Montréal-Salt Lake : Trois constats sur le CF Montréal

Publié par

Lors de ma dernière chronique, je vous avais quitté en vous disant que le Real Salt Lake ne gagne jamais au stade Saputo. Cette ère est désormais révolue. Cette étrange équipe sans colonne vertébrale est soudainement parvenue à se lever pour coller deux claques à son adversaire et repartir avec trois points en poche. Ou lui aurait-on simplement offert la victoire? Quoi qu’il en soit, le CF Montréal, qui s’est subitement éteint, se retrouve le bec à l’eau pour un second match consécutif. Deuxième défaite et trois constats.

1) On aurait aimé un peu de rotation dans l’effectif
C’est peut-être facile à dire avec le recul, mais on aurait préféré voir un peu de fraîcheur dans l’effectif qu’encore une fois le même onze de départ sans réelle surprise, si ce n’est la titularisation de Hamdi. Avec le championnat canadien qui arrive, il aurait été avisé de titulariser des joueurs qui risquent de se retrouver sur le terrain face à une des meilleures équipes de Première ligue canadienne mercredi, comme Bassong au Brault-Guillard. Un exemple frappant de joueur qui aurait mérité un repos est celui de Lassi Lappalainen, qui est encore bien loin d’avoir fait sa place comme un élément essentiel au bon fonctionnement du système de jeu montréalais. Alors quand on apprend après le match qu’il était congestionné et avait du mal à respirer, on ne peut que se poser des questions sur sa présence sur le terrain au coup d’envoi. Et il n’était pas le seul à traîner de la patte. Alistair Johnston avait lui aussi un peu moins de ressort sous le pied, tandis que Rudy Camacho semblait combler avec de la robustesse souvent mal placée son manque d’explosivité et de célérité dans ses réactions.

2) La machine a subitement cessé de fonctionner
À l’instar des nombreuses pannes de courant qui ont frappé certains secteurs du Québec la veille, le CF Montréal a lui aussi subitement cessé de fonctionner. Si d’un côté les vents de tempête expliquent la situation, du côté du stade Saputo, on ne sait pas vraiment pourquoi la panne a eu lieu. Ça avait pourtant très bien commencé pour les hommes de Wilfried Nancy, avec un but digne du Brésil de 1970 dès la première minute de jeu, suivi d’une belle séquence de domination ponctuée d’une circulation de balle diablement efficace et très agréable pour les yeux. Salt Lake n’était tout simplement nulle part. Puis, il y a eu ce but refusé avec raison et ensuite, plus rien. On a laissé le ballon à l’adversaire. Ou alors, on ne parvenait plus à le garder? Le jeu direct vers l’avant ne marchait plus aussi bien, Mihailovic a disparu progressivement et les changements apportés n’ont pas vraiment amené de positif à l’équipe. Bref, plus rien ne fonctionnait et personne ne semblait avoir la solution. Il faudra rectifier le tir rapidement, car entre le Montréal du premier quart d’heure et le Montréal des cinq quarts d’heure suivants, il y avait un monde de différence : le premier était une équipe du top en MLS, l’autre était une équipe de milieu ou de bas de classement.

3) Il faut faire attention aux arbres qui cachent la forêt
S’il y a un Montréalais qui a suscité beaucoup de réactions de la foule face à Salt Lake, c’est bien Sebastian Breza. Le portier montréalais a réussi un bel arrêt sur une phase de jeu invalidée pour hors-jeu (ce qui fait que l’arrêt n’a servi à rien), puis s’est fait tirer en pleine poitrine à bout portant quelques minutes plus tard, jetant la foule dans une frénésie aussi compréhensible que discutable. Par conséquent, nombreux sont les gens qui trouvent qu’il a connu un fort match. Dans les faits, si on analyse la performance globale du gardien, c’est beaucoup plus nuancé que ça. Par exemple, sur la séquence de l’arrêt « spectaculaire » qu’il réalise de la poitrine, on peut constater qu’il a de la chance d’être revenu sur sa ligne à temps après être sorti pour capter un ballon qui n’allait absolument jamais se rendre jusqu’à lui. Et sur les deux buts, Breza est à la faute. Sur la reprise de la tête de Glad, Breza plonge « sur place » et ne parvient pas à mettre la main sur un ballon qui est pourtant très près de lui; un minimum d’impulsion pour plonger à sa droite lui aurait permis d’effectuer l’arrêt. Or, sur toute la séquence, son déplacement est mauvais : quelques pas vers l’avant pour aller au ballon alors qu’il n’a absolument pas à y aller, puis il se ravise et se fait coincer en plein déplacement arrière au moment de la reprise de la tête. Il n’est donc pas sur ses appuis au moment où il le devrait (quand Glad touche au ballon) et ne parvient pas à plonger adéquatement. Sur le second but, Breza fait un pas à sa gauche (ce qui ne s’explique pas puisque pour fermer l’angle, il doit aller de l’autre côté ou avancer) après la frappe, ce qui l’empêche forcément d’être sur ses appuis au bon moment pour stopper le tir. Tout ceci devient franchement lassant, voire enrageant. Vous avez le droit de ne pas être d’accord, de me trouver dur et j’en passe. Toutefois, même si je faisais preuve de clémence, ça ne changerait rien au fait que Montréal a besoin d’un gardien.

Parlant de gardien, Nancy a confirmé la présence de James Pantemis devant la cage lors du match de coupe de mercredi. Espérons qu’il fera quelques arrêts avant d’éliminer Hamilton au bout des tirs au but, puisque selon les normes en vigueur au club, cela lui donnerait la place de titulaire à long terme et sans compromis. Mais trêve de plaisanterie. Le CF Montréal doit se remettre dans le droit chemin rapidement, car cette déroute contre Salt Lake n’avait absolument rien de rassurant. On a revu le Montréal du début de saison, et pour être parfaitement honnête, ce n’est pas celui-là qu’on veut voir. L’autre, celui qui joue comme une équipe conquérante, est nettement plus agréable à regarder. Et pour cette raison, on a plus hâte au prochain match de MLS qu’au match de coupe qui s’en vient. Et nous donner hâte à la MLS plus qu’à la coupe, c’est une énorme réussite en soi. Chapeau Wilfried.

Prochain rendez-vous mercredi, James contre la Forge. On a quand même un peu beaucoup hâte.