Franchement, on ne sait plus quoi écrire. Il y a des choses qui sont tellement ahurissantes qu’elles en deviennent indescriptibles. Cette (fin de) soirée au stade Saputo en fait partie. Cette équipe, qui bat des records, est également du lot. Cette foule, qui n’a jamais chanté aussi fort que pendant cette trentaine de secondes de folie à la 92e minute, est entrée elle aussi dans la légende. Cette saison a d’ores et déjà marqué les annales du club et, avec cette qualification arrachée dans les dernières secondes, elle ne fait que commencer. Mais une question planait en quittant le stade vendredi soir : n’a-t-on pas fêté avec un peu trop d’ardeur le fait que Montréal n’a en somme encore rien gagné? Une qualification et trois constats.
1) Le jeu en possession a longtemps été imprécis
Ce qui frappait en début de match était l’incapacité des Montréalais d’aligner trois passes. Ou, parfois, une seule. En fait, on a assisté à un festival de passes imprécises, mais pas toujours ratées pour autant. Une fois trop longue, une fois dans le dos, une fois trop courte, une fois télégraphiée, une fois en touche, une fois carrément dans les pieds de l’adversaire et hop, on recommence. Le mal semblait affliger tous les joueurs habillés en noir et ralentissait gravement le jeu. Ça manquait de punch, ça manquait de précision, et c’était donc difficile d’aller asseoir le jeu dans la moitié de terrain des visiteurs. Visiteurs qui, par ailleurs, avaient décidé de jouer au foot, et dès le début du match. Et donc, on a vu un CF Montréal obligé de travailler fort dès les premières minutes. Cela rend la résurgence de fin de match encore plus impressionnante. Signe que cette équipe est bien préparée physiquement. Mais ça a longtemps été compliqué… jusqu’à tard en seconde mi-temps.
2) James Pantemis a gardé son équipe dans le match
La question des gardiens aura fait télécharger beaucoup d’octets cette saison, mais la situation semble réglée pour l’instant. Quand ce n’est pas Breza qui sort une bonne prestation en relève, c’est Pantemis qui fait de l’excellent travail dans des conditions pas toujours faciles. Comme lors de ce début de match contre Columbus. Alors que Montréal se cherchait (sans se trouver), Columbus en profitait pour montrer les dents, et ce, plusieurs fois. Mais Pantemis était bien présent. Calme, serein, juste à la relance, mais surtout impérial dans ses interventions. Ses quelques arrêts dans la première demi-heure de jeu étaient non seulement essentiels pour éviter un dérapage incontrôlable, mais ils étaient diablement bien exécutés. Propres. Étincelants. Rassurants. On a frôlé la catastrophe, mais Pantemis était là.
3) La montée de Joaquin Torres a fait du bien
C’est peut-être un peu passé sous le radar, mais une des bonnes prestations lors de ce dernier quart d’heure de folie était celle de Joaquin Torres. Sans être décisif, ni même étincelant, Torres a fait beaucoup de bien à une attaque montréalaise jusque là un peu trop statique pour être en mesure de faire basculer le match. Torres a amené une autre dimension dans le jeu montréalais, soit des percées balle au pied pour déstabiliser l’adversaire et « foutre le feu » dans la ligne arrière des visiteurs. Son côté imprévisible a fait reculer de plus en plus Columbus, ce qui a permis de libérer des espaces pour ses coéquipiers et de plus facilement assiéger la surface adverse. Bref, son profil de dynamiteur était un atout essentiel pour semer la pagaille dans le camp adverse et libérer Montréal. Un autre attaquant qui se plante entre deux défenseurs en attendant le ballon n’aurait rien amené de pertinent. Il fallait un brin de folie pour dynamiser l’ensemble. Torres a réussi sa mission.
Et donc, Montréal s’est qualifié pour les séries, l’atmosphère était à la fête, on semblait avoir atteint les plus hauts sommets… avec un match nul. Ce qui porte à un point la récolte lors des deux derniers matchs à domicile. Ajoutons à cela une performance positive à Toronto, mais qui n’était pas sans une entame de match atroce. Vous voyez où je veux en venir. Attention à la marche. Mind the gap, comme ils disent à Londres. Pète-toé pas la yeule, comme ils disent à Joliette. Parce que, non, tout n’est pas au beau fixe dans l’univers de l’Impact. Les émotions ont pris le dessus et on a l’impression que plus rien ne peut arrêter la bande à Nancy. Mais… un point sur six à domicile, mes amis. C’est bien de gagner beaucoup sur la route, mais dans l’optique où il est pratiquement certain que Montréal jouera à la maison en séries, ce serait bien de resserrer le jeu à domicile. Si les séries commençaient demain, Montréal accueillerait… Columbus. Vous voyez où je veux en venir. Pète-toé pas la yeule, Impact. Pète. Toé. Pas. La. Yeule.
Chicago, mardi, au stade Saputo. Fix it, Wilfried.