Depuis l’arrivée de l’Impact en MLS en 2012, il y en a eu de belles prestations et des matchs mémorables. On se souvient de ceux-ci principalement pour le résultat (6-0), un événement particulier (Porter!), une réalisation ultime (gagner la coupe à Toronto) ou encore une remontée improbable grâce à un doublé rapide et spectaculaire (Drogba contre Chicago). Mais se souvient-on réellement du match comme tel? Pas vraiment. Cette fois, on ne retiendra pas en premier lieu le score, le doublé de Quioto ou le penalty fantôme de Miljevic. Non. Cette fois, on retiendra le match, la prestation collective et l’exécution, presque parfaite, d’un plan sacrément bien ficelé. Le tout livré devant un Nacho Piatti qui a probablement dû rêver toute la nuit à ces choses qu’il aurait pu réaliser avec une telle machine autour de lui. Un match référence et trois constats.
1) Montréal est un sérieux prétendant
Modeste, Wilfried Nancy ne voulait pas après le match parler du premier rang dans l’est comme d’un objectif atteignable. Il préférait se concentrer sur la qualification pour les éliminatoires, même si celle-ci a de plus en plus l’air d’une formalité. Et l’entraîneur a raison. Car le premier rang, demandez à Breza, il va vous le dire : on s’en bat les couilles. Ça ne vaut rien. Rarement on voit l’équipe ayant accumulé le plus de points en saison soulever la Coupe MLS. Généralement, la Coupe MLS est remise à une équipe qui trouve son élan au bon moment. Celle dont le travail acharné porte ses fruits quand on commence à compter le nombre de matchs qu’il reste avant les séries. Et en salle de presse après le triomphe contre New England, on pouvait justement entendre « il ne reste que quatre matchs à domicile » ou encore « avec huit matchs à jouer d’ici la fin de la saison ». L’élan. Le moment. Le match référence. Tout tombe en place pour Montréal, qui s’affiche comme un sérieux prétendant en vue des séries. Mais ce n’est pas qu’une question de timing…
2) Il y avait un petit quelque chose dans l’air
Si avant le match, on parlait plus de l’absence de Mihailovic que de la possibilité que Montréal éclipse totalement New England sans son meneur de jeu, après le match, l’ambiance était tout autre. On sentait ce petit quelque chose de spécial. On voyait l’étincelle dans les yeux de tout un chacun. Il y avait cette connexion entre les joueurs et cette communion avec le public. Ce « Sweet Caroline » chanté à tue-tête, comme s’il devenait l’hymne portant vers la suite des choses. Un sentiment qui avait un petit air familier : un coach qui amène quelque chose de cohérent, une identité et un sentiment d’appartenance, le tout conjugué à un groupe soudé capable de réaliser des choses, mais aussi un public présent et intégré à l’ensemble, comme un membre de la famille. Tout, mais absolument tout, rappelle la fameuse saison 2009, et ce magique « whatever it takes » devenu symbole, du moins pour un moment, de l’Impact de Montréal.
3) Choinière a joué son meilleur match de la saison
Wilfried Nancy avait décidé de mélanger un peu les cartes pour la réception de New England, et Mathieu Choinière, auteur d’une prestation juste en milieu de terrain lors du match précédent, avait été replacé au poste de latéral-ou-milieu gauche, derrière un Lappalainen réaffecté à son poste naturel d’ailier. Ce faisant, Nancy a découvert une nouvelle animation gagnante, atout qu’il pourra ajouter à son arsenal d’ici la fin de la campagne, contre les équipes qui se disent qu’il suffit de bloquer le milieu contre Montréal, par exemple. Parce que Mathieu Choinière semblait complètement libéré dans cette espèce de poste de relais hybride semi-latéral, semi-ailier, sur un flanc gauche en garde partagée avec Lappalainen. C’était probant autant pour le Québécois que pour le Finlandais, mais Choinière, omniprésent, a clairement été un des meilleurs joueurs sur le terrain. Juste balle au pied, propre dans ses interventions défensives, pratiquement tout le temps bien placé, le produit de l’académie a entièrement redoré son blason qui était pourtant bien terne il y a à peine trois matchs de cela. À l’origine du 2-0, on pourrait presque le créditer pour le but tellement il a été instrumental dans sa réalisation. Du grand Choinière, qui rassure tout le monde au moment opportun.
Nous ne sommes pas trop entrés dans les détails tactico-techniques dans les constats, mais ce qu’il faut retenir, d’abord et avant tout, c’est que l’Impact de Montréal nous a offert son meilleur match depuis son entrée en MLS. Sans Marco Di Vaio. Sans Didier Drogba. Sans Patrice Bernier. Sans Nacho Piatti. Mais surtout, sans Djordje Mihailovic et Rudy Camacho. Samedi, Montréal a tiré un coup de semonce. La ligue sait désormais que Montréal est armé et dangereux. La ligue sait désormais qu’elle devra faire attention au hors-la-loi venu du froid. La ligue sait désormais qu’elle devra mettre à prix la tête de ce Montréal incontrôlable et létal. Pour gravir la montagne, il leur faudra d’abord éliminer l’ennemi montréalais. Montréal, c’est du lourd, c’est réel et c’est maintenant que ça commence.
Direction Chicago pour le début de la suite.