Chers lecteurs, je dois vous avouer quelque chose : je vous avais oubliés. Eh oui. C’est ce qui se produit quand on assiste à un match aussi terne et peu mémorable que celui auquel on a eu droit au stade Saputo contre les visiteurs du New Jersey : on ne retient tellement rien que le lendemain matin, on a déjà oublié qu’on a vu un match la veille. Et par conséquent, on oublie aussi qu’on doit rédiger une chronique. Bref, ce n’était pas le match du siècle, mais donne-t-il des éléments réponses à la question posée lundi dernier? Un peu, oui. Un oubli et trois constats.
1) Nancy aurait dû enlever Mihailovic du match
On aurait pu simplement parler du joueur, qui avait l’air un peu perdu, touchait très peu le ballon et ne faisait rien avec lorsqu’il l’avait au pied. On aurait pu faire des blagues foireuses sur le fait qu’il joue pour Alkmaar maintenant, plus pour Montréal. On aurait pu parler de cape d’invisibilité, de fatigue, de grosse semaine sur le plan des émotions pour le jeune américain. Mais sur le terrain, la réalité était que l’adversaire avait basé l’essentiel de son plan de match sur la neutralisation du numéro 8 montréalais (et sur autre chose dont nous parlerons plus bas). Chaque fois que Mihailovic touchait au ballon, deux ou trois adversaires étaient sur son cas. En fait, tout semblait tourner autour de Mihailovic autant du côté montréalais que du côté visiteur. Bref, le milieu était à la fois invisible et acteur principal du drame qui se jouait devant nos yeux. Et c’est pourquoi Nancy aurait dû l’enlever du match, après une heure de jeu, voire plus tôt, histoire de complètement changer la dynamique de cette catastrophe annoncée. En enlevant Mihailovic, Montréal aurait dû jouer un autre air, et son adversaire aurait lui aussi été forcé de changer de partition.
2) La défense est encore et toujours vulnérable aux longues balles
L’autre aspect du plan de match du New Jersey était de surprendre la défense montréalaise avec des passes dans son dos, principalement de longs ballons du côté de Corbo et Johnston. Cette recette, pourtant éprouvée face à la bande de Nancy, semblait avoir été abandonnée par ses adversaires depuis quelque temps. Mais grâce aux visiteurs du jour, nous avons pu voir que les difficultés en défense sur ce genre de ballons existent toujours bel et bien. Et cela ébranle un peu (mais pas trop) les colonnes du temple que nous étions en train de fabriquer dans nos esprits. Cette lacune doit absolument être effacée si Montréal veut faire quelque chose de probant contre des équipes plus « intelligentes », comme le sont celles du top de la partie orientale du système de la Major League Soccer. Bien honnêtement, nul ne peut aspirer aux grands honneurs si sa défense se fait découper aussi aisément par des passes de 30 mètres. On attire la pression, on efface un homme, on choisit parmi les appels des quatre coéquipiers incrustés entre les défenseurs et hop, on envoie quelqu’un tout seul derrière la défense. Trop facile. Ou alors, encore mieux, on dégage, on arrive premier au ballon pour prolonger de la tête dans les espaces laissés par les latéraux partis loin devant et soudainement, c’est la panique du côté montréalais. Prévisible. Bon, cela dit, cette tactique a porté fruit, mais la plupart du temps, Montréal a quand même plutôt bien réagi. Cela démontre une amélioration. Mais il faudra en faire plus pour colmater cette brèche apparente.
3) Ça manquait de mouvement
Ok, il y a eu Mihailovic, muselé. Oui, il y a eu ces difficultés en défense. Mais le plus gros problème de Montréal était ailleurs. C’était amorphe. Lent. Pénible, même. Hormis en début de match, où on a pu admirer quelques mouvements bien synchronisés, la plupart amorcés par un Victor Wanyama en grande forme lors de la première demi-heure, l’Impact manquait de façon générale de ressort sous le pied. Si le ballon circulait quand même relativement bien par moments, l’absence de mouvement devant était criante et forçait les entreprises individuelles, comme celles de Torres, qui pour une fois s’est mis en évidence (ceci explique cela). Bref, si l’adversaire était orné de taureaux, le CF Montréal, lui, avait plutôt l’air des vaches dans le pré. On se regarde. On regarde le ballon. On se regarde encore. Et c’était le festival de passes qui ne font pas progresser le jeu. Heureusement, l’entrée de Mason Toye a eu pour effet d’amener un peu d’énergie devant, mais il était déjà un peu tard pour Montréal, dont le jeu était criblé par une série de changements désespérés qui avaient déstabilisé les bases.
Cela nous amène donc à cette question posée lundi : « L’Impact, c’est pour de vrai ou pas? » Ce match ne nous amène pas de réponse définitive (moi je dis toujours oui, ça n’a pas changé pour le moment). Pour y répondre de manière plus claire, il faudra voir la réaction à ce match et ce déplacement à Toronto, territoire hostile s’il en est un pour le Club de foot Montréal. Comment l’équipe réagira-t-elle? Comment Nancy et son personnel vont-ils aborder ce match? Toronto, en ce moment, ce n’est pas un adversaire commode. C’est un très sérieux test qui révélera principalement les capacités mentales de ce groupe et qui déterminera s’il a ce qu’il faut, entre les oreilles, pour grimper les échelons. Et ici, je ne dis pas qu’une victoire convaincante est nécessaire. En fait, le résultat est secondaire. Tout réside dans la manière, dans la qualité du combat livré. L’important, c’est de pouvoir quitter Toronto la tête haute. Bref, il ne faut pas jouer comme lors de ce triste match de milieu de semaine qui m’a fait vous oublier, chers lecteurs.
Next, les Reds.