Tiens, tiens. Qui revoilà? Après s’être caché, s’être déguisé puis avoir carrément disparu, le CF Montréal est subitement réapparu aux yeux de tous, sur son terrain, devant ses supporters. On pourrait dire qu’il était transformé, tellement on ne l’avait pas vu jouer correctement au football depuis longtemps. Car c’est bien de cela qu’il s’agissait samedi soir sur la verte pelouse du stade Saputo : on a pu voir une équipe de football, jouer au football, d’une manière facile à comprendre. De la clarté, donc, dans le jeu montréalais, ce qui n’était pas arrivé depuis un bon bout de temps. Et ça a fait un bien fou. Trois points et trois constats.
1) La défense a fait du bon boulot
Mais qu’est-ce que ça avait mal commencé! Si on n’avait pu voir que la première demi-heure de jeu, il nous aurait été difficile de croire au zéro affiché à la suite du nom de l’équipe visiteuse au terme du match. La ligne arrière montréalaise multipliait encore les interventions ratées, les hésitations et les positionnements douteux. Mais un moment donné, un déclic a eu lieu et le jeu est subitement devenu plus logique, plus propre et plus fluide pour le trio de défenseurs centraux. Appuyée il est vrai par un Victor Wanyama qui avait retrouvé de sa superbe, la défense a tenu et n’a, surtout, pratiquement pas donné d’occasions aux autres une fois Montréal réduit à dix après l’expulsion d’Ilias Iliadis. Évidemment, cette stabilité derrière permettait d’asseoir tout le reste du jeu, ce qui a permis de voir plus de cohérence dans la circulation du ballon et même quelques automatismes se créer au fil du match. Il était temps.
2) Bryce Duke est le remplaçant de Djordje Mihailovic
On ne voulait pas l’étiqueter aussi rapidement après ses premières minutes sous le maillot fleurdelysé, mais cette fois, au diable la prudence et l’autocensure : Bryce Duke est le nouveau Mihailovic. Face à l’équipe résidente du New Jersey, Bryce Duke a transformé en or, pour ne pas dire en art, tout ce qu’on lui balançait. Passe dans le dos? Hop, un pivot, on récupère et deux touches plus tard on est dans le sens du jeu tout en ayant envoyé deux adversaires dans le vent. Passe un peu vive au milieu de deux adversaires? Hop, un contrôle orienté, un petit pont et on repart. Ballon compliqué avec de la pression qui arrive de partout? Hop, une petite louche pour remettre le ballon à un coéquipier en lobant un adversaire. Son aisance technique lui faisait survoler le terrain. Ne reste plus qu’à trouver des repères et à développer des automatismes avec certains équipiers, comme avec Herrera, avec qui le courant passait de plus en plus au fil des minutes. Le spectacle devrait être somptueux.
3) Victor Wanyama est de retour
L’amélioration montrée par le CF Montréal n’est absolument pas étrangère au retour progressif de Victor Wanyama à son réel niveau. Après un début de saison lent pour ne pas dire décevant, Victor Wanyama avait montré des signes d’un imminent retour à ses habitudes face à DC United. Contre l’équipe de l’État voisin de New York, Victor Wanyama a poursuivi sa remise à niveau. Et soudainement, le compteur a atteint 100%. Ding! L’ogre était de retour et s’est mis à bouffer des ballons, gagner des duels, bousculer tout le monde et inspirer une prise de conscience collective : cette équipe valait mieux que ce qu’elle avait montré jusqu’à présent. Et à la maison, contre un adversaire prenable, ça n’allait plus mal se terminer. Non. Victor s’était remis à jouer au football, Montréal aussi.
Et quel plaisir ce fut de voir l’Impact enfin arriver en 2023. Des schémas de passes, de la circulation pour une fois réfléchie plutôt que provoquée par les circonstances, de l’intensité qui servait à quelque chose, de belles séquences collectives et des prouesses individuelles. Finalement, Montréal avait l’air d’une équipe sur le terrain. Or, ne nous emballons pas. Ce n’était pas non plus une machine de guerre en face. Oh et puis zut, emballons-nous. Montréal sait jouer au football, s’en va dans la bonne direction, va bientôt récupérer des joueurs rétablis de blessures et va inévitablement commencer à gravir les échelons. Parce que non, on ne me fera pas croire que cette équipe est moins bonne que DC, Miami, Charlotte, Mickey Mouse City et d’autres équipes semi-pertinentes de la section Est, comme Toronto. Et puis, en plus, Montréal a Bryce Duke, simple athlète le jour, superhéros du foot le soir.
Prochaine étape à Kansas City samedi prochain, où Montréal ira inévitablement péter le Sporting, équipe semi-pertinente de l’Ouest. Ou se faire planter, parce qu’on se sera emballés un peu vite. On n’en est pas à notre première saison, on connaît la chanson…