« Eh ben, ça n’aura pas servi à grand-chose d’aller gagner à Seattle. » Cette remarque, très juste, a été entendue dans les tribunes du stade Saputo samedi soir, théâtre de la déroute du CF Montréal face à un Sporting Kansas City qui « avait du mal à faire deux passes consécutives », selon le capitaine du jour, Samuel Piette. Mais était-ce réellement surprenant? Depuis toujours, Montréal se présente là où on ne l’attend pas (voir Seattle) et se plante quand tout devrait bien aller. C’est connu. Montréal, c’est ça. Et donc, on commence à s’inquiéter en voyant les deux prochains faiblards adversaires prévus au programme. Un raté et trois constats.
1) « Peut-être » est-ce le moment de changer de gardien
« Peut-être ». « Peut-être » que ce lob de 45 mètres est la goutte qui fait déborder le vase. « Peut-être » est-ce simplement le fait de se faire lober comme un débutant… et de continuer à se positionner haut sur le terrain sans raison valable pendant tout le reste du match. « Peut-être » est-ce plutôt le fait que les joueurs se mettent en difficulté en refusant de jouer en retrait sur le gardien. « Peut-être » est-ce simplement la somme des erreurs qui commence à peser. « Peut-être » est-ce l’insistance des critiques qui fait son œuvre. « Peut-être » est-ce le vestiaire qui s’impatiente. Ou alors, « peut-être » a-t-on mal interprété les propos. On verra samedi.
2) Lappalainen à droite, c’était mieux que Lappalainen à gauche
À droite, Lappalainen était un membre influent de l’équipe, un rouage important du jeu montréalais, une menace sur son flanc et un problème pour Kansas City. À gauche, c’était un joueur ordinaire, lent, sans saveur et répétitif. Mais ça, on le savait avant que Wilfried Nancy ne fasse l’impensable : replacer Lappalainen, probablement son meilleur élément en première mi-temps, sur le flanc gauche, pour faire place à Mathieu Choinière, qui aurait foutrement bien pu jouer à gauche lui aussi, vu que c’est là qu’il s’est imposé en 2021. Alors, oui, il y a le gardien et tout ça, mais l’entraîneur, là-dessus, a lui aussi complètement raté son intervention. Et c’était tout autant prévisible qu’un gardien qui finit par se faire lober après être allé glander à 45 mètres de son but sans aucun motif valable. Raté.
3) Montréal n’est jamais parvenu à accélérer au moment opportun
Et par moment opportun, on entend surtout toute la seconde mi-temps. Si la disparition forcée de Lappalainen n’a évidemment pas du tout aidé Montréal (quand on se tire dans le pied, c’est toujours plus difficile de marcher après), force est de constater qu’ailleurs sur le terrain, ça n’allait pas non plus mieux en seconde mi-temps, au moment où il fallait faire la différence. En fait, Montréal, le tout Montréal, sur le terrain comme dans les tribunes, au lieu d’augmenter le rythme, s’est effacé progressivement à mesure que le match avançait. Entre remplaçants inutiles et supporters qui chantaient de moins en moins, ceux qui auraient dû insuffler une dose d’énergie dans le jeu montréalais au moment clé ont failli à la tâche. Sur la pelouse ou dans les travées, ça manquait de leadership pour réveiller les troupes. Et c’est dans un tourbillon de centres désespérés mal ajustés et de chants marmonnés que s’est terminée cette rencontre monotone au possible contre un adversaire de qualité douteuse. Lamentable.
Bref, c’était nul. Le seul truc divertissant c’était, vous l’avez compris, Lappalainen à droite. Mais comme à Montréal, on n’a apparemment pas le droit d’avoir du plaisir, il a fallu, encore, qu’on vienne nous enlever notre jouet. Mais dans l’absolu, ce n’est pas si grave. Montréal est à quatre points de la tête avec un match en main sur les Taureaux du New Jersey. Ça, c’est pour les optimistes. Les pessimistes, eux, auront vite fait de remarquer que Montréal est aussi à quatre points de la huitième place, tout en ayant joué un match de plus que Columbus. Eh oui. C’est aussi serré que ça. Et c’est pourquoi il est doublement important de ne pas jeter intentionnellement du sable dans son propre engrenage à domicile contre des équipes de faible valeur.
Parlant d’équipe de faible valeur, nos amis torontois seront en visite la semaine prochaine. Réservons-leur, comme à l’habitude, un accueil poli et amical.