Vu l’historique de la franchise montréalaise de Major League Soccer dans l’arène des taureaux rouges, très peu nombreux étaient les parieurs qui avaient mis quelques pièces sur une victoire du CF Montréal au New Jersey. Et le début de match était dans la lignée des performances médiocres de Montréal auxquelles nous sommes habituées sur ce terrain maudit. Or, soudainement, le ciel s’est dégagé, et comme s’ils avaient vu la lumière, les hommes de Wilfried Nancy ont cessé de faire n’importe quoi et passé le témoin aux locaux qui ont à leur tour pratiqué une grossière caricature du sport que nous aimons tous, donnant du même coup la victoire à leurs opposants. Deux victoires de suite et trois constats.
1) Pantemis doit jouer le prochain match
Même s’il aurait dû être devant la cage depuis un bout de temps, je suis d’avis qu’envoyer Pantemis dans la marmite à Cincinnati et/ou à New York aurait été mal avisé, puisqu’il s’agit de deux endroits d’ordinaire compliqués pour les Montréalais. Maintenant, de retour à la maison, le moment est venu. Certains diront qu’il ne faut pas changer de gardien après deux victoires, et ce n’est pas faux… mais seulement quand le gardien apporte quelque chose de positif sur le terrain. Au New Jersey, ce n’était pas le cas. La performance de l’homme aux testicules meurtris était pour le moins inquiétante. Entre passes télégraphiées qui mettaient directement l’équipe en difficulté et improvisation pure et simple quand ça chauffait dans la surface, on s’approchait dangereusement du niveau d’un joueur de champ auquel on aurait refilé les gants après l’expulsion du gardien alors que l’entraîneur avait fait tous ses changements. Quoi? J’exagère? Pas vraiment. Comme le disait Wandrille Lefèvre en plein match samedi : « Il réinvente le poste, mais pas de la bonne façon. » Ce commentaire, il faut le dire, vient d’un joueur qui a joué comme défenseur en MLS. Bref, l’aura que dégage Breza ne rassure pas les défenseurs, et ça ne doit pas être étranger aux problèmes défensifs rencontrés cette saison. Quand tu joues sur les talons parce que derrière toi, ça peut mal virer n’importe quand, les erreurs coûteuses te pendent au nez…
2) Il y a eu un déclic
Mesdames et messieurs attention, il est possible, je dis bien possible, que Montréal soit enfin de retour sur le droit chemin. Après un début de match cauchemardesque où on croyait bien que c’en était fait de tout espoir de ramener quelque chose de ce voyage au Nouveau-Jersey, tout semble être retombé en place, d’un coup, sans avertissement. En fait, même malgré cette entame de match difficile, les taureaux rouges n’étaient pourtant pas si près de marquer des buts. D’ailleurs, n’eût été une malencontreuse déviation, ils n’auraient pas fait trembler le filet. Certes, il y a eu le double arrêt de Kamara alors que son gardien était apparemment parti récolter des bigorneaux dans un univers parallèle, mais autrement, c’était plutôt stérile comme pression haute pour faire craquer les Montréalais. Or, après les prouesses de Kamara sur la ligne de but, le vent a tourné. Montréal s’est subitement réveillé et, à plus forte raison en seconde mi-temps, on a commencé à revoir les clés du succès scintiller sous un rayon de soleil : Camacho qui faisait du Camacho 2021, Miller qui semblait un peu plus réveillé que lors des derniers matchs, Wanyama qui ratissait tout et évidemment, le retour de Quioto qui a forcé l’adversaire à s’ajuster. Ce n’était pas parfait évidemment, mais Montréal jouait mieux et le ballon s’approchait moins de son gardien, ce qui avait un effet visiblement bénéfique sur l’état d’esprit des troupes.
3) Waterman jouait juste
Un homme passe souvent sous le radar tout en faisant du bon boulot : Joel Waterman. C’était encore le cas à New York. En fait, le seul qu’on n’a pas vu pendant la trentaine de minutes plutôt difficile en début de rencontre, c’est lui. Et si on ne l’a pas vu, c’est parce qu’il faisait plutôt bien son travail tandis que les autres faisaient un peu n’importe quoi autour de lui. Ce n’est pas un hasard si le défenseur canadien est sur le terrain malgré deux recrutements hivernaux effectués à sa position. Waterman enchaîne les prestations positives et a déjà relégué Corbo aux oubliettes, alors que de l’avis de nombreux observateurs, Johnston, c’est mieux en équipe nationale. L’ami Joel a gagné sa place, et ce n’est pas plus mal, parce que Johnston sur le flanc droit, ça progresse.
Parlant de Johnston, si on peut lui trouver un ami avec lequel s’amuser devant, ça ira de mieux en mieux, parce que Torres, ce n’est pas ça, et Ibrahim, c’était sans surprise compliqué à ses premières minutes. Mais le jeune Canadien a tout intérêt à s’emparer du poste de latéral droit, parce que ça l’aidera définitivement dans la suite de sa carrière. Si John Herdman espère le voir s’en aller en Europe au plus vite, j’aimerais bien qu’il nous dise dans quel championnat européen au juste les défenseurs centraux du même gabarit que Johnston s’épanouissent. Johnston a les attributs d’un latéral et c’est plus que probablement à ce poste qu’il pourra faire carrière dans un niveau plus élevé que celui de la Major League Soccer. Et ça, il y a fort à parier qu’Olivier Renard s’en doute fort bien.
Enfin. Nous y sommes. Le tant attendu retour à la maison, au stade Saputo, contre Vancouver. Ce qui sera suivi par un inévitable débat sur la foule, l’ambiance, la présence de certains et l’absence d’autres dans les tribunes. Mais ce qui compte, c’est d’avoir du plaisir, de profiter de l’air frais et d’apprécier tout ce qu’est une sortie pour aller au foot.
Hmm. Non. Ce qui compte, c’est que Pantemis soit devant la cage.