Une chose est apparue claire à la suite de ce match contre Vancouver : il n’y en aura pas de facile pour le CF Montréal cette saison. Malgré un opposant complètement égaré qui ne représentait pratiquement aucune menace, Nancy et ses hommes ont trouvé le moyen de se mettre en danger, on ne sait trop comment. Heureusement, le providentiel œil de lynx de l’assistant vidéo était du côté des locaux. Un match à la maison et trois constats.
1) C’était mieux pour Lappalainen
Oui, bon, du calme, je n’ai pas écrit « Lappalainen a été excellent et attirera sous peu les regards des plus grands clubs de la planète ». Il faut cependant reconnaître que l’air du stade Saputo a fait du bien, un petit peu de bien, au Finlandais volant. On l’a vu nettement plus entreprenant offensivement, plus impliqué dans la construction et généralement plus libre dans son jeu. C’est une bonne chose, même si le dernier geste manquait parfois, ou souvent, de précision. Et ce n’est pas non plus étranger au système mis en place par Nancy, qui libérait Lappalainen d’une grande part de ses tâches défensives. Par contre, on ne jouera pas tous les jours contre Vancouver et ses ailiers totalement inutiles. Lappalainen devra se remettre à défendre. Et probablement dès la semaine prochaine à Philadelphie, en plus. Bouclez vos ceintures et gardez vos bras à l’intérieur du véhicule, mesdames et messieurs.
2) Montréal a su exploiter les grands boulevards laissés par Vancouver
Dès les premières minutes de jeu, on a vu Montréal prendre possession du ballon et concentrer ses efforts d’un côté du terrain, avant de complètement renverser le jeu au moyen d’une longue passe latérale pour profiter des énormes espaces laissés de l’autre côté du terrain. C’était souvent la même histoire. On partait sur un flanc, et quelques passes plus tard, un joueur rentrait vers l’axe et balançait le ballon à un coéquipier complètement esseulé, souvent dans le dernier tiers, à l’opposé du terrain. Allez hop, tout Vancouver à gauche et boum, le ballon à Ibrahim, tout fin seul à droite. Ça marchait à fond. Ce qui marchait moins, par contre, c’est la suite. Notamment à cause de Romell Quioto.
3) Quioto doit retrouver ses repères
Quel plaisir ce fut d’enfin revoir le grand Hondurien sur la pelouse du stade Saputo. Malheureusement, c’était une version diluée de Romell Quioto qui s’est présentée devant les gradins de la rue Sherbrooke. En fait, on ne l’a presque pas vu. Très discret, le chef de la brigade offensive montréalaise semblait avoir perdu quelques pièces et peinait à mettre le moteur en marche. Complètement désynchronisé par rapport à ses coéquipiers, Quioto ne faisait pas les bons appels, ou les faisait trop tard, et se retrouvait les trois quarts du temps mal positionné, voire absent de la surface, alors que le système mis en place appelait à une plus grande présence à proximité du but adverse. C’est là où il faut se questionner sur le choix de personnel. Oui, Quioto est un gros morceau du casse-tête. Oui, il devait jouer. Oui, il a marqué. Mais Kamara n’avait-il pas un meilleur profil pour servir la cause? Nancy savait que son équipe aurait souvent le ballon aux abords de la surface adverse. Les centres aériens comme au sol auraient normalement dû fuser. Or, Quioto n’était pas là où il aurait dû être, c’est-à-dire dans le bureau de Kei Kamara, et ça créait des hésitations dans le jeu aux abords de la surface. Avait-on nécessairement besoin de faire jouer Ibrahim? N’aurait-il pas été plus avisé de combiner Kamara et Quioto? Tout ceci est évidemment facile à dire avec le recul, mais on ne peut que constater que Montréal a peiné à tuer un match pourtant largement abordable.
Parlant de tuer, la scène dans les tribunes du stade Saputo était mortuaire. Je ne suis pas du genre à parler du nombre de spectateurs, mais cette fois, l’exception s’impose, car l’heure est grave. D’un côté, on a les envies du club de créer un « mur de supporters » et de faire du stade Saputo une « forteresse » (des envies qui avaient été exprimées aux Ultras en 2011, il y a onze ans déjà). De l’autre, il ne reste plus rien. Samedi, les supporters actifs étaient à peine assez nombreux pour remplir un autobus pour aller à Toronto. Et encore, je ne suis pas certain. Voilà où nous en sommes. On veut construire un mur, mais on n’a pas de briques. Messieurs Saputo et Gervais, il y a d’autres préoccupations que la stratégie du « comme à Portland » (ça aussi, on nous l’avait sorti en 2011) pour les supporters actifs. Samedi, 12 014 personnes ont franchi les portes du stade Saputo. Oubliez les Ultras et le Kop, le problème est beaucoup plus profond que ça. Hormis ce fameux match d’ouverture contre Vancouver en 2008, et ce déluge jamais égalé depuis, c’était la plus petite foule réunie pour un match d’ouverture au stade Saputo depuis l’inauguration du stade. Sachez, messieurs, qu’il est mal avisé de tenter de construire un mur si les fondations sont à refaire.

Allez, cap sur Philadelphie, ou plutôt Chester, pour y affronter les meneurs de la section Est.