On peut être un fan de tous les instants. On peut être un occasionnel, qui suit de loin et regarde uniquement les « gros » matchs. On peut être un fan d’une autre époque, qui garde toujours un œil sur le classement. On peut carrément être fâché et bouder le club pour toutes sortes de raisons, voire pour quelques lettres. On peut aussi suivre le club seulement quand il gagne. On peut même ne pas vraiment aimer ça, le soccer. Mais ce qui rassemble tout le monde, tout le temps, c’est une bonne grosse fessée donnée à Toronto, fesses toutes rouges et larmes incluses. Au fond, c’est pour ça qu’on est là, à temps plein comme à temps partiel. Quatre claques et trois constats.
1) Le CF Montréal leur a fermé la trappe
Il n’y a pas de constat plus évident et plus satisfaisant que celui-là. Malgré un départ en fanfare et la promesse apparente d’une soirée inoubliable pour les Reds, le CF Montréal avait un autre plan, nommément celui de remettre les points les i. Ce faisant, Montréal a remis les points sur les i, mais aussi les barres sur les t, en plus de replacer l’église au milieu du village. Et les répercussions se font sentir bien au-delà de Toronto et de Montréal. Parce que, pour une fois, vu le moment du match, beaucoup de monde ailleurs avait un œil tourné vers le stade torontois. Et cette retentissante victoire aura non seulement fait office de bâillon sur la bouche bien trop souvent ouverte de l’ennemi torontois, mais en plus, elle aura aussi fermé la trappe de ceux qui, ailleurs, ne jurent que par les quelques ténors habituels, voire par quelques gros noms bien trop grassement payés pour disparaître après 25 minutes de jeu. Kamal Miller l’a bien dit : les questions posées aux joueurs montréalais avant le match portaient surtout sur comment Montréal allait faire pour contrecarrer les plans du redoutable Toronto FC, alors qu’elles auraient évidemment dû être orientées dans l’autre sens. Cette saison, par rapport à Toronto, Montréal était, a été et sera (s’il y a lieu) la meilleure équipe. Et ça, tout le monde, surtout à Montréal, aurait dû le savoir bien avant cette remontada.
2) La circulation de balle était diablement efficace
Pendant ce match, nombreux ont été les flash-backs ramenant à cette période pas si lointaine où la fameuse relance courte était sujette à débat et où bien des experts recommandaient d’abandonner cette idée complètement démente, vu que Montréal n’était « pas Barcelone ». Dimanche à Toronto, l’Impact n’était pas Barcelone, non. C’était plutôt une machine au fonctionnement bien rodé, précis, expéditif, chirurgical. De la pression haute de la part des Reds? Pff! Un triangle, du jeu en une touche, tic, tac, toc, un autre triangle, rebelote, on profite du trou laissé en milieu de terrain, on est partis, et Lorenzo ne parvient plus à suivre. Tout au long du match, c’était ça. Aucune panique, un jeu rapide, mais réfléchi, des automatismes, un parfait contrôle. Ce n’était pas facile, mais ça avait l’air facile. Et plus haut sur le terrain, c’était joli aussi, comme on a pu le voir sur le but de Miller, qui a ouvert les vannes. Bon, d’accord, Toronto, ça reste une équipe médiocre, surtout en défense et avec son gardien minable, mais tout de même, il fallait savoir profiter des espaces et faire les bons choix aux bons moments. Ce fut le cas, comme souvent. Parce que cette machine est efficace, puissante et, si lancée à pleine vitesse, inarrêtable. Comme quoi ça paie de ne pas changer de façon de jouer chaque fois que quelqu’un fait une erreur.
3) L’Impact, c’est pour de vrai
Ultime constat de cette séquence qui, si vous avez bien suivi, devait nous permettre de répondre à la question : « L’Impact, c’est pour de vrai ou pas? ». Cette façon de rebondir, après une défaite dans la douleur à domicile contre les représentants du New Jersey et un début cauchemardesque à Toronto, ne laisse plus aucun doute sur la solidité mentale de ce groupe. Ça, c’est réglé. Et sur le terrain, on a aussi vu énormément de qualité rejaillir après un coup dans l’eau. Ça aussi, c’est réglé. Le seul bémol qui subsiste, c’est cette apparente fragilité dans le jeu défensif sur les longues passes derrière la défense ou dans les espaces laissés vacants par les latéraux. Après de nombreuses années à entretenir une longue liste de problèmes et de points à améliorer, l’Impact de Montréal se retrouve parmi les meilleures équipes de l’est de la ligue, avec un seul point faible, hormis quelques petits détails portant sur la profondeur ou l’apport individuel de certains éléments, choses propres à toutes les équipes, celles du top inclus. Bref, vous pouvez commencer à avertir voisins et collègues : l’Impact, c’est vraiment pour de vrai.
En guise de conclusion, on aurait pu parler du coach qui a carrément bouffé son vis-à-vis chouchou de la presse américaine. On aurait pu aussi parler de la performance inspirée et efficace de Mathieu Choinière, qui semble définitivement ressuscité après avoir presque été enterré plus tôt cette saison. On aurait pu parler de l’engagement de Jonhston, Wanyama, Milller, Kamara et les autres. On aurait pu parler de Piette, responsable malheureux du début de match catastrophique, puis étincelant. Or, il convient plutôt de terminer sur un point important. Sur un point crucial, en fait. Sur des mots lourds de sens. Si vous ne deviez vous rappeler que d’une phrase parmi les milliers de mots rédigés cette saison, ce serait celle-ci : nous avons devant nos yeux la meilleure équipe de l’histoire de l’Impact de Montréal depuis son entrée en Major League Soccer. Franchement, c’est tout ce qu’il faut savoir. Avertissez voisins et collègues. C’est maintenant que ça se passe.
Prochain client, Columbus au stade Saputo, un vendredi soir. Ça s’annonce particulièrement spécial. Ne manquez pas ça.