Le CF Montréal en trois questions (saison 2022, épisode 3)

Publié par

Eh oui, pas moins de sept jours après le second épisode de cette chronique en 2022 arrive le troisième numéro. Comme promis, je ne vous ai pas laissés tomber. Cette semaine, vous êtes (encore) fixés sur le mercato et… sur Mathieu Choinière (même si on a analysé son cas en profondeur la semaine dernière). Vous m’excuserez donc d’avoir choisi en ayant la variété en tête. Trois questions, c’est parti.

Pierre TREMBLAY (@PierreT55627332)
Que penses-tu du jeu de Miljevic dans les 30 derniers mètres?

Miljevic, comme je l’ai déjà expliqué, est la doublure de Mihailovic. S’il fallait que Djordje plie bagage, son suppléant serait Matko, poste pour poste. On connaît l’aisance de Mihailovic aux alentours du grand rectangle, mais que fait Miljevic dans le dernier tiers? Personnellement, je l’ai trouvé pas mal. Par contre, son style repose principalement sur la perforation de la défense en s’appuyant verticalement sur un coéquipier, et ça, c’est souvent difficile pour Montréal, qui aime plutôt écarter le jeu. Pour être plus clair : balle au pied, Miljevic aime chercher les joueurs qui, dos au but, pourront jouer en une-deux avec lui, pour lui permettre de s’insérer derrière la défense. C’est là où il excelle, ou du moins, où il semble exceller selon ce qu’on a vu de lui dans un système qui met globalement autre chose de l’avant. Chose certaine, si on lui donne du temps balle au pied, Miljevic peut faire sauter les verrous. Et du temps balle au pied, Montréal peut lui en procurer suffisamment. Maintenant, il lui manque sa cible, celle qui joue dos au but et avec qui combiner. Quioto peut le faire, mais se retrouve un peu trop souvent ailleurs que là où il devrait pour servir de point d’ancrage. En fait, du peu qu’on a vu, il semble que l’homme qu’il lui faut est en train de se remettre d’une grave blessure : Bjorn Johnsen.

JS Bournival (@jsbournival)
Avec Waterman qui progresse substantiellement et Camacho qui semble faire du sur-place, comment vois-tu l’avenir de notre charnière centrale?

L’avenir de la charnière centrale est écrit… dans le passé. N’oublions pas que Montréal semblait s’engager dans la saison 2022 sans Rudy Camacho. Sur le plan des arrivées, on a enregistré le passeport de Gabriele Corbo et celui d’Alistair Johnston. Si Corbo aurait, admettons, pu substituer Camacho, Johnston, lui, n’était clairement pas venu ici pour occuper le poste central de la défense à trois. En fait, on peut arguer (ce que je fais depuis son arrivée) que Johnston était venu ici pour jouer dans le couloir droit. Ça laissait donc une réelle arrivée en défense centrale, soit celle de Corbo. Visiblement, l’homme qui devait prendre le rôle central était Joel Waterman. Si à la dernière minute on a choisi de prolonger l’aventure avec Camacho, il reste que depuis le début de la saison, le défenseur qui se met le plus en vue est Waterman. Cela indique qu’il était prêt à recevoir les clés de la maison, scénario que j’anticipais avec hâte. Selon l’entente paraphée, Camacho sera encore là en 2023, mais on peut envisager une éventuelle transition du poste vers Waterman, de cinq ans le cadet du défenseur français.

Emil (@EmilASoccer)
Concernant le départ de Schiavoni et la signature de Farsi à Columbus (et Abzi en France) : de simples accidents de parcours/erreurs d’évaluation individuelles, des départs normaux ou une source d’inquiétude?

Voilà 12 ans que l’académie de l’Impact de Montréal a été fondée. Quel est le bilan que l’on peut en tirer? En 12 ans, combien de joueurs issus de l’académie ont réellement eu un rôle valable et réel à jouer au sein de l’équipe première? Quel joueur peut-on brandir fièrement comme un joyau du club, formé ici, par nous? Et ici, je parle d’un joueur dont les faits d’armes se sont passés en portant le maillot de son club formateur, pas celui de Vancouver ou du LAFC ou encore d’un club de CPL. Un jour, je discutais avec un des responsables de l’académie qui me disait que le meilleur qu’ils avaient eu, c’était Mathieu Choinière, et qu’il avait excellé à tous les paliers. Non, mieux que ça : il avait été le meilleur à tous les paliers. Meilleur que son frère. Meilleur que Ballou. Le summum. Il y avait lui, et derrière, tous les autres. Même pas proche. Si au moins celui-là porte le maillot de son club formateur, on ne peut que constater pour le moment qu’il peine à s’imposer en MLS. Et il ne semble pas sur le radar de l’équipe nationale. Douze ans d’académie, et le meilleur des meilleurs a de la difficulté à faire sa place en équipe première. Bref, la conclusion, c’est que l’académie ne parvient pas à former des joueurs pour l’équipe première. Est-ce un problème de détection? Peut-être. Mais je doute que le personnel du club n’ait pas remarqué Abzi ou Farsi quand ils jouaient dans les rangs amateurs. Ils étaient difficiles à manquer. Est-ce un problème de structure? En grande partie oui. Pendant longtemps, il manquait deux paliers pour faire le lien entre les jeunes et les pros : U21 et U23. Si la situation est en partie réglée avec l’équipe de PLSQ (étiquetée U23, mais plutôt U21, voire U19 en réalité), il demeure un palier inexistant dans l’équation (celui d’une réelle équipe réserve). Si tu paies pour une académie, tu dois t’assurer que la structure ait tous les échelons dont elle a besoin pour produire des joueurs. Sinon ça complique largement le processus de développement. Et ça, il y a fort à parier que certains joueurs (surtout ceux qui sont bien conseillés) le constatent et s’orientent donc vers d’autres options. Bien honnêtement, vous, vous opteriez pour la route CF Montréal ou pour le sentier PLSQ-CPL?

Ainsi se termine cet épisode des trois questions dans lequel je suis parvenu à parler de Mathieu Choinière malgré le fait que j’avais volontairement évité le sujet. À bientôt pour un autre épisode de Mathieu du CF Montréal en trois questions. Restez à l’affût.