Près de treize ans après cette soirée fatidique vécue dans l’enceinte de l’ancien stade Corona, Montréal remettait les pieds à Torreón. Cette fois, par contre, le duel s’annonçait un peu plus équilibré, et surtout moins tendu puisqu’il s’agissait du match aller et qu’aucun Mexicain n’avait été piqué au vif la semaine précédente. Malheureusement pour les Montréalais, le verdict ne fut pas celui attendu, Santos Laguna l’emportant encore avec un but évitable tard dans le match. Et encore une fois, il y avait moyen de faire mieux. Au moins, cette fois-ci, les Montréalais rentrent à la maison en vie et tout reste à jouer. Un match aller et trois constats.
1) Montréal a trop respecté son adversaire
D’accord, le contexte faisait en sorte que Montréal montait sur le terrain avec un alignement auquel il manquait quelques pièces. D’accord, Wilfried Nancy avait titularisé un bien jeune Rida Zouhir en milieu de terrain. D’accord, Montréal n’avait pas joué depuis longtemps et Santos Laguna était en pleine saison. Soit. Il reste qu’il a fallu attendre une heure avant de revoir le Montréal qu’on connaît, celui qui garde le ballon, s’installe dans la moitié de terrain adverse et cherche (souvent sans la trouver, certes) la faille. Et on a vu la différence dès que Zouhir s’est projeté un peu plus vers l’avant. Montréal pouvait jour au ballon et embêter la bien louche défense des Mexicains. Rappelons-le, Santos Laguna a en ce moment la pire fiche défensive du championnat du Mexique, et on a pu constater pourquoi à plusieurs reprises : certains des défenseurs en vert et blanc n’avaient d’égal en incompétence que l’arbitre assistant qui signalait hors-jeu sans savoir pourquoi. C’était pourtant connu. Pourquoi alors avoir attendu si longtemps en défendant souvent trop bas sur le terrain? Les espaces existaient et ne demandaient qu’à y accueillir des joueurs et des ballons.
2) Wanyama est un géant
S’il subsistait encore des doutes dans l’esprit de certaines personnes quant à l’apport de Victor Wanyama, osons croire que ceux-ci sont désormais dissipés. L’ancien de Tottenham était partout, tout le temps. Récupérateur, relanceur, bousculeur, emmerdeur, Wanyama était l’homme à tout faire pour embêter l’adversaire. Mais surtout, il a été la clé pour les hommes en noir quand le pressing haut de Santos Laguna était à son maximum d’efficacité. Étouffés, les Montréalais peinaient à trouver un moyen de sortir de leur tiers défensif, mais le bon vieux Victor en ayant vu d’autres est parvenu maintes fois à se sortir du pétrin seul grâce à son énorme capacité à protéger le ballon et à dribler dans des espaces restreints. Malheureusement, le capitaine du soir était fort mal soutenu pendant les 60 premières minutes.
3) Mihailovic n’en a pas assez fait
Une des critiques que j’ai formulées à l’égard de Mihailovic l’an passé concernait son incapacité à transporter son équipe sur ses épaules quand il le faut. C’est bien simple, le principal défaut du jeune américain, celui qui l’empêche de percer en équipe nationale et d’aspirer à plus que la MLS, c’est qu’il disparaît quand c’est difficile. Et à Torreón, c’était difficile. Ce qui fait qu’on n’a pour ainsi dire pas vu Mihailovic jusqu’à ce que Montréal mette enfin le pied sur le ballon à l’heure de jeu. Auparavant, l’apport de Mihailovic se résumait à un positionnement douteux, ce qui entraînait un manque de disponibilité, et à une incapacité à garder le ballon pour permettre à ses coéquipiers de souffler. À sa décharge, si Montréal avait comme nous l’expliquons ci-dessus choisi d’exploiter les espaces béants laissés par Santos Laguna, Mihailovic aurait très certainement pu mieux s’exprimer. Espérons que l’énorme terrain du stade olympique lui procure les quelques mètres nécessaires pour ne plus avoir un Mexicain sur le dos en tout temps.
Bon. Le travail commence. On connaît désormais mieux l’adversaire, on sait aussi ce qu’on a fait de bien et de moins bien. Le Stade olympique est toujours un endroit difficile pour les visiteurs. Il y aura une foule acquise à la cause locale. Certains absents devraient normalement revenir, d’autres pas encore en état devraient pouvoir donner de bonnes minutes. Bref, c’est positif. Si Montréal joue son jeu, du moins. Il faudra surtout ne pas avoir peur de se faire « Santos Laguner ».
Sinon, c’est mince comme mercato, hein? Mais trêve de négativisme, dans quelques jours, nous serons au stade, la saison est commencée et ça, c’est toujours une bonne nouvelle.