Montréal-Orlando : Trois constats sur l’Impact

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Aaah, Orlando! Orlando, c’est comme le méchant de l’histoire. Il finit toujours par réapparaître et sa présence est toujours désagréable. Orlando, c’est le Joker dans Batman. Darth Vader dans La Guerre des Étoiles. En fait, non. Orlando, c’est Gargamel dans les Schtroumpfs. Il est laid, un peu con et fomente toujours des plans qui ne tiennent pas la route. Comme lors de cette soirée au stade Saputo, où malgré tous ses efforts, toutes ses ruses et toutes ses idées, c’est l’Impact qui a encore une fois prévalu. Au moins, Gargamel aura fourni un excellent test pour amorcer les séries. Parce que oui, Montréal a bien réagi et s’est par le fait même donné un très bel élan. Un pas en avant et trois constats.

1) Montréal a très bien joué
Constat facile, je vous le concède. Mais à la vue des récentes performances à domicile qui laissaient à désirer, c’est plutôt une excellente nouvelle. La concentration était totale, les gestes étaient appliqués, le système était respecté et on a joué le jeu qu’il fallait jouer, de manière efficace. Même si, ultimement, on aurait aimé plus de tirs cadrés (et même, parfois, on en est venu à espérer un tir cadré tout court), il faut reconnaître que Montréal a dominé son sujet, et que s’il y a eu quelques feux, rapidement éteints par la profonde nullité d’Orlando dans le dernier tiers, on n’a jamais vraiment eu de craintes quant à l’issue positive de ce match. Bref, Montréal a très bien joué. Mais cette rareté sur le plan des tirs cadrés demeure, comme une brume tenace au petit matin qui enveloppe tout d’un flou fantomatique d’où pourrait surgir sans klaxonner l’autobus de la catastrophe. Attention, donc, aux risques apportés par un éventuel adversaire moins gauche en finition que Gargamel.

2) L’Impact s’est bien adapté
Le piège était gros. Bien évident. Il ne manquait qu’une pancarte PIÈGE avec une flèche planté juste à côté. Et Montréal n’est pas tombé dedans. On connaît Orlando. Toujours là à venir piquer, ricaner, bousculer, insulter. Bref, tout sauf jouer au foot, quoi. Car au jeu du type le plus désagréable sur le terrain, c’est toujours Orlando qui gagne. Et donc, c’est par le foot que devait venir la solution, naturellement. Après une première mi-temps fermée, difficile, lourde par moment, il fallait trouver la combinaison qui permettrait de mieux respirer. En poussant plus de joueurs devant, en réorganisant les pions, en demandant à Samuel Piette de s’impliquer plus dans la construction. Le jeu de Montréal a été libéré, Orlando s’effaçait de plus en plus. Montréal prenait de l’ampleur, s’insérait dans chaque espace, étouffait son adversaire. Un peu trop même, car le positionnement très haut sur le terrain (au-delà du rond central!) des deux défenseurs centraux laissés en retrait en phase de possession aurait pu mettre Montréal dans de beaux draps. Or, la prise de risques a payé. Il suffisait d’une erreur, elle est venue, Koné a marqué. Mais… attention aux risques apportés par un éventuel adversaire moins gauche en contre-attaque que Gargamel.

3) Koné a montré beaucoup de maturité
On vous en avait parlé la semaine dernière de cette prise de maturité du jeune milieu international canadien. Nous avions alors utilisé ces termes : « On a vu un Ismaël Koné solidifié par une saison d’expérience en Major League Soccer et quelques présences en équipe nationale. » Et cette maturité, ce gain d’expérience, a encore une fois largement paru lors de ce premier match en séries pour Koné. Disons-le franchement : Koné, c’est l’homme du match, comme en fait foi le trophée qui lui a très justement été remis après le match. Mais Koné, c’était aussi un des pires joueurs sur le terrain après un quart d’heure de jeu. Ça n’allait pas du tout. On a même vu Wilfried Nancy lui crier des directives avec l’air courroucé. Et puis, subitement, il y a eu un déclic. Comme si on avait redémarré l’ordinateur interne de l’homme de NDG. Tout s’est mis à fonctionner, et de mieux en mieux, jusqu’à atteindre une vitesse de croisière inégalée par les autres autour de lui. C’était juste, c’était propre (mais pas toujours… à la Koné, quoi), c’était inspirant. Ismaël Koné a mérité autant son but que son ovation, laquelle a d’ailleurs provoqué automatiquement des applaudissements de golf de la part du mal élevé membre de la tribune de presse que je suis. Au diable le décorum. Ismaël Koné nous offre son meilleur foot en carrière. En séries. Laissez-moi voler tranquille à bord de Koné Airlines, s’il vous plaît.

Au terme du match, le rédacteur en chef d’un magazine québécois spécialisé en soccer m’a dit : « Ça devient sérieux. » Mais oui, fidèle lecteur ou lectrice. Si tu n’as pas encore compris ce qui se trame, il est temps de te mettre à la page. Les choses se passent. Montréal, c’est pour de vrai, je te l’ai déjà dit plusieurs fois. Et cet affrontement contre l’imbuvable adversaire floridien constituait probablement le meilleur test possible pour la suite des choses. Parce que l’Impact y a prélevé une bonne dose de confiance. Parce que l’Impact a montré qu’il était bien là physiquement, techniquement, tactiquement et mentalement. En fait, Montréal n’a jamais été aussi solide sur tous les plans. Pas même lors de cette improbable épopée jusqu’en finale de Ligue des champions. Jamais. Ce qu’on a sous les yeux est particulier. Très particulier.

La suite dimanche 13 h, à la maison. Soyez là.