Il y a quelques semaines, nous suivions les aventures du commandant Losada et de son sous-marin gris. Cette fois, oublions les batailles navales, les torpilles, les explosions et tout ça. Ce sous-marin gris est rapidement devenu un radeau de fortune, construit avec ce que le commandant peut trouver émergeant des bancs de neige montréalais dont la fonte est déjà bien entamée. Un peu de contre-plaqué ici, quelques mètres de ficelle là, un bout de bâche de plastique, quelques bidons de lave-glace et hop, on prend la mer. Ou plutôt, la mer nous prend, nous balançant de gauche à droite et de haut en bas au gré du vent, des vagues et des marées. Et sans surprise, dans les eaux côtières de la banlieue sud de Boston, Losada et ses hommes, s’agrippant tant bien que mal les uns aux autres, n’ont pu qu’attendre de voir où leur frêle esquif allait finalement s’échouer. Une autre claque et trois constats.
1) Kamal Miller n’a plus le niveau
Après sa baisse de régime inquiétante fin 2022, on s’attendait à revoir Kamal Miller dans de meilleures dispositions en 2023. Après tout, il avait été une des belles prises d’Olivier Renard, si bien qu’on croyait voir se dessiner pour lui un transfert vers le vieux continent. Eh bien non. Kamal Miller a régressé au point tel qu’on se demande s’il a même le niveau USL. Contre les Revs, la grande majorité des attaques de New England sont passées de son côté (notons tout de même qu’un positionnement plus défensif d’Iliadis aurait pu l’aider). Lent, lourd, faiblard, malhabile et transparent, Miller ne semble plus en mesure de suivre le rythme, ni même de bloquer un ballon (ce qu’un cône, lui, aurait tout de même la capacité de faire). Au final, Kamal Miller n’a servi à rien sur le terrain néo-anglais. Et comme il n’avait déjà pas servi à grand-chose ailleurs auparavant, ça commence à faire beaucoup. Ou trop peu, en fait.
2) Ilias Iliadis a montré de belles choses
Même quand tout va mal, il y a souvent une petite lueur d’espoir quelque part au milieu du tunnel. Cette semaine, c’était le jeu d’Ilias Iliadis qui a provoqué une légère esquisse de sourire dans mon faciès autrement crispé. Positionné en milieu gauche plus qu’en latéral (d’où son absence fréquente aux côtés d’un Kamal Miller complètement perdu), Iliadis a fourni quelques belles séquences balle au pied. Sa technique était propre (contrairement à la majorité de ses coéquipiers abonnés à la première touche qui rebondit à 10 mètres), sa conduite de balle était efficace et sa vision du jeu était intéressante, voire réjouissante au beau milieu de ce désert d’idées et de quotient foot. Et tout ça dans une position qui n’est pas la sienne. D’ailleurs, ses meilleurs moments sont venus quand il a décidé d’entrer dans le cœur des débats en se rapprochant de l’axe. On tient peut-être là une piste de solution pour donner vie à cet entrejeu montréalais complètement desséché.
3) Losada ne voit peut-être pas les mêmes matchs que nous
Si vous avez bien lu les indices pas très subtils disséminés dans les deux premiers constats, vous voyez où je m’en vais. Il aurait fallu, un moment donné, probablement après la 67e situation de perdition de l’ami Kamal dans les 20 premières minutes, dire à Iliadis de jouer plus bas et de défendre plus. Miller, comme je l’ai expliqué ci-dessus, ne servait à rien. On pourrait parler de porte-tournante dans son cas, mais ce serait injuste pour les portes tournantes de ce monde, qui réussissent tout de même à stopper quelque chose, ne serait qu’en empêchant l’air extérieur de se faufiler à l’intérieur de l’immeuble. Miller, à Foxborough, c’était un cadre de porte pas de porte. Le mal était évident. Or, aucun ajustement n’a été apporté pour lui donner un coup de main. Et les Revs, comme dans un rêve, ont continué à axer leurs efforts dans la zone du fantomatique défenseur central montréalais. Losada dormait. Ou peut-être pleurait-il en boule quelque part. Ou alors était-il atteint d’une fulgurante crise de panique qui l’empêchait de prendre une décision. Pourtant, il a bien vu que Saliba courait sans motif précis pendant les 45 premières minutes et l’a remplacé à la mi-temps. Ça aussi, c’était évident. Et Miller, alors?
En somme, ce qu’on a vu samedi soir, c’était un match d’entraînement. New England terminait sa préparation hivernale contre un adversaire de seconde division. Après avoir joué à plein rendement pendant 45 minutes, les titulaires ont poursuivi leur mise en forme en levant le pied, accumulant les minutes afin d’atteindre progressivement leur niveau de forme optimal. Soixante minutes pour certains, soixante-dix pour d’autres. L’occasion aussi pour les plus jeunes de profiter de cette sortie contre des joueurs de leur niveau pour se mettre en évidence pendant 15 ou 20 minutes. Bref, programme idéal pour les hommes de Bruce Arena afin de s’assurer d’être à plein régime lors des matchs à venir contre des équipes de Major League Soccer. La base, quoi.
Montréal poursuit son programme bénévole de mise en forme des équipes de MLS samedi prochain, au stade Saputo cette fois, contre DC United, avant de passer aux choses sérieuses et d’amorcer sa saison en championnat canadien, contre Vaughan SC. Invité prestigieux, puis adversaire à sa mesure. Que du plaisir pour la mi-avril.