Belgique-Canada : Trois constats sur l’équipe nationale canadienne

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Ô Canada. Quel moment tu nous as fait vivre (en bien comme en mal, croyez-moi). On se demandait bien quel Canada allait se pointer au Qatar : celui, agressif, voire agressant, qui a survolé les qualifications de la zone Concacaf, ou le Canada poli, voire gêné, qu’on avait vu en préparation contre l’Uruguay. On a rapidement eu notre réponse. Les sales types étaient de retour et ont bien failli renverser la Belgique, qui a dû profondément puiser dans ses ressources pour éviter le faux pas. Vous lirez peut-être dans les commentaires venus d’outremer que la Belgique a mal joué. Ce n’est pas faux. Elle était nulle. Mais c’est parce que le Canada l’a complètement désorganisée d’entrée de jeu. Pour son grand retour, le Canada a bousculé un grand. Si la marque rappelle le 1-0 contre la France en 1986, la manière, elle, est toutefois complètement différente. Ouh, ah, Canada et trois constats.

1) Le Canada a bien profité du point faible des Belges
Le gros problème de la sélection belge est qu’elle ne défend pas bien. Et de toute évidence, John Herdman avait bien fait ses devoirs et savait exactement par où passer pour semer la zizanie dans le camp adverse : en isolant Tajon Buchanan face à Yannick Carrasco, passoire reconnue, épaulé par un Jan Vertonghen aussi expérimenté que lent à réagir. Ainsi, pendant toute la première mi-temps, le Canada et le monde ont pu apprécier le spectacle de patinage artistique du grand Yannick, face à un Buchanan inspiré, frondeur et limite arrogant. Carrasco et Vertonghen ne parvenaient à rien faire de probant défensivement, avec le résultat que la Belgique peinait à retenir les assauts canadiens et s’enfonçait continuellement dans les profondeurs de son territoire.

2) Le Canada a su étouffer la Belgique avec un pressing constant
Et ça n’allait pas mieux pour les Belges en relance. Le Canada a su reconnaître que la Belgique était lente dans sa prise de décision et approximative dans son positionnement et a rapidement mis la pression au bon endroit et au bon moment, ce qui jetait des poches de sables dans l’engrenage noir-jaune-rouge. Grâce à son pressing juste et bien équilibré, encore plus en seconde mi-temps, le Canada a embouteillé la Belgique, qui peinait à rejoindre ses joueurs créatifs. Bref, le Canada tenait la Belgique par le collet, et il ne restait plus qu’à… défendre efficacement contre les longues balles, ce qui n’est malheureusement pas la spécialité du trio défensif canadien. Batshuayi et la Belgique en sont d’ailleurs fort heureux.

3) Jonathan David a été trop discret
Petit bémol dans une prestation quasi héroïque du Canada : l’apport mitigé de Jonathan David, qui avait pourtant les qualités et l’espace pour se mettre en évidence. Souvent un peu nulle part sur le terrain, David n’a rien fait de probant avec les quelques ballons qui lui sont parvenus. Son repositionnement lors de la montée de Larin aurait pu lui donner du souffle, mais malheureusement pour le Canada, le grand Jo ne semblait pas déployer autant d’énergie que ses coéquipiers alors que la solution se trouvait probablement dans ses souliers. On aurait aimé (« on » excluant évidemment la personne qui parle, pour des raisons évidentes) le voir aussi impliqué mentalement et physiquement que Johnston, Lareya ou Miller, par exemple.

Cela dit, à la lumière du match nul entre la Croatie et le Maroc, on se doutait que le Canada aurait toujours un coup à jouer dans le groupe F au terme de ce premier match, quel que soit le résultat. Ce qu’on ne savait pas, par contre, c’est que l’avenue vers le second tour du tournoi paraîtrait bien plus atteignable qu’elle ne l’a jamais été. Le Canada est bien là. Le Canada est pour de vrai. Il faudra toutefois songer à gérer les moments des matchs, car, comme on l’a vu contre la Belgique, il est impossible de jouer à fond pendant 90 minutes. John Herdman est un homme bien naïf s’il pense qu’il va s’en tirer avec un football direct, émotif, constant, sans variante, sans jamais souffler. Et encore plus en défiant directement son prochain adversaire comme il l’a fait après le match. De quoi grincer des dents.

Prochaine étape, la Croatie, probablement piquée au vif, dimanche à 11 h.