Montréal-DC United : Trois constats sur l’Impact

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Ce devait être la fête. Le retour à la maison, le début de l’été, ou plutôt la fin de l’hiver. Des températures qui rappelaient plus juin que mars. Des visages radieux. Tout était là pour assurer que la soirée soit des plus agréables. Tout? Non! Car une poignée d’irréductibles sportifs parés de gris résistaient encore et toujours aux réjouissances. Malgré le retour au bercail, malgré une foule nombreuse venue pour les appuyer, malgré des renforts et un adversaire faiblard avec une seule corde à son arc, les hommes d’Hernan Losada ont encore trouvé le moyen de ne pas marquer. Un autre zéro et trois constats.

1) Montréal jouait crispé
Franchement, ce qui sautait aux yeux, en première mi-temps surtout, mais aussi un peu en seconde, c’était l’incalculable nombre de passes faites à l’adversaire, dans le dos du coéquipier, en touche, nulle part et tralala. Montréal jouait crispé. On ne voulait pas faire d’erreur, on jouait les fesses serrées, avec, pardonnez-moi l’expression, un bâton dans le cul. Ça se promenait sur la pointe des pieds, les passes n’étaient pas franches, les contrôles souvent ratés. Dans le camp montréalais, personne n’avait l’air serein sur le terrain du stade Saputo. On avait peur de faire des erreurs et donc, on en faisait. Et pourtant, quand ça va mal, il faut revenir à la base : jouer au ballon, avoir du plaisir et essayer des choses. Or, les Montréalais avaient l’air stressés, tendus, crispés. En ce sens, le match contre Vaughan devrait beaucoup aider, pour autant qu’un but finisse par arriver, idéalement tôt dans le match. Ce sera l’occasion de libérer les esprits.

2) Bryce Duke a fait du bien
La surprise du jour résidait dans la présence de Bryce Duke dans le onze de départ. Comment l’homme débarqué en sol québécois la veille, qui ne connaissait pas encore tous les noms de ses coéquipiers, allait-il bien pouvoir apporter quelque chose de probant à sa nouvelle équipe? Revenons au point 1. Bryce Duke n’avait visiblement pas le même fardeau mental que les autres à traîner. Arrivé sur le terrain, il ne lui restait qu’à faire ce qu’il pouvait, dans les limites du possible, pour appuyer ses coéquipiers. Si ça ne marchait pas, tant pis, c’était normal, il venait d’arriver. Et donc, s’il n’était pas pour autant libre de toute interrogation dans son jeu, on a vu un joueur à l’aise balle au pied, prêt à foncer vers l’avant, à jouer en une touche, à tenter des choses. À jouer au ballon, quoi. Parfois, quand il prenait l’initiative balle au pied, on percevait des petits flashs de Djordje Mihailovic. Et on l’avait même chargé des balles arrêtées. Cet homme était visiblement ciblé et attendu. Et le peu qu’on a vu de lui débordait de signes positifs et encourageants. Bien bien bien.

3) Herrera, c’est le Johnston 2023
Rappelez-vous, fidèles lecteurs et lectrices. Revenons en arrière. À cette époque où, innocents, vous aviez l’impression qu’Alistair Johnston était arrivé pour jouer en défense centrale. Les circonstances du début de saison (et les prouesses du Canada) avaient amené Wilfried Nancy à l’utiliser en défense centrale. Et il était moyen voire mauvais. Puis, un moment donné, le déclic a eu lieu. On l’a placé en latéral droit. Ce n’était pas étincelant au début, et puis un moment donné, boum! Dès juin, vous auriez probablement lancé des sièges sur le terrain et brûlé vos écharpes si Nancy l’avait subitement replacé en défense centrale. Douze mois plus tard, Johnston fait partie des indélogeables du Celtic et ne devra probablement pas attendre bien longtemps avant de gravir le prochain échelon de sa carrière. Je ne prétends pas qu’Herrera brûlera les pelouses du continent européen dans un an, non. Je dis juste que c’est un latéral droit, qu’il est plus à l’aise et plus utile à ce poste et que quand il y est, s’il n’est pas entouré de jeunes qui se questionnent plus qu’ils ne jouent au football, cela fluidifie grandement le jeu montréalais. Et on l’a encore vu contre DC United. Quand Herrera a enfin pu quitter son poste et se projeter vers l’avant, même timidement, Montréal avait soudainement l’air (un petit peu) plus menaçant. La bonne nouvelle dans tout ça? Corbo sera éventuellement prêt et Bryce Duke semble savoir et vouloir jouer au ballon. Et ça, c’est un important axe de progression à exploiter.

Alors d’accord, sur ce match, Montréal, ce n’était pas le Brésil. On s’entend. C’était pénible. Mais ne perdons surtout pas de vue qu’il manque plusieurs morceaux importants à l’effectif et que ceux qui sont sur le terrain sont largement victimes des circonstances. Ce n’est donc pas le moment de blâmer qui que ce soit. Olivier Renard a fait son travail en fonction d’un effectif en santé. Hernan Losada, lui, fait avec les moyens du bord et avec certains éléments sous-performants par rapport à leur niveau habituel en plus. Malgré tout, en seconde mi-temps, on a vu du mieux, du « normal » et des solutions. Du mieux, par exemple quand on voyait Duke se lancer vers le dernier tiers balle au pied, conquérant dans l’axe du terrain (enfin, un peu d’action dans l’entrejeu!). Du normal aussi, quand on a pu voir, enfin, Victor Wanyama casser le jeu adverse et récupérer des ballons en s’imposant physiquement. Et on a aussi vu des solutions, notamment après l’entrée de Sunusi Ibrahim qui exploitait un trou béant du côté droit, appuyé par un Herrera qui s’engouffrait enfin dans le couloir. Globalement, on a vu des joueurs qui ont travaillé dur, un coach qui était à l’affût des problèmes et des solutions, et… des supporters mécontents qui ont hué à la fin du match et brandi une bannière semi-honteuse parlant de mouiller le maillot au moment où il fallait simplement hausser les épaules et faire comprendre à l’équipe que c’est un dur moment à passer et qu’on sera là pour les appuyer. Parce que des maillots mouillés, il y en avait partout sur ce terrain. Partout.

Allez. Vaughan, mardi soir. La belle occasion d’inverser la spirale négative et de respirer plus librement. Et ça laisse le temps de préparer une bannière un peu plus pertinente.