Après avoir fait naufrage dans le port de Miami, le sous-marin gris du commandant Losada a encore une fois sombré, dans les eaux du fleuve Colorado, à Austin. Mais cette fois-ci, il aura livré un combat acharné jusqu’à la toute fin, alors qu’après avoir raté sa cible à de multiples reprises, il fut détecté par le torpilleur Urruti, qui ne lui laissa aucune chance. Au moins, la troupe de Losada aura livré une performance plus claire, de laquelle l’état-major pourra s’inspirer pour préparer la prochaine bataille. En espérant que l’infirmerie cesse de se remplir, évidemment. On ne va pas à la guerre avec des bras cassés. Deux défaites et trois constats.
1) Saliba, c’était pas encore ça
La semaine dernière, on avait déjà glissé un mot à propos d’un éventuel prêt en CPL qui pourrait faire du bien au jeune milieu montréalais. Cette semaine, on a encore vu pourquoi. On pourra faire autant de parallèles qu’on veut, Nathan Saliba n’est pas Ismaël Koné. Si ce dernier a réussi un prodigieux, voire miraculeux, bond qui l’a fait passer en quelques mois du soccer amateur à Watford en passant par rien de moins que la Coupe du Monde, on ne peut pas prétendre, pour le moment, que le premier maîtrise parfaitement la transition à la MLS. Trop souvent, Saliba est lent à réagir, dans la prise de décision, oui, parfois (comme on l’a vu sur une des premières occasions d’Austin, alors qu’il a semblé complètement boguer balle au pied), mais surtout dans l’exécution. C’est bien de prendre une décision rapidement, et encore mieux quand on prend la bonne décision, mais il faut surtout bouger vite sur le terrain. Miami, Austin et les autres ne sont pas le CS Longueuil. La MLS n’est pas la PLSQ. Ceci étant dit, oui, c’est sur le terrain que Saliba apprendra à suivre le rythme. Mais, s’il a pris du mieux en cours de match, comme ses coéquipiers d’ailleurs, a-t-on réellement vu quelque chose qui justifie sa place dans le XI de départ? Pas encore, même si c’était mieux qu’à Miami. On le répétera jusqu’à ce que ne soit plus vrai : un prêt en CPL serait bénéfique.
2) Ce n’était pas le moment d’enlever Rea
Avant d’aller plus, loin, il faut reconnaître qu’on ne sait pas tout. Notamment, on ne sait pas quelle est la condition physique réelle des joueurs à cette étape de la saison. Et donc, il est possible que Losada savait des choses qui n’étaient pas apparentes pour nous, téléspectateurs. Mais si jamais Sean Rea avait encore du carburant dans le réservoir, alors il était complètement farfelu de l’enlever du terrain à la 66e minute. Après une entame de match parfois compliquée, Montréal prenait du mieux, et à plus forte raison en seconde période, alors qu’on ne voyait pratiquement plus l’équipe locale jouer au ballon. Au cœur de cette montée en puissance, il y avait Sean Rea qui, plus le match avançait, semblait trouver des solutions et développer des automatismes avec ses collègues. Comme à Miami, la majorité des bons coups passaient par Rea. À gauche avec Lappalainen, à droite avec Herrera ou encore Choinière, ou même directement devant avec Quioto, Rea alimentait de plus en plus ses amis et Austin ne semblait pas savoir comment le stopper. Montréal dominait, et Rea était un des gros rouages de l’animation du jeu. Et puis, on l’a enlevé du terrain, et Montréal s’est éteint. Coïncidence? Peu probable. Espérons que Losada a enlevé Rea de là parce qu’il ne pouvait pas en donner plus physiquement, autrement, il faut se poser des questions sur la capacité du coach à lire la dynamique de son équipe.
3) Sirois a réussi sa première
Solide, confiant, efficace, Jonathan Sirois a fait une très bonne première impression. En d’autres circonstances, on ne l’aurait peut-être pas particulièrement remarqué, mais le contraste avec les mésaventures de James Pantemis au premier match était trop fort pour ne pas le voir. Au final, Jonathan Sirois a épaté… en faisant un travail simplement normal. Attention donc à l’overdose de positivisme. Tout ce qu’on sait pour le moment, c’est qu’on peut compter sur Sirois en l’absence de Pantemis. Rien n’indique qu’il a gagné le poste de numéro un, ni même qu’il l’obtiendra un jour. Il a réussi sa première, c’est tout. Du calme.
Parlant de réussir sa première, Samuel Piette en défense centrale, franchement, c’était du propre. Bon, ce n’est pas Waterman, entendons-nous, mais a-t-on particulièrement remarqué Samuel Piette durant les 90 minutes? Une fois, peut-être, quand il s’est pris un carton jaune un peu bête. Quand on joue hors position, passer inaperçu, c’est une réussite. Ça veut dire qu’on fait ce qu’on a à faire et qu’on ne met personne dans l’embarras. Et ça, c’est très bien. D’ailleurs, qu’on tienne tête à la machine verte d’Austin avec un milieu défensif en défense centrale, c’est du solide, on ne peut pas dire le contraire. Ça indique que Montréal défend somme toute très bien. Il faudra toutefois trouver la formule gagnante en milieu de terrain. Celle qui permettra de ne pas dépendre d’un joueur résolument trop vert comme courroie de transmission et qui permettra à Sean Rea de s’exprimer librement. Et peut-être, aussi, éviter d’aller mettre quelqu’un à côté de Victor Wanyama, car on sait que le Kényan prend plus d’ampleur quand il navigue seul devant la défense. Allez Hernan, allez.
Direction Nashville. Un premier but, ce serait déjà pas mal, non? Et pourquoi pas deux? Ils en sont très capables.