça, c’était du boulot de numéro 1. Sirois a gagné des points, pour lui, mais aussi pour son équipe. Il faudra maintenant confirmer.
2) Mathieu Choinière est de retour
On avait évité le sujet lors du dernier match un peu par superstition, car après l’avoir encensé après son fort match contre Philadelphie, l’ami Mathieu avait enchaîné avec une série de matchs plutôt moyens, pour rester poli. Cette fois, pas de niaisage, il a enchaîné avec une autre prestation inspirante qui lui permet d’inscrire son nom dans les petits papiers d’Hernan Losada. Avec un Bryce Duke qui aère le jeu et un Rea qui commence à trouver ses marques, ça risque de devenir compliqué pour Losada de choisir qui éjecter pour faire place à Samuel Piette quand il va revenir. Mathieu Choinière était comme un poisson dans l’eau au Kansas. En confiance, habile techniquement, propre en défense et efficace offensivement, on aurait carrément pu croire que le prodige de l’académie avait fait toute sa formation comme milieu central. Mais oui, c’est du sarcasme, bien sûr. Qu’on le laisse s’exprimer au milieu du terrain, il a été créé pour ça! Normal qu’il finisse enfin par récolter les fruits de son dur labeur. Choinière en 8, une fois pour toutes.
3) Rea commence à trouver ses repères
On a mentionné plus haut que Bryce Duke aère le jeu. Et un des principaux bénéficiaires de cette aération, avec Aaron Herrera, c’est Sean Rea. Bryce Duke crée des espaces, porte le jeu vers l’avant et fluidifie les mouvements offensifs. Et ça, c’est tout bon pour Sean Rea, qui mentionnait déjà après le match contre l’ensoleillé club ontarien en championnat canadien qu’il avait décelé quelques affinités avec le nouveau venu fraîchement débarqué de Miami. N’ayant plus à prendre le jeu à son compte comme ce fut le cas plusieurs fois depuis le début de la saison, Rea est libéré de cette pression indue. Et comme Losada semble lui donner la liberté de se promener où bon lui semble, il n’est pas rare de voir Rea agir comme courroie de transmission un peu partout, tantôt à gauche (comme sur le but de Duke), tantôt à droite (comme sur le but de Choinière). Car oui, mine de rien, Sean Rea est à l’origine des deux buts des siens, lesquels ont été activés par ses passes rapides en un temps pour déséquilibrer l’adversaire. Bref, Rea profite enfin d’un programme qui lui permettra d’apprendre et de gagner en confiance : du temps de jeu, des libertés, un rôle important sans être essentiel et du plaisir.
Donc, ça sent bon. Mais attention. Avant de nous emballer, n’oublions pas que Kansas City n’est pas un foudre de guerre, tout comme l’équipe du New Jersey ne l’était pas non plus. Oh et puis zut, emballons-nous. Montréal vient de montrer sur les deux derniers matchs une cohérence tactique pratiquement inexistante depuis le début de la saison. Le bloc défensif compact est efficace alors qu’auparavant, on ne pouvait même pas parler de bloc tellement tout était désorganisé. Offensivement, on voit enfin les principes de base être mis en application et on peut commencer à discerner le style de jeu de Losada. En somme, Montréal sait jouer au foot. Soyons honnêtes : ce sera nettement plus motivant de suivre l’histoire en sachant ça plutôt qu’en se demandant si cette équipe s’est inscrite au bon sport.
Prochain adversaire, Orlando, qui se déplacera au stade Saputo samedi prochain. Hernan les attend pour leur faire faire le tour du jardin.