Il y a des sports qui ne sont pas pour tout le monde. Le surf, par exemple. Il faut saisir le bon moment pour attraper la vague, puis trouver et maintenir son équilibre pour la chevaucher le plus longtemps possible, jusqu’à ce qu’elle meurt, idéalement. Autrement, on boit la tasse. À Los Angeles, le CF Montréal avait l’air d’un apprenti surfeur. Parfois incapable d’attraper la vague, parfois incapable de trouver son équilibre, parfois sur sa planche, mais sans être capable d’aller jusqu’au bout. Plouf, blublublub, crache, tousse tousse. Quatre tasses et trois constats.
1) Lassi Lappalainen est meilleur à droite
En voyant Lassi Lappalainen s’aligner à droite à Los Angeles, j’ai tout de suite eu des flashs de son bref passage plutôt réussi sur le flanc droit en Ligue des champions, auquel j’avais déjà fait référence dans le passé. Ma curiosité était donc piquée, pour ne pas dire que mes attentes devenaient soudainement plus importantes. Et cette fois encore, le Finlandais a offert une prestation intéressante à droite. Énergique, vif, rapide, technique, même, Lappalainen a causé des problèmes au LA Galaxy dès les premières minutes de jeu. Coïncidence? Je ne crois pas. Lappalainen est plus à l’aise sur son pied droit et avait beaucoup plus de facilité à dribler et à centrer avec la ligne de touche à sa droite. Est-ce que c’est une bonne chose? Pas vraiment. Le problème demeure sur le flanc gauche et ça commence à faire pas mal de monde à droite.
2) C’était compliqué au milieu
On va se le dire, ni Wanyama ni Piette n’ont connu un grand match. Et devant eux, c’était encore une fois un peu mince pour Koné, qui vit de plus en plus sur la légende de son début de saison tout feu tout flamme plutôt que sur la constance de son apport en milieu de terrain. Évidemment, si ça ne marche pas au milieu, ça devient tout de suite plus difficile pour Montréal de faire quelque chose de probant en se fiant presque uniquement aux latéraux pour animer le jeu. L’absence de courroie de transmission frappe encore, même si le problème avait pourtant été réglé à Seattle. Mais parlant de problème, il y en a un autre, plutôt important : le Galaxy vient, au milieu d’un défilé ponctué de jongleurs, d’éléphants, d’acrobates et de cracheurs de feu, de dévoiler à toute la ligue une gigantesque bannière disant « BLOCK THE MIDDLE AGAINST MONTREAL ».
3) Montréal s’en est plutôt bien sorti sous pression
Au moins, autant le Galaxy a freiné le milieu montréalais (même si Nancy ne s’est pas aidé en alignant deux milieux au profil défensif, disons-le), autant les Montréalais sont parvenus à se défaire plutôt aisément de la pression haute appliquée par les locaux à plusieurs moments du match. Et c’est un fait récurrent pour les Montréalais depuis plusieurs matchs : on perd très peu la balle quand l’adversaire applique la pression. Ça, c’est très bien. Malheureusement, ça ne sert à rien si on encaisse chaque fois que l’adversaire tire. Ça ne sert non plus à rien si on ne sait pas quoi faire quand l’adversaire bloque le milieu. Ça ne sert non plus à rien si c’est pour jouer sur les latéraux et que ceux-ci jouent en retrait, et que le ballon traverse de l’autre côté du terrain, puis revient sur l’autre flanc, puis retourne sur l’autre flanc ad vitam aeternam. Bref, ce serait bien, une fois de temps en temps, de varier la tactique. Comme le Galaxy quoi. Il a attaqué. Il a défendu. Il a mis la pression. Il a laissé jouer Montréal. Il a joué le contre. Il a joué la possession. Vous voyez? Pendant ce temps, Montréal n’a joué qu’une seule partition.
Aussi, il faut le dire, ce n’est pas normal d’encaisser quatre buts dans un match comme celui-là. Los Angeles n’a pas été largement supérieur sur le terrain. En fait, le jeu du Galaxy était ponctué de déchets techniques, de passes dans le néant et de pertes de balles trop faciles. Malgré tout, l’Impact a plié quatre fois. C’est résolument trop facile de marquer contre Montréal. Il faudrait y voir. Terminons avec une question qui pourrait, espérons-le, orienter l’exploration des solutions à ce problème récurrent : quelle est la chose à ne pas faire pour un gardien quand un attaquant s’apprête à tirer d’un angle restreint? Écarter les pattes comme un chevreuil coincé sur la glace.
Allez, retour à la maison, contre le Sporting Kansas City. En espérant qu’ils n’ont pas vu la bannière.