Comme on le dit souvent, toute bonne chose a une fin. La superbe séquence d’invincibilité du CF Montréal, ponctuée par une performance quatre étoiles sur le terrain de Charlotte, a subitement pris fin au nouveau domicile du Nashville SC. Doit-on s’en inquiéter? Non. Il aurait quand même été surprenant que Montréal ne perde plus d’ici la fin de la saison. Et puis, perdre, ce n’est pas si grave que ça, tant qu’on perd honorablement. Et c’est ce que Montréal a fait, en montrant plein de belles choses sur le terrain d’un adversaire bien difficile à battre. Une défaite et trois constats.
1) Montréal a pris du temps avant de se mettre en marche
Il est de coutume de voir deux adversaires de bon niveau jouer prudemment pendant quelques minutes afin de s’étudier l’un l’autre. C’est ce qu’on a vu à Nashville dès l’entame du match. D’un bord comme de l’autre, on s’étudiait, on s’observait, on s’apprivoisait. Et puis Nashville s’est mis à jouer. Et Montréal a regardé. Étudié. Observé. Analysé. Réfléchi. Les hommes de Wilfried Nancy se sont frotté le front et gratté la tête. Cinq minutes. Dix minutes. Vingt minutes. Une demi-heure. Et puis, timidement, ils se sont mis à jouer, un peu trop lentement. S’ils ont fini la première mi-temps sur une note positive, les Montréalais avaient clairement besoin d’injecter un peu (beaucoup) d’énergie dans leur jeu. Heureusement, Wilfried Nancy l’avait bien compris.
2) On a vu beaucoup de belles choses en seconde mi-temps
Quand les Montréalais sont revenus sur le terrain, Choinière et Lappalainen en moins au profit de Hamdi et Bassong, on a tout de suite vu que l’entraîneur avait donné la consigne de jouer plus vite. Et ça a porté fruit. Le ballon circulait à vive allure entre les maillots noirs. Ça allait vite, ça allait bien, et surtout, c’était très agréable à regarder. On a même vu plusieurs combinaisons en une ou deux touches qui ont donné le tournis aux joueurs locaux. Même Dax McCarthy n’arrivait plus à suivre, si bien que son entraîneur a dû l’enlever du terrain tellement il pompait l’huile et perdait des morceaux. Si la réussite n’était pas au rendez-vous, on peut se dire qu’au moins, Montréal a prouvé qu’elle avait une bien belle équipe et que tout ce qu’on a vu au cours des dernières semaines n’était pas de la chance. Non. C’est du travail, ça. C’est l’aboutissement d’un long processus, l’entêtement de ne pas écouter les critiques qui déversaient leur fiel sur « la défense à trois », puis sur « construire de l’arrière ». C’est le football, en fait. C’est établir ses principes de jeu, son système et son schéma et s’y tenir, coûte que coûte, pour récolter des résultats. Wilfried et ses hommes ont traversé la tempête et profitent du soleil. Et nous, on peut enfin voir se réaliser sous nos yeux absolument tout ce dont les entraîneurs nous ont parlé au cours des deux dernières années. Comme quoi la patience est d’or.
3) Le match s’est joué sur des détails
On dit souvent que les meilleures équipes font payer cash les erreurs commises par leurs adversaires. Cet adage n’a jamais été aussi évident que lors de ce match à Nashville. On a vu deux équipes, que dis-je, deux machines bien huilées dont la mécanique marchait parfaitement, se livrer une bataille serrée. La lutte était féroce, chaque minute. Chaque joueur devait être entièrement investi mentalement et physiquement dans son rôle pour permettre à son équipe de vaincre. Et de fait, trois erreurs ont été commises et ont abouti à autant de buts. Parce que les meilleures équipes font payer cash les erreurs des autres. Bref, on a eu droit à un duel de haut niveau à Nashville, entre deux des meilleures équipes de la ligue, rien de moins. Parce que oui, actuellement, Montréal peut légitimement prétendre faire partie de l’élite de la MLS. Maintenant, le réel défi sera de s’y maintenir.
Autrement, ça a fait du bien de voir les rentrées positives de Hamdi et Bassong. Même si ce n’était pas toujours juste, les deux remplaçants n’ont pas eu froid aux yeux et se sont impliqués sans hésitation dans le jeu offensif montréalais. Bien. Retenons aussi l’esprit positif général de l’équipe, qui n’a de toute évidence jamais paniqué et a su encore une fois bien gérer les émotions tout au long du match. N’oublions pas qu’une des critiques qui revenait souvent lors des dernières années était cette espèce de manque de caractère et d’énergie qui plombait l’équipe dans les moments plus difficiles. Bref, du travail, il s’en est fait, énormément, pour amener cette équipe à un autre niveau. Chapeau.
Retour à la maison, contre un adversaire qui perd tout le temps au stade Saputo, le grand Real du Lac Salé.