Enfin ce lever de rideau tant attendu! Si le résultat n’a pas été à la mesure des attentes, le match a toutefois été riche en enseignements. Si dans l’ensemble, Montréal n’a pas si mal joué que ça, la nervosité de la première sortie de 2023 semblait toutefois avoir pris le dessus. Ou alors avait-on hâte de rentrer à la maison après de longues semaines en Floride? Quoi qu’il en soit, Montréal est arrivé sur scène un peu amorphe, avec du sable dans l’engrenage. Comme pour Viau Park, d’ailleurs, qui doit se remettre dans le bain après une longue période sans écrire cette chronique. Même pour la production télévisuelle, c’était compliqué. On ne peut en vouloir à personne, c’est comme ça. Un maillot rose pâle, un maillot gris pâle et trois constats.
1) Pantemis a raté son match
Amorçons la saison en entrant dans le vif du sujet. James Pantemis avait l’occasion de montrer à tous qu’il était l’homme de la situation pour s’occuper, enfin, du poste de gardien de but numéro un. À plus forte raison, il avait l’occasion de rassurer son nouvel entraîneur, qui lui avait fait confiance. Malheureusement, le portier montréalais y est allé d’une prestation cauchemardesque qui ne fait que soulever, ou entretenir pour certains, des doutes sur ses réelles capacités. Si sur le premier but, toute la bande se fait surprendre par un corner répété à l’entraînement et diablement bien exécuté par Miami, sur le second but, James Pantemis y est allé d’une séquence catastrophique. À la suite d’un dégagement au poing mal assumé (la prochaine fois, il faudrait au moins que le ballon puisse sortir de la surface, idéalement), le ballon s’est retrouvé directement dans les pieds d’un adversaire, dont la reprise de volée déviée s’est frayé un chemin jusqu’à Lassiter, aux six mètres. Pantemis a toutefois réussi à bien fermer l’angle devant Lassiter, forçant un tir sur le poteau. Mais ensuite, voyant le ballon aboutir dans les pieds de Borgelin, James Pantemis a commis la pire erreur qu’un gardien puisse faire : il a abandonné. Et après que Samuel Piette ait bloqué le premier tir de Borgelin, lui renvoyant malheureusement directement le ballon, Pantemis n’était pas là où il aurait dû être au moment du second tir de Borgelin : sur sa ligne. But. Évidemment. Nous passerons sous silence la séquence ultérieure menant à la blessure du gardien montréalais, qui est également peu reluisante, mais ce second but est à imputer au gardien à 100% (OK, à 90 %, car si Mathieu Choinière avait regardé par-dessus son épaule au milieu du terrain quelques secondes avant, comme il aurait dû le faire, on n’en serait pas arrivé à ça). Bref, Pantemis a raté sa première impression, et on sait à quel point les premières impressions sont importantes, surtout pour un gardien. Et en plus, il sera plus que probablement absent pour un bout de temps, ce qui n’arrange pas son cas. Jonathan Sirois n’en demandait pas tant…
2) Montréal était pétrifié en première mi-temps
Dès l’entame du match (ou plutôt après quelques minutes passées à essayer de distinguer les maillots), on a pu voir des Montréalais pris à la gorge par le pressing de l’équipe locale. Phil Neville avait bien compris, comme d’autres avant lui, qu’en mettant un homme sur Wanyama, Montréal aurait plus de difficulté à sortir de sa moitié de terrain que si le Kényan avait de la marge de manœuvre. Et ce fut le cas. Bon, on connaît la légendaire capacité de Wanyama à se sortir du pétrin sous pression, mais à Miami, il ne recevait carrément pas le ballon. C’était la racine du problème. En fait, Montréal semblait ne pas s’attendre du tout à ce que Miami lui a fait subir. Pire encore, Miami semblait avoir appliqué le plan de match qu’on attendait des Montréalais : pression haute, reprise du ballon haut sur le terrain, jeu direct (bon dans ce dernier secteur c’était la catastrophe pour les roses, heureusement). En recherche de solutions, les hommes en gris semblaient ne pas avoir toutes les pièces du casse-tête à leur disposition, parfois par casting raté (nous y reviendrons), parfois par manque d’ambition (Brault-Guillard, notamment, toujours hésitant à s’installer dans son couloir et souvent loin de l’action, et un Lappalainen pas vraiment plus probant). Bref, il y avait d’importants ratés, et ceux-ci ont duré pendant toute la première mi-temps. Et c’est dommage, car Sunusi Ibrahim semblait en bonne forme, mais personne ne parvenait à lui envoyer de bons ballons.
3) Saliba, c’était pas ça
Tout le monde nous en a parlé, on lui a fait des louanges dithyrambiques, on l’a pratiquement placé aux côtés de Koné dans le firmament du futur du football canadien, et puis finalement, il était dans le XI au premier match. On a compris : Nathan Saliba a connu un bon camp préparatoire. OK. Mais il aurait peut-être fallu prendre un pas de recul au lieu de tout ça. Malheureusement, le jeune a été englouti lors de cette première période compliquée pour les Montréalais. Dans un rôle un peu étrange de « milieu central défensif mais pas trop, qu’ on sait pas trop où ni comment il doit jouer », non seulement Saliba ne semblait pas quoi faire, mais les autres autour de lui ne semblaient pas en mesure de lui expliquer. Souvent coincé dans un no man’s land défensif où il n’aidait personne, c’était un peu la même sauce offensivement, alors qu’il n’était pratiquement jamais là où il aurait dû être, c’est-à-dire devant, pour faire le lien entre la défense et l’attaque. Et ce n’est absolument pas de sa faute. Montréal n’a visiblement pas envisagé le scénario de la première mi-temps, et dans la surprise, c’est le jeune sans expérience qui a coulé. C’est parfaitement normal (et c’est aussi un peu pourquoi un prêt en CPL serait constructif). Et donc, Montréal a passé 45 minutes à pratiquement ne rien produire, ce qui, au final, a eu une grosse influence sur l’issue du match. Un joueur plus expérimenté et ayant déjà certains repères avec ses coéquipiers (Mathieu Choinière, par exemple) aurait été plus adapté dans un tel scénario. Carton jaune, donc, à Hernan Losada, peut-être un peu absorbé par la philosophie de « faire confiance aux jeunes » du CF Montréal. Tu peux leur faire confiance en 2e mi-temps pour commencer, Hernan. Comme tu l’as fait pour Sean Rea, la courroie de transmission qui manquait cruellement à cette équipe dès le début du match.
Bref, il y avait du sable dans l’engrenage. Pas de panique, il n’y a pas de travaux majeurs d’entretien à faire. Juste un peu de sable à enlever. Il suffit de souffler un peu dans la machine, de lui ajouter quelques gouttes d’huile et de remettre le moteur en marche. Parce que non, Montréal n’a pas été complètement largué à Miami. En fait, quand les hommes de Neville n’avaient plus la force de maintenir la pression haute, on a vu Montréal, celui de 2022, revenir petit à petit. À plus forte raison quand Rea est arrivé, suivi de Chinonso Offor (un peu tard dans son cas), tous deux auteurs d’une entrée très réussie, bien que le jeu avait déjà pris du mieux quand Choinière était monté sur la pelouse. Et puis, Herrera nous a déjà montré qu’il risque de vite nous faire oublier le sympathique Alistair Johnston. Allez, on fait un gros cœur avec les mains pour Herrera, ici, là, maintenant. Go. Au final, ce qu’il faut retenir, d’abord et avant tout, au lieu d’aller cracher son fiel sur les réseaux sociaux, c’est que malgré une première mi-temps ratée, malgré des difficultés d’adaptation aux nouveautés apportées par l’entraîneur, malgré les erreurs d’appréciation de Losada, Montréal s’est créé quatre énormes occasions franches (galvaudées, certes). C’est un signe qui ne ment pas : Montréal demeure une équipe très dangereuse offensivement. Faut juste souffler un peu pour enlever le sable.
Prochaine destination, Austin. Ce ne sera pas simple. Si ça se passe mal, surtout, ne paniquez pas. Sable, huile, et tout ça. Mais sinon, tout indique qu’on va s’amuser encore une fois cette saison.