Souvenez-vous de la dernière fois que vous avez pris de longues vacances. On éteint l’ordinateur, on se barre sur la côte croate, à Hawaii ou au camping du domaine de Rouville, trois semaines sans travailler, et quand on revient au boulot, on peine à se souvenir de l’endroit où se trouve le bouton pour allumer le moniteur de l’ordinateur. Il faut se remémorer son mot de passe, puis reprendre ses marques. C’est lourd, c’est pénible, mais la rouille finit par se décoller, et hop, c’est reparti. Le CF Montréal face à Austin, c’était un peu beaucoup ça. C’était le même groupe, le même boulot, mais les gestes étaient lourds et hésitants et la rouille ne s’est malheureusement jamais décollée. Un retour difficile et trois constats.
1) Ça manquait de verticalité
Il est assez à propos que quelques semaines après avoir annoncé un retour vers ses racines graphiques, le club ait aussi effectué un retour en arrière sur le plan sportif. Ce constat, vous l’avez lu environ 4 892 fois durant l’ère Rémi Garde. Et sur le terrain face à Austin, on avait à peu de chose près le même portrait qu’à l’époque. Du jeu latéral, latéral encore, latéral toujours, et une pléthore de passes en retrait, face à un adversaire qui attend sans trop forcer, voguant de gauche à droite puis de droite à gauche au gré des passes latérales inutiles du clan montréalais. D’accord, Djordje Mihailovic était absent et le jeu s’en est ressenti. C’est normal. Par contre, Djordje Mihailovic n’est en aucun cas responsable de ce qui se passe dans la tête de ses coéquipiers quand il ne peut pas jouer. Le jeu vertical, c’est d’abord et avant tout une mentalité indépendante des numéros sur les maillots de nos équipiers. Encore plus à 11 contre 10. Et encore bien plus à 11 contre 10 et à 0-1. Il faut, un moment donné, que le sentiment d’urgence se déclenche et que le jeu s’allonge. Malheureusement, ce n’est jamais venu.
2) Choinière a perdu ses repères
La polyvalence, c’est bien, mais ça amène aussi son lot de difficultés. L’une d’elles est la réadaptation à un poste auquel on n’a pas joué depuis un long moment. Et le match de Mathieu Choinière l’illustre parfaitement. Souvent hésitant dans son positionnement offensif, Choinière recevait fréquemment le ballon dans une situation qui ne lui donnait pas la possibilité de faire progresser le jeu vers l’avant. Et donc, trois fois sur quatre, il devait se contenter de renvoyer le ballon derrière ou de s’en débarrasser avec une courte passe latérale. On aurait espéré plus de hargne dans le jeu du numéro 29, plus de poids dans la balance du côté offensif, plus de prise des risques, bref, plus de l’apport qu’on attend d’un latéral moderne. Choinière a perdu ses repères après plusieurs mois d’absence au poste de latéral gauche. Ce n’est pas si grave, ça se rattrape vite. Mais c’est encore moins grave si Lappalainen reprend illico son poste de toute façon.
3) Brault-Guillard n’a pas saisi son occasion
Pour une rare fois, Zachary Brault-Guillard avait été préféré à Alistair Johnston sur le flanc droit. On s’attendait donc à voir l’ancien de la réserve lyonnaise décupler les efforts pour se mettre en évidence et tenter de mettre la pression sur l’international canadien titulaire habituel. Malheureusement, on a eu droit au bon vieux ZBG incapable de changer de vitesse pour passer le cap qui ferait de lui un des bons latéraux de MLS. Hésitant, timide, voire prudent, Brault-Guillard est passé inaperçu en première mi-temps, avant de commencer à se mettre un peu plus en lumière au second engagement. Mais c’était trop peu. Manque de percussion, manque de rapidité, manque de hargne. Autant du côté de Choinière c’était le positionnement déficient qui freinait le joueur, autant du côté de Brault-Guillard, c’était le joueur qui freinait tout seul. Attaque, Zach.
Bref, l’Impact était rouillé. Son adversaire, lui, avait eu la bonne idée de couper la pause en deux en jouant contre un autre CF, Pachuca celui-là, et n’avait rien perdu de son système chaotique et quasi incompréhensible où tout le monde court dans tous les sens pour étourdir l’adversaire. Bref, Montréal avait l’air d’une équipe qui venait de commencer sa saison alors qu’Austin ne semblait avoir jamais ralenti. Les principaux problèmes étaient évidents et ont été a abordés dans ces lignes, mais tout de même, malgré deux latéraux en manque de repères et un meneur de jeu différent, les autres autour étaient hésitants, communiquaient mal et peinaient à se souvenir de l’endroit où se trouve le bouton pour allumer le moniteur de l’ordinateur. Bref, le retour au travail était difficile, et c’est peut-être un peu dû au fait que cette pause avait des airs de vacances.
Et ce retour au travail ne pouvait être plus brutal, avec une échéance importante à respecter dès mercredi : la demi-finale de la coupe, à Toronto.