Montréal-Toronto : Trois constats sur l’Impact

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Une porte de garage qui ferme en douceur, mais stoppe à cinq centimètres du sol. Un vélo acheté à fort prix qui roule parfaitement, mais dont les freins font un fort grincement chaque fois qu’on ralentit. Un mélangeur qui déchiquette tout, mais qui coince chaque fois qu’on y met un cube de glace. Un plat de tortellinis à la viande franchement appétissant, mais froid. Un film d’action IMAX avec des scènes absolument époustouflantes, mais sans les lunettes 3D. Le CF Montréal qui domine largement Toronto, mais qui ne marque pas. Trois points malgré tout et trois constats.

1) Ça manquait de buts
Alors, au final, on sort du stade avec le sourire, le moral est au beau fixe, on a vu du beau jeu et tout ça. Oui. Mais Montréal n’a pas marqué. L’étincelant Quioto a beau nous dire après le match que le but est le sien, il reste que c’est un défenseur torontois qui a mis la balle au fond du filet, en se faisant bousculer par le sympathique Hondurien (ce qui pour certains arbitres aurait pu être synonyme de faute). Et autrement, hormis deux arrêts de Bono et un tir sur la barre, on peut difficilement prétendre que Montréal se soit créé un nombre d’occasions suffisant en fonction de la physionomie du match. Cinq tirs cadrés, dont deux réellement dangereux, contre un adversaire pauvre qui ne présente pratiquement aucune opposition, c’est insuffisant. Faut-il s’en inquiéter? Oui. Mais encore une fois, on a vite remarqué une progression avec l’arrivée de Toye sur le terrain. La solution se trouve probablement là. Et il y a peut-être un probablement de trop dans cette phrase.

2) Piette était un atout offensif
Eh oui. Loin derrière nous se trouve le légendaire épisode de la joute twittesque entre votre humble serviteur et le principal intéressé à propos d’une passe en retrait. Parce que le Samuel Piette de l’ère Rémi Garde n’existe plus. Depuis, le milieu québécois a appris, d’abord sous la supervision de Thierry Henry, puis sous celle de Wilfried Nancy, à changer ses réflexes de base. Fini la sécurité, fini le « garder la possession avant tout ». Bon, évidemment, ça reste un joueur défensif de formation et il aura vite fait de récupérer et de sécuriser un ballon. Mais désormais, il lève plus rapidement la tête pour trouver des avenues vers l’avant. Et contre Toronto, Samuel Piette a profité des largesses laissées par les Torontois pour distiller des passes qui fendaient la défense. Passes dans le dos des défenseurs, diagonales qui renversaient le jeu et j’en passe. À gauche, à droite, au milieu, ses ballons ont mis à mal la défense torontoise à plusieurs reprises. Piette avait parfois des allures de meneur de jeu et ça faisait franchement plaisir à voir. [Prenons ici un bref instant pour contempler le chemin parcouru. C’est pas rien. Wow. Bon, continuons.]

3) Waterman est le meilleur défenseur montréalais
Oui, vous avez bien lu. Ce constat ne porte pas uniquement sur le match contre Toronto. D’ailleurs, contre Toronto, la soirée a été plutôt tranquille en défense et Waterman, s’il a fait le boulot défensif quand il devait le faire, s’est surtout exprimé balle au pied. Et le fait que Piette comme Johnston se sont mis en évidence lors du match n’est pas étranger à l’apport de Waterman, d’une propreté presque immaculée en relance. Mais revenons au constat. Il n’y a pas photo : Waterman est supérieur à Corbo et à Johnston du côté droit de la défense. Mais ce n’est pas tout. Cette saison, Waterman a aussi été supérieur à Miller du côté gauche de la défense, du moins défensivement parlant. Et on ne se le cachera pas, il fait au minimum jeu égal avec Camacho, match après match. Joel Waterman gagne en confiance et grandit depuis le jour où il a posé le pied à Montréal. Et sa progression marquée cette année nous fait nous demander où ça va s’arrêter. De plus en plus, Joel Waterman devient le patron de la défense montréalaise. Et, oui, j’écris ça en pensant à toi, Sieur de Twitter, chevalier des réseaux, qui l’avait crucifié après deux matchs, parce qu’il était « trop lent » pour la MLS. Mes hommages.

Sinon quoi d’autre? Ah, oui! Ne jamais hésiter. C’est la clé pour un gardien de but. Un gardien peut prendre la mauvaise décision; l’important c’est qu’il continue de prendre les informations et qu’il fasse, à partir de celles-ci, les bons choix pour se remettre dans le droit chemin. Sans hésiter. Car quand on hésite, on est mort. Transportons-nous à la 89e minute. Toronto profite d’un corner, lequel est envoyé vers le second poteau. Pantemis prend la mauvaise décision : celle de sortir. Or, il reconnaît très rapidement que c’est le mauvais choix. Sans hésiter, sans stopper, il rectifie son mouvement : de quelques pas vers l’avant, il passe à un rétropédalage pour revenir sur sa ligne. Il se place donc en bonne situation pour effectuer l’arrêt, s’il y a lieu. De fait, O’Neill reprend de la tête, mais Pantemis est au bon endroit, sur ses appuis, et fait tout comme il se doit pour dévier le ballon et sauver deux points. Était-ce un arrêt incroyable? Non. Était-ce du grand art que de rectifier son déplacement pour annuler son mauvais choix? Pas plus. C’est la base. Les fondements du poste. Il y a quelques semaines, après un autre match contre Toronto, j’écrivais : « le portier montréalais a prouvé qu’il pouvait apporter ce qu’il manque devant le filet du CF Montréal : un gardien. » Je réitère mes propos.

Allez, cap sur la capitale américaine pour y affronter le catastrophique DC United et son nouveau patron, le bon vieux Wayne Rooney.