Bilan CFMTL 2022 : Viau Park répond à vos questions

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Les confettis de la cérémonie de remise du trophée sont retombés, les champions sont connus, et ils ne sont pas Montréalais. Mais on y a cru. On y a vraiment cru. Jamais depuis son entrée en Major League Soccer la machine montréalaise n’a aussi bien tourné. Si plusieurs records ont été établis durant la saison, il ne faudrait toutefois pas non plus oublier, au lieu de crier à la saison historique sur tous les toits, bien que ce soit le cas, que Montréal n’a pas ramené le moindre trophée à la maison. Pas même cette très abordable Coupe des Voyageurs. Et au terme de cette saison combien excitante, mais peu prolifique, vos questions sont parsemées de doutes, avec raison. Le bilan de Viau Park, votre bilan, c’est par ici.

Daniel (@SocratesMTL)

On fait quoi avec les gardiens?

Sébastien Nadeau (@SbastienNadeau4)

Est-ce que Pantemis peut construire sur sa saison ou s’il est limité à ce que nous avons vu?

Sur le plan des gardiens, la seule chose sur laquelle tout le monde semble s’être mis d’accord durant la saison 2022 est aussi celle pour laquelle j’agitais des drapeaux rouges à répétition depuis 2021 : Sebastian Breza, ça ne va pas. Partons donc de ce constat généralisé pour éliminer le gardien en prêt du portrait 2023. Cela nous laisse avec James Pantemis (option pour 2023), Logan Ketterer (option pour 2023 et 2024) et Jonathan Sirois (sous contrat pour 2023). C’est donc dire qu’Olivier Renard a le champ libre pour complètement changer la donne en 2023. James Pantemis a fait un travail correct devant la cage quand on a finalement décidé de mettre un terme à l’expérience Breza. Mais on ne se le cachera pas : Pantemis fait des erreurs qu’il ne devrait pas faire s’il avait eu un cheminement normal. On l’a vu et chèrement payé en demi-finale de l’Est. C’est donc dire qu’il y a mieux. Et ce n’est ni Ketterer, numéro 2 anonyme par excellence, ni Sirois, ayant connu des ratés en CPL cette saison, qui se qualifie dans la catégorie « mieux ». Les astres sont donc alignés pour amener du sang neuf au poste de gardien de but, ce qui est plus que probablement la bonne chose à faire. Par contre, les développements des dernières heures et la présence potentielle de Pantemis au Qatar pourraient peser dans la balance des décisions, car un ticket pour le Mondial, ça augmente la valeur d’un joueur. Olivier Renard pourrait-il être tenté de miser là-dessus?

Emil @(EmilASoccer)

Quelles seront les conséquences du départ de Wanyama (s’il avère) sur le jeu de possession du CF Montréal? Quel style de milieu s’insérerait bien dans ce schéma? A-t-on des éléments à l’interne pour continuer ce même style de jeu? (Question corollaire: à quel point Wanyama a-t-il à lui seul dicté/déterminé le style de jeu de l’équipe Renard-Henry-Nancy?)

Vous m’avez posé beaucoup de questions sur Wanyama, avec raison, et j’en ai choisi une, déclinée en plusieurs interrogations. Je l’ai déjà souligné à quelques reprises, mais Victor Wanyama a été le premier gros morceau amené par Olivier Renard en 2020. Et ce n’est pas pour rien. Toute l’ossature du schéma et des principes de jeu reposait sur le milieu kenyan. Certes, nombreux sont ceux et celles qui ont pointé son gros salaire en se plaignant, mais cela n’enlève rien au fait que Wanyama était le pilier de l’équipe. Son énorme capacité à protéger le ballon dans les moments difficiles en faisait la cible principale des défenseurs lors de la relance. Wanyama, c’est un gros bonhomme, habile balle au pied, avec une facilité déconcertante à se sortir du pétrin. Un type fiable, quoi. En fait, c’est un milieu de terrain d’un niveau jamais vu à Montréal. Et ce n’est pas surprenant que son retour soit incertain. Wanyama a montré qu’il était un joueur de haut calibre, probablement trop fort pour la Major League Soccer quand il tourne à son maximum, et que ses soucis physiques étaient derrière lui. Ce ne serait donc pas surprenant qu’on le voie mettre le cap ailleurs cet hiver, car il y a fort à parier que d’autres clubs sont prêts à mettre plus d’argent sur la table que ne le fera Montréal. Et qui pourrait blâmer Wanyama de rentabiliser au maximum ses dernières années de carrière? Bref, il faudra songer à le remplacer. Et pour cela, il faudra aller piger ailleurs, car personne au club n’a le calibre de Wanyama. Et vu son importance cruciale dans le système de jeu montréalais, la meilleure option, si ce n’est pas Wanyama, est un milieu qui possède des attributs semblables si pas identiques. Un pilier, ça se remplace avec un pilier.

Dany Bouchard (@DanyBouchard19)

Au vu des résultats et manques en 2022. Si on a à donner un million et plus sur un joueur clé, on l’investit à quelle position?

Si Wanyama part, il faut investir à son poste. Si Wanyama reste, alors il faut investir cet argent ailleurs. Idéalement, je séparerais la poire en deux en mettant la moitié sur un milieu offensif et l’autre moitié sur un gardien. Mais on peut en parler en long et en large pendant cinq heures, il reste que les besoins en vue de 2023 ne sont pas encore clairement définis, puisque plusieurs points d’interrogation demeurent en suspens. Wanyama, d’une part, mais aussi Wilfried Nancy. Car toutes nos supputations sont fondées sur une constante : le retour du CF Montréal avec ses principes et sa philosophie de 2022. Or, un nouvel entraîneur pourrait changer la donne. Mais peu importe, dans le fond, puisque, quel que soit l’entraîneur, le poste de gardien, lui, demeure une priorité. Alors, flambons une partie de cet argent sur un portier de bon niveau. Ça au moins, on sait qu’on va en avoir besoin en 2023 (et pour l’éternité). Après on verra. Et puis n’oublions pas qu’il est toujours plus facile de recruter en été qu’en hiver.

MR footdefoot (@mrfootdefoot)

Quel joueur es-tu le plus presser de voir revenir (celui qui t’a plu cette saison et que tu penses voir exploser la saison prochaine)?

Et voilà la question la plus difficile du lot. Pourquoi? Parce que le CF Montréal 2022 était un puissant collectif. Qui s’est réellement mis en évidence en 2022? Personne. Aucun joueur ne s’est vraiment hissé par-dessus les autres. Il y en a quelques-uns qui ont ralenti par rapport à 2021 (Miller, par exemple), d’autres qui ont progressé (Waterman, notamment). Mais qui pourrait « exploser » en 2023? Difficile de voir des joueurs comme Waterman ou Johnston en faire bien plus que ce qu’ils sont parvenus à donner en 2022. Pas qu’ils soient limités dans leur progression, mais pour passer un cap, il leur faudrait poursuivre leur développement ailleurs. On pourrait évidemment parler de Koné, qui semblait déployer de plus en plus ses ailes en fin de saison, mais sera-t-il encore là en 2023? Rien n’est moins sûr. Honnêtement, le joueur que j’ai personnellement le plus hâte de voir en 2023 n’était pas là en 2022 : Sean Rea. Le jeune milieu vient de connaître une saison monstrueuse en CPL et pourrait avoir son mot à dire en raison des départs confirmés et potentiels dans l’entrejeu montréalais. Or, il n’est pas impossible que Renard décide de le renvoyer en CPL pour voir s’il peut confirmer (voir l’expérience Sirois). Donc, pour résumer, Koné, s’il est toujours là, autrement Rea. Et aussi, ne sous-estimons pas l’apport potentiel de Matko Miljevic en 2023.

Emil (@EmilASoccer)

Y a-t-il quelque chose à apprendre pour le CF Montréal des succès de Philadelphie? Ou y a-t-il un autre club qui devrait servir de modèle à long terme (Seattle?)? Ou le club trace-t-il sa voie propre?

Question intéressante s’il en est une. Les exemples donnés nous amènent dans deux voies à la fois différentes, mais semblables. Différentes parce que d’un côté, à Philadelphie, on a fait le pari des jeunes, notamment ceux du club, tandis que de l’autre, on a plus tendance à faire tendance aux joueurs établis, recrutés ailleurs. Or, là où les deux clubs se rejoignent, c’est dans la continuité. Continuité dans les principes de jeu, dans le système établi, mais continuité aussi sur le banc, Jim Curtin et Brian Schmetzer étant en poste depuis aussi longtemps qu’on puisse se souvenir. Et c’est peut-être là la clé du succès. Que l’on choisisse tel ou tel système, telle ou telle philosophie, l’important est probablement de faire un choix et de s’y tenir. La stabilité dans la vision et le projet sportif sont probablement bien plus importants que la vision et le projet à proprement parler. Si, par exemple, IBM changeait ses objectifs tous les six mois, elle ne serait probablement pas la multinationale que l’on connaît. Ça vous rappelle l’Impact et ses plans de cinq ans tous les deux ans? Ben voilà. Bref, tout revient à garder le cap. Et pour garder le cap, il faudrait déjà s’assurer que le capitaine du bateau demeure sur le pont.

LoupDogg

@LoupDogg

Est-ce que finalement on ne se retrouve pas avec les mêmes besoins de recrutement qu’au début de la saison dernière? *Un latéral gauche, un gardien, un milieu (finalement ça aura été Koné).

Pas tout à fait. La surprenante métamorphose de Lassi Lappalainen fait en sorte qu’on a comblé le trou sur le flanc gauche. Le « Finlandais volant » a enfin récupéré son surnom en 2022 alors que beaucoup d’observateurs, dont votre humble serviteur, avaient lancé la serviette dans son cas. De boulet à joueur clé, Lappalainen a fait sa place dans l’effectif et on a plutôt hâte de le revoir en 2023, affirmation qui semblait plus qu’improbable il y encore quelques mois à peine. Pour le reste, oui, on a besoin d’un gardien, comme je l’ai expliqué ci-dessus. Et pour le milieu, évidemment, il faudra voir le jeu de la chaise musicale qui se fera d’ici février. Potentiellement, Montréal pourrait devoir recruter jusqu’à trois milieux pour combler les pertes, à moins qu’Hamdi (sous contrat en 2023) ne sorte de sa coquille ou que Zouhir n’explose. Il faudra aussi se pencher sur la question de Corbo, dont le prêt est terminé. Reviendra-t-il? Idéalement, oui. Mais si ce n’est pas le cas, il faudra songer à recruter pour la ligne arrière. Et devant, on a un départ presque acté (Johnsen), un joueur qui a disparu du radar (Ibrahim), un joueur important, mais sans contrat (Kamara) et un joueur important qui a connu une saison inquiétante (Toye). L’apport de Chinonso Offor demeure aussi nébuleux (reviendra-t-il de son prêt en Belgique?). Chose certaine, Olivier Renard a plusieurs coups d’avance sur nos suppositions et son plan était probablement déjà en partie ficelé à la fin de l’été.

William Bédard (@WillBedMich)

Quelle est le bilan 2022 et la place 2023 de nos initiatives U22 (Robert Thorkelsson, Sunusi Ibrahim, Matko Miljevic)?

Pour Sunusi Ibrahim, l’avenir est nébuleux. Le pauvre attaquant au sourire étincelant a complètement disparu du radar durant la seconde moitié de 2022 et ne semblait absolument plus faire partie de l’équation, tout comme Ahmed Hamdi d’ailleurs. Toutefois, Ibrahim est sous contrat pour 2023. Il ne serait donc pas surprenant de le voir dans l’entourage du club la saison prochaine, sauf évidemment si Olivier Renard trouve une avenue pour se départir du joueur. Pour Thorkelsson et Miljevic, c’est bien différent. On est ici devant des cas où Olivier Renard a joué ses pions à l’avance. Ayant anticipé les départs potentiels de Mihailovic et de Miller, Renard a recruté leurs doublures. Cela donne donc des recrutements « en attente », en ce sens qu’ils grappillent des minutes ici et là, étant coincés par des titulaires. En attendant, ils se montrent quand ils le peuvent, ce qui permet au directeur technique de mieux évaluer leur cas, et de bien établir s’ils ont effectivement ce qu’il faut pour relever les titulaires en cas de transfert. À ce chapitre, l’avantage va à Thorkelsson, toujours propre, volontaire et efficace quand on lui a donné la chance de se faire valoir. Pour Miljevic, c’était plus difficile, mais il est toujours plus complexe de porter les souliers d’un titulaire par qui passe une grosse partie de l’animation offensive, surtout si on a un style sensiblement différent du joueur en question. Bref, pour répondre à la question, pour Thorkelsson, il ne faut pas envisager de changement radical en vue de 2023, si ce n’est la possibilité de voir plus de minutes si Miller ne parvient pas à revenir à son niveau de 2021, tandis que pour Miljevic, un recrutement pour remplacer Mihailovic poste pour poste est possible, ce qui renverrait le milieu argentin à son rôle de réserviste.

Concluons l’exercice en remettant nos trophées Viau Park pour la saison.

Défenseur de l’année : Joel Waterman
Joel Waterman avait déjà montré des signes très encourageants lors de la seconde moitié de la saison 2021, si bien que votre humble serviteur était prêt à lui donner les clés de la défense sans hésiter si Rudy Camacho ne revenait pas en 2022. On le sait, Rudy Camacho est revenu. Ça n’a toutefois pas empêché Joel Waterman de prendre les clés de la défense, et de devenir le patron d’une unité défensive souvent bien bonne, parfois maladroite, voire naïve, mais jamais vraiment mauvaise. Il faudra maintenant trouver le moyen de poursuivre la progression en 2023, non seulement personnelle, mais collective, histoire de gommer les petits défauts qui ont parfois coûté cher. Et Waterman à la Coupe du Monde, quoi.

Milieu de l’année : Victor Wanyama
Il n’y a pas photo. Victor c’est le pilier sur lequel l’ensemble du poids du temple repose. Victor c’est la solution quand on est coincé en relance, quand on est coincé en reconversion rapide, quand on ne sait plus quoi faire. Victor, il est là. Victor, il rassure tout le monde. Et donc, si Victor il est pas là, c’est pas pareil. On peut s’en passer un match ou deux, mais envisager l’avenir sans Victor, c’est autre chose. Mais bref, Victor Wanyama, c’était le cœur et les poumons du CF Montréal en 2022, et il faut se croiser les doigts pour que les astres (et sa femme) fassent qu’il soit de retour en 2023.

Attaquant de l’année : Romell Quioto
Rommel Quioto a fait du Rommel Quioto. Le bon vieux panzer hondurien a produit quelques moments de magie, et pendant ses absences, il faut bien reconnaître que ce n’était pas pareil. Comme du popcorn sans beurre. Rommel, il nous amuse, il nous épate, il nous fait rêver. Et malgré sa saison continuellement en stop-and-go, le seul qui nous a vraiment fait lever de notre chaise, c’est Rommel. Oui, il y a eu Mihailovic. Mais c’est pas Rommel. Rommel, c’est un artiste. De rue, certes, mais un artiste quand même.

Ainsi se termine cet excitant chapitre de l’histoire de l’Impact de Montréal. Passons maintenant en mode mercato, dont la première étape viendra nous donner sûrement des éléments de réponse à certaines des questions posées ici : le club a jusqu’au 14 novembre pour annoncer quelles seront les options levées et déclinées.