Comme c’est souvent le cas, le CF Montréal est apparu là où on ne l’attendait pas. Malgré les difficultés des dernières semaines, les hommes de Wilfried Nancy se sont pointés sur le terrain de Seattle, champion continental, ont dicté les échanges pendant une bonne partie du match et sont repartis avec trois points. Veni, vidi, vici. Une performance aboutie, concentrée et énergique qu’on n’attendait pas vraiment, mais surtout une des meilleures de la saison, et tout ça sans son meneur de jeu Djordje Mihailovic. Et en bonus, Montréal trône au sommet dans l’Est. La première place et trois constats.
1) La première mi-temps a été franchement impressionnante
Personnellement, si on me donnait en tout temps de football comme celui joué par Montréal en première mi-temps à Seattle, je ne pourrais plus faire autre chose que de le regarder. C’était carrément médusant. De la construction à droite, de la construction à gauche, de la construction au milieu, un ballon qui circule dans tous les sens, à l’horizontale et à la verticale et des joueurs engagés, déterminés qui ne rechignent pas devant les efforts à accomplir pour récupérer le ballon. Résultat? Les Sounders de Seattle, sur leur terrain, ne touchaient pratiquement pas au ballon. Rien de moins. Et tout le monde a contribué, et plutôt bien : même Lassi Lappalainen semblait habile balle au pied. Bref, c’était réussi, et on aurait aimé que ça se poursuive en seconde mi-temps, mais sans surprise, Seattle a changé un peu la dynamique, sans toutefois pouvoir renverser la vapeur.
2) Joel Waterman a survolé tout le monde
Vous savez le bien que j’en pense, car ce n’est pas la première fois que je l’encense, mais Joel Waterman a offert sur le terrain de Seattle une performance qui devrait normalement mettre tout le monde d’accord. Le défenseur canadien a contrecarré les plans des locaux en bloquant un nombre incalculable de fois la trajectoire du ballon, à un point tel que les attaquants de Seattle ont probablement dû en faire des cauchemars pendant la nuit. En plus d’être partout dans le jeu défensif, offensivement, l’ancien du Cavalry a aussi largement contribué à la réussite des siens en possession de balle, en fluidifiant le jeu sur le flanc gauche et en trouvant, ô surprise, des automatismes avec l’ailier finlandais avec lequel personne ne parvient à jouer. Joel Waterman est un mage. Ou au minimum, il est l’homme du match de ce Seattle-Montréal. Oui, je vous vois venir avec cette perte de balle qui mène au but de Seattle. Mais si l’arbitre avait sifflé la faute évidente sur Waterman, on n’en parlerait pas.
3) La défense centrale ne convient pas à Johnston
Son passage dans la défense centrale en début de saison nous avait laissés sur notre faim et son retour dans l’axe après une escapade réussie sur le flanc ne nous réjouit guère plus. À Seattle, côté Montréalais, un seul joueur n’avait pas l’air à l’aise sur le terrain et c’était Alistair Johnston. Réactions tardives, positionnement aléatoire et relativement peu de cohésion offensive, le jeune défenseur canadien a offert une performance pour le moins alléchante pour les attaquants belges, croates et marocains en vue de la Coupe du Monde. Johnston arrive la plupart du temps à compenser avec son cœur gros comme la lune, mais l’énergie et l’engagement ne suffisent pas toujours à masquer les lacunes. À Seattle, c’était mince. Au Qatar, ce le sera nettement plus.
Pour conclure, j’aborde un petit détail plutôt étrange. À plusieurs reprises dans ce match, les défenseurs avaient la possibilité facile et évidente de jouer en retrait sur leur gardien, mais ont plutôt cherché une autre solution, même sous pression. Était-ce une consigne de l’entraîneur ou simplement un manque de confiance en leur coéquipier? Chose certaine, Sebastian Breza a une fois de plus livré une prestation ponctuée de nombreux points d’interrogation (et de cheveux arrachés). Il faut se rendre à l’évidence : on est passé proche de la catastrophe à quelques reprises. Il n’y a rien à faire, je ne comprendrai jamais comment on peut à la fois travailler dur pour que la machine tourne rond et laisser intentionnellement un boulon desserré qui a le potentiel de stopper net le moteur.
Allez. Cap sur Los Angeles. La plage, le soleil, le Galaxy.