Montréal-Cruz Azul : Trois constats sur le CF Montréal

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Ainsi se termine l’aventure en Ligue des champions du CF Montréal. Ce fut bien agréable, et on aura enfin pu venger d’une certaine manière la défaite crève-cœur subie un soir de mars à Torreón. Cette fois-ci, pas de défaite crève-cœur, non. Un adversaire bien préparé, qui a déployé les efforts nécessaires, mais pas plus, pour écarter de sa route la troupe de Wilfried Nancy, tout en lui laissant gentiment l’illusion d’une potentielle qualification. Un peu de pression ici, un peu de pression là, ça paie, on gère la suite du match et on passe au prochain. Tranquille. Et pour Montréal, une question demeure désormais : quand va-t-on trouver la victoire en MLS? À l’horizon se profilent trois matchs compliqués qui risquent d’amener l’équipe en avril sans le moindre point à se mettre sous la dent. Une élimination et trois constats.

1) Montréal s’est fait embouteiller en première mi-temps
On nous dira probablement encore que l’équipe a bien joué, mais force est de constater que le pressing haut de Cruz Azul a complètement embouteillé les Montréalais pendant une grande partie de la première mi-temps. À plusieurs moments, on a pu voir un pressing efficace avec un bloc de cinq, tandis qu’un second bloc de cinq attendait patiemment d’éliminer toute menace qui pourrait éventuellement sortir de ce pressing haut. Deux blocs bien distincts, avec une mission simple : étouffer Montréal dans sa moitié de terrain ou casser le jeu si le ballon en sortait. Montréal a toutefois su se débrouiller pendant un moment, profitant notamment d’une accalmie dans la pression mexicaine (vous comprendrez que ce style de jeu n’est pas facile à maintenir dans la durée). Mais se débrouiller, c’est insuffisant à ce niveau. Il faut des solutions, il faut s’adapter, trouver le moyen de reprendre le contrôle des débats. Malgré quelques occasions, on n’a jamais senti Montréal serein en première mi-temps. Juan Reynoso a eu le dessus sur Wilfried Nancy.

2) Les changements ont été faits à des moments inopportuns
Si les changements ont globalement permis d’améliorer un peu le jeu montréalais (un phénomène tout autant dû au fait que Cruz Azul avait abandonné son pressing pour gérer tranquillement son match), ils sont toutefois parvenus à des moments pour le moins étranges. Si la mutation de Lappalainen sur le flanc droit a fait sourciller, le Finlandais semblait toutefois plus à l’aise là qu’à gauche. Il y prenait ses aises tranquillement et en seconde mi-temps, il a commencé à amener le danger, enchaînant notamment des centres intéressants pour Kamara. Hey! Des bons centres! D’un latéral! Voilà qui avait de quoi réjouir. Pourtant, c’est à ce moment précis, celui où Lappalainen devenait un réel problème pour les Mexicains, que son entraîneur a fait monter Miljevic pour Koné, est passé à une défense à quatre et a muté le Finlandais à gauche, où on ne l’a pratiquement plus vu du match. Bon, une erreur d’appréciation, ça arrive. Mais le match n’était pas fini. Quand Torres a subitement commencé à se mettre en évidence, c’était dû notamment à d’excellentes courses de Johnston. Le défenseur canadien semblait en avoir encore beaucoup dans les jambes et ses courses pour percer la défense semblaient donner bien du mal aux Mexicains; Torres, lui, en profitait pour adresser des passes parfois lumineuses dans la course de Johnston. Donc, on voyait de plus en plus Johnston causer des problèmes aux Mexicains et puis, soudainement… son entraîneur a décidé de le remplacer par Brault-Guillard, qui fut au mieux transparent. Juan Reynoso ne se plaindra probablement pas que quelqu’un ait réglé ses problèmes à sa place.

3) On n’a vu le CF Montréal que quand Cruz Azul l’a laissé jouer
Montréal n’a pas mal joué. Il y avait de l’envie, de l’effort. C’était bien. Mais on a surtout vu Montréal quand Cruz Azul a décidé de lever le pied pour gérer le match. Comme au match aller quoi. Donc, sur l’ensemble des deux confrontations, on peut affirmer qu’on a vu Montréal uniquement quand Cruz Azul lui a laissé les projecteurs. Et au final, il aura fallu une déconnexion momentanée du cerveau d’un ou deux défenseurs pour que les Montréalais puissent enfin trouver le fond du filet en jouant un corner quand les autres ne regardaient pas. Bref, Cruz Azul a contrôlé les débats, presque entièrement. Cela est possible uniquement quand on est au-dessus tactiquement. Juan Reynoso a donc dominé son opposant.

Concluons avec une citation à analyser. Voici les mots de Wilfried Nancy après le match, tels que rapportés par Hady Raphaël : « On ne passe pas le tour, mais faire ce que l’on fait avec les joueurs que l’on a, c’est bien. » Il convient de commencer par parler des absents. Qui parmi les absents aurait pu prétendre à une titularisation? Piette, Choinière et Toye. En ajoutant ces trois joueurs, aurait-on assisté à un autre match? Il n’est pas impossible que Toye ait su créer le danger, que Piette ait pu freiner l’une ou l’autre attaque et que Choinière ait pu créer des remous dans son couloir, c’est vrai. Mais est-ce que ces trois hommes auraient transfiguré l’équipe? Non, probablement pas. Ainsi, il faut se demander si Wilfried Nancy déplore les absences ou estime que son noyau est trop faible pour compétitionner adéquatement. Chose certaine, Olivier Renard, lui, sur les ondes de TVA Sports avant le match à New York, a réitéré sa confiance en son groupe « jeune et plein d’énergie », estimant au passage qu’il fallait « être meilleurs ». Attention. C’est le printemps, la glace s’amincit. Bientôt, elle ne pourra plus soutenir le poids d’un homme.

Direction Atlanta, avec peu d’attentes, il faut le dire. Comme pour la suite, d’ailleurs.