Le CF Montréal en trois questions (saison 2022, épisode 4)

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On ratisse large cette semaine pour les trois questions et on aborde la construction du jeu à partir de l’arrière, on creuse la pyramide de développement de l’académie et on se demande si l’arrivée de la marque à la pomme est une bonne chose dans le contexte du marché montréalais. Wanyama, la PLSQ et Apple TV, c’est parti.

Bo Yin (@boyinboyinboyin)
Est-ce que Wanyama est un bon profil de pivot pour jouer de l’arrière dans le système de Nancy?

La réponse est oui et Victor Wanyama le prouve match après match. Son exceptionnelle capacité à protéger le ballon et à se sortir seul des situations complexes pour remettre la balle à un coéquipier démarqué en fait le joueur tout indiqué à poster devant la défense. Wanyama ne flanche pour ainsi dire jamais sous pression et est le type de joueur tout indiqué pour jouer de l’arrière dans le système actuellement préconisé par Montréal. Ce n’est pas pour rien qu’il a été un des premiers renforts obtenus sous l’ère Henry, qui avait choisi lui aussi de construire à partir de l’arrière. Wanyama est un élément essentiel de la bonne marche du système de jeu. Il faudra songer à soit le ramener en 2023, soit le remplacer par un joueur ayant des capacités similaires.

Danny Poirier (@bibibanax)
Quand on voit Farsi en MLS, les autres équipes se joindre à la MLS Next PRO et les résultats du CF Montréal, est-ce que la PLSQ est encore la meilleure approche?

Comme je l’ai maintes fois expliqué dans le passé, non, la PLSQ n’est pas la meilleure approche en matière d’équipe réserve. Elle ne l’a jamais été. Et ici, je n’entends pas qu’il ne faut pas y placer une équipe, loin de là. Il en faut une, principalement pour développer les joueurs U21. Mais il faut aussi un autre palier, U23, qui pourra servir de rampe de lancement et d’équipe réserve. Cela manque cruellement. Dans l’état actuel des choses, selon ce que j’ai pu comprendre, le CF Montréal aligne des équipes en MLS Next dans les catégories U15 et U17, puis arrive le saut vers l’équipe de PLSQ, techniquement étiquetée U23. Bref, il manque des échelons à l’échelle. Dans un monde idéal, Montréal alignerait aussi une équipe U19 en MLS Next, puis une équipe U21 en PLSQ en plus d’avoir sa réserve (U23) en MLS Next Pro, échelon de post-formation. Enfin, non, dans un monde vraiment idéal, on jouerait dans un championnat canadien et on aurait une équipe à tous les niveaux de développement à l’échelle nationale. Mais on est très loin de ça et c’est un autre débat.

SimPaq (@SimonPa09460070)
Selon vous, l’accord avec Apple, une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le marché particulier de Montréal?

J’essaie habituellement de me concentrer uniquement sur l’aspect sportif, mais je fais entorse à mon propre règlement pour répondre à cette épineuse question. S’il y a un marché dans lequel une telle entente risque de causer des dégâts, c’est bien Montréal. Soyons francs : attirer des téléspectateurs était déjà un défi. Dans cette optique, il est plutôt difficile d’envisager que les gens qui ne sont pas déjà acquis à la cause se tourneront vers une plateforme de diffusion numérique uniquement pour suivre le club. Le téléspectateur québécois moyen regarde le sport… parce qu’il passe à la télévision. Il est donc permis de douter qu’il fera le saut vers une plateforme, tout Apple soit-elle, qui demeure obscure pour le commun des mortels. Bon, évidemment, on parle de la possibilité de diffuser quelques matchs à la télévision, et c’est tant mieux. Cela devrait satisfaire le téléspectateur occasionnel, du moins pour un moment. L’éclipse partielle, voire totale, du CF Montréal sur les écrans québécois risque toutefois de causer de profondes difficultés sur le plan de l’attraction de nouveaux supporters et donc de nouveaux abonnés. Certes, l’entente de diffusion devrait rapporter un montant annuel non négligeable au club, mais le dicton le dit : « loin des yeux, loin du cœur ». Si attirer des téléspectateurs était un défi, le défi risque maintenant de devenir celui d’attirer des spectateurs, et ce, sans la visibilité qu’apporte la diffusion télévisuelle traditionnelle. Mais bon, le milieu du sport change, et les revenus de diffusion sont désormais nettement plus importants que les revenus de billetterie. J’imagine que les sièges vides sont un détail quand on brandit la promesse de revenus garantis à long terme. Mais combien de temps pourra-t-on supporter ce modèle?

Voilà qui conclut un autre épisode des trois questions. Merci à toutes et à tous pour vos questions; sans vous, cette chronique n’existerait pas.