Amandine Pierre-Louis fait sa place en D1 française

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Deux figures bien connues du soccer québécois se retrouvent au sein du club français de première division Rodez Aveyron Football : la joueuse Amandine Pierre-Louis, et l’entraîneur-chef, Mathieu Rufié, qui avait notamment mené le CS Longueuil à gagner le championnat de Première Ligue de soccer du Québec (PLSQ) en 2014. Comment s’y sont-ils retrouvés? Viau Park est allé à leur rencontre (virtuelle).

La dernière fois que Viau Park s’est entretenu avec Amandine Pierre-Louis, la native de Sainte-Rose venait de se faire repêcher en National Women’s Soccer League (NWSL), en 2018. L’année suivante, Pierre-Louis a quitté le continent pour se joindre au FC Metz. « Ça a toujours été mon rêve de jouer en France », souligne-t-elle. Ce fut néanmoins loin d’être un scénario de rêve, puisque la Québécoise s’est déchiré le ligament croisé du genou et la pandémie a frappé, renvoyant toutes les joueuses à la maison. En 2021, rétablie de sa blessure, elle a signé un contrat de six mois au Slavia Prague. « La ligue n’est pas très paritaire, il y a seulement deux bonnes équipes. C’était très difficile parce que personne ne parlait vraiment anglais. Mais c’était bon pour moi parce que les matchs n’étaient pas très intenses et ça m’a aidé à revenir au jeu après ma blessure », relate-t-elle.

Pierre-Louis a ensuite joué durant un an au Danemark. « Ce n’était pas facile d’être une personne de couleur, même sur le terrain. La population est assez homogène. Mais le jeu était très bien et l’environnement de travail aussi », confie-t-elle.

Arrivée à Rodez

Mathieu Rufié est natif de Rodez. Établi au Québec de 2013 à 2019, il a fait sa marque dans le paysage du soccer québécois. En plus d’avoir dirigé le CS Longueuil en PLSQ, il a notamment été entraîneur au volet sports-études de la Rive-Sud et de l’équipe féminine AAA de Varennes. De plus, il a été entraîneur adjoint avec l’équipe masculine de l’Université McGill et a également été entraîneur-chef des moins de 14 ans à l’Académie de l’Impact de Montréal. Il est arrivé à Rodez alors que l’équipe était en deuxième division et il a réussi à guider ses troupes jusqu’à la première division.

Il était à la recherche d’une joueuse pouvant jouer dans le couloir quand il a pensé à Pierre-Louis. « Je ne la connaissais pas personnellement, mais j’avais entendu parler d’elle. J’ai eu des bons mots sur elle, notamment de la part de Rudy Doliscat, et j’ai pu la rencontrer durant l’été quand j’ai visité le Québec », se remémore Rufié.

Un peu de Québec en France
Amandine Pierre-Louis a récemment vécu une belle expérience à Fleury. « Il y avait une équipe du Celtix du Haut-Richelieu qui était là! Et Mathieu avait entraîné des jeunes de cette équipe. Je jouais et, de l’autre côté, Marie Levasseur jouait aussi. Marie avait des gens du Québec en voyage en France venus pour la supporter. Il y avait des drapeaux du Québec dans les estrades. C’était le fun à voir! », raconte-t-elle.

Pierre-Louis est donc à Rodez depuis le mois d’août, mais n’a pu commencer à jouer qu’en octobre, quand elle a finalement reçu son visa. « C’est une saison plutôt difficile parce que c’est une saison de montée. Les joueuses sont très talentueuses et les gens autour du club sont super attachants. On voit de plus en plus de Canadiennes en France. Je crois qu’on amène un côté différent, le côté plus athlétique, physique », dit-elle en citant Marie Levasseur, qui évolue au FC Fleury, et les deux autres Canadiennes de Rodez, soit la Torontoise Alexandria Lamontagne et Yasmine Hall, une Québécoise ayant grandi en Alberta.

Mathieu Rufié abonde dans le même sens. « Amandine amène de la puissance dans le couloir et bien sûr, elle fait des centres puissants ».

« Ça a cliqué tout de suite. Mathieu est vraiment très humain comme entraîneur. On ne retrouve pas ce côté-là partout au niveau professionnel », mentionne Pierre-Louis.

Elle ajoute : « Oui, je parlais anglais, mais ça fait une grosse différence d’être dans un environnement où tu peux t’exprimer comme tu le penses, sans chercher le bon mot dans ta phrase. »

Deuxième portion de la saison

La Québécoise a commencé à prendre son aise en novembre, pour finalement trouver sa place au sein du onze de départ en janvier. Depuis, elle est titulaire chaque match.

« Je ne sais pas ce qui s’est passé durant le temps des Fêtes, mais Amandine est revenue en pleine forme! », lance Rufié.

« C’est sûr que la tourtière a fait du bien! », rigole Pierre-Louis. « Il y a des joueuses qui évoluent à Rodez depuis plusieurs années et qui ont plus de 200 matchs avec le club. C’est normal que mon intégration ait pris un peu de temps. Et la D1, ça joue vite. Je devais prendre mes repères. »

Durant la pause des Fêtes, elle a poussé au maximum et a été encadrée par son équipe d’AMA Gestion Sportive. Chaque jour, elle se retrouvait au Centre de perfectionnement Complete Striker et jouait avec des gars.

« Depuis janvier, je suis fière de mes performances. Ça se passe super bien », dit-elle.

De grosses pointures

En première division française, Rodez affronte de gros noms du soccer, comme l’Olympique Lyonnais ou encore le Paris Saint-Germain.

« La première fois que j’ai joué contre Lyon, j’étais très excitée. C’est aussi un bon test personnel, pour voir si je suis capable de performer et de prendre des 1 contre 1. On a pris une claque [NDLR : 5-0], mais de voir qu’on est capables d’avoir des chances devant le but, c’est gratifiant. On a perdu 1-0 contre le PSG, mais c’était incroyable et j’étais fière de ma performance personnelle », souligne-t-elle.

Au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que quatre matchs à la saison régulière. Rodez lutte présentement pour éviter la relégation. On souhaite une bonne fin de saison à Mathieu Rufié et Amandine Pierre-Louis!