Bilan CFMTL : Viau Park répond à vos questions

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Une autre saison est dans les livres et comme de coutume, il convient d’en faire le bilan. Comme en 2020, puisque l’exercice avait été apprécié, c’est en répondant à vos questions que nous ferons le point sur la saison. Mais comme tout bilan est l’occasion de faire l’évaluation de l’effectif, vos questions sont principalement tournées vers le futur et axées sur le recrutement, sur les jeunes et sur ce qu’il faut faire pour que ça aille mieux. Ce bilan vous appartient et vous en dictez l’orientation.

Wilmer Corona (@Goldoro2)

Quels sont les postes qui devraient être ciblés afin de rendre le club plus compétitif?

Pour commencer, ça prend un président pas trop égocentrique qui connaît le soccer, le marché montréalais et le monde des affaires.

Mais trêve de plaisanteries (quoique…). La question porte bien évidemment sur le terrain. Et la réponse est évidente : si tous les éléments de la saison 2021 restaient en poste en 2022, il faudrait d’abord et avant tout un milieu de terrain d’envergure pour jouer entre Wanyama et Mihailovic. Mais la réalité étant ce qu’elle est, il faut maintenant aussi et surtout tourner les yeux vers la défense centrale, où Camacho, l’homme de la saison selon moi, laissera un trou béant dans une défense qui n’a accordé que 44 buts cette saison, soit le record pour Montréal en MLS, ex aequo avec la saison 2015. Il y a évidemment d’autres besoins, notamment sur les flancs, mais un défenseur central de l’envergure de Camacho et un milieu central ayant un fort volume de jeu sont les priorités.

William Bédard (@WillBedMich)

Qui de Miller ou Waterman serait le plus en mesure de prendre la position de défenseur central avec le départ de Camacho?

Une chose est sûre, la réussite défensive de la saison 2021 ne repose pas uniquement sur les épaules de Camacho. Outre l’influence de l’adjoint Laurent Ciman qui se devine aisément, le rendement de Kamal Miller dès l’entame de la saison a aussi beaucoup aidé les Montréalais à solidifier la ligne arrière. Mais pas seulement lui. À droite de Camacho, Joel Waterman a pris régulièrement du galon jusqu’à détrôner Kiki Struna. Et c’est peut-être là que se trouve la solution au casse-tête Camacho. Quand le défenseur français a dû s’absenter pour suspension ou repos, Wilfried Nancy n’a pas hésité à placer Joel Waterman au centre du trio défensif. Et l’ancien du Cavalry a répondu présent, comme tout au long de la seconde moitié de la saison. Alors qu’on se disait que ça pourrait vite se compliquer pour lui, Waterman semblait comme un poisson dans l’eau. Échantillon suffisant pour tenter la manœuvre à plus long terme? Qui sait? Il ne faut pas oublier l’arrivée annoncée de Gabriele Corbo, qui viendrait potentiellement remplacer Camacho… ou alors vient-il remplacer Waterman, que l’on transférera au centre du trio? À suivre.

Oli Houle (@Supra0H)

Que fait-on avec la situation des gardiens?

Que faire avec les gardiens? Dans mes rêves, j’imagine une compétition télévisée constituée de diverses épreuves d’habiletés pour décider de qui occupera le poste de numéro un. Ce serait absolument fabuleux à regarder, et ça aurait le mérite de récompenser le gardien ayant les capacités techniques les plus équilibrées. James Pantemis, donc.

Honnêtement, Breza ne m’inspire pas confiance. Il me fait grincer des dents au moins deux fois par match. Ses interventions sont souvent approximatives, sa prise de décision est un peu lente et ses déplacements comme son positionnement pas toujours au point. Et en écrivant ces lignes, je l’imagine déjà me faire ravaler mes paroles en 2022. Malheureusement pour Pantemis, vu la manière dont il a été écarté du terrain (après ce qui était probablement sa meilleure performance de l’année), il y a des risques que la manœuvre ait laissé des séquelles mentales chez lui. En sortira-t-il plus fort? C’est possible. Mais on ne le sait pas.

Dans un monde idéal, pour éviter de me faire vivre d’importantes fluctuations de pression artérielle en 2022, il faudrait embaucher un gardien d’expérience, placer Pantemis en second, Breza en troisième si ça l’intéresse, et envoyer Sirois pour un autre tour de carrousel dans les prairies canadiennes. Mais la réalité étant ce qu’elle est, puisque recrutement il n’y aura probablement pas, je favoriserais Pantemis.

G. Vaillancourt (@guillaumev60)

Quelle vision pour les U-23 et les prêts en CPL? J’ai parfois l’impression qu’on forme aux U-23, puis prête en CPL pour l’étape de formation restante (gardiens, Yao, peut-être d’autres…)

Ce n’est pas une impression, c’est exactement ce qui se passe. Faute d’équipe réserve, Montréal doit trouver des solutions pour faire jouer ses jeunes issus du centre de formation. Et le club a finalement opté pour un incroyable concept révolutionnaire apporté par Olivier Renard : le prêt. Si auparavant on avait l’impression que le club se sentait obligé d’envoyer des joueurs, n’importe quels joueurs, à son club « partenaire », le Fury d’Ottawa, on ne pouvait que constater que ce n’étaient pas des prêts au vrai sens du terme. On balançait des joueurs au Fury, sans tenir compte des besoins de l’équipe ottavienne et donc, des minutes de jeu que les joueurs allaient accumuler. Et en plus, même si le tout se déroulait à deux heures de route de la maison, on ne prenait pas le temps de regarder ce qui se passait sur le terrain. Cette fois, on prête des joueurs dans l’optique de leur trouver des minutes de jeu et de surveiller leur progression. Bref, on prête des joueurs quoi.

Ceci étant dit, la donne va changer dès 2022. On l’a déjà vu un peu à l’œuvre en 2021, mais le CF Montréal a de nouveau une équipe réserve U-23. On a pu voir Ballou y enchaîner quelques présences avant de jouer les héros à Halifax. Bref, cette équipe réserve deviendra en 2022 une réelle option pour donner des minutes aux jeunes. Les joueurs encore un peu tendres pourront y développer leur jeu sans avoir à s’exiler en Colombie-Britannique (ou en prévision d’un prêt de quelques mois), tandis que ceux qui auront franchi un cap en CPL (Yao? Rea?) pourront faire la navette entre les grands et les jeunes et être disponibles pour mettre l’épaule à la roue en équipe première quand le besoin s’en fera sentir. Bref, on a une équipe réserve quoi.

Voyons (@VoyonsComeOn)

Toye est-il digne d’être partant?

Ben voyons. Regardons la situation d’un point de vue purement statistique : en 2021, Mason Toye a marqué 7 buts en 889 minutes. C’est un but toutes les 127 minutes. À titre comparatif, le meilleur buteur de la saison, Valentin Castellanos, a marqué 19 buts en 2760 minutes, soit un but toutes les 145 minutes. Bon, d’accord, Ola Kamara (un but/95 minutes) et Chicharito (un but/102 minutes) sont dans une classe à part, mais le rendement de Toye arrive quand même à égalité avec celui de Raul Ruidiaz, l’homme de Seattle ayant fini la saison avec un but toutes les 126 minutes. Come on, quoi. On est ici en train de comparer son rendement à celui des meilleurs attaquants de la ligue. Aurait-il pu soutenir ce rythme toute la saison? Rien ne le dit. Mais chose certaine, son absence a immédiatement et beaucoup paru.

Permettez-moi de terminer ce bilan avec quelques remarques en vrac sur la saison qui vient de se terminer. Après avoir entendu à répétition l’exagéré « c’est l’équipe la plus spectaculaire depuis l’entrée en MLS » pendant une bonne partie de la saison, il convient d’injecter une bonne dose de réalisme dans le débat (ma spécialité). Non, le CF Montréal n’était pas spectaculaire à voir en 2021. Non, ce n’était pas l’équipe la plus spectaculaire depuis l’entrée en MLS, surtout pas quand on a pu voir Ciman enchaîner les tacles glissés et Drogba faire de la magie footbalistique sur un même terrain. Non ce n’était pas non plus la plus excitante. Pour rappel, un jour, l’Impact a ramené un point de l’Azteca. Si cette équipe était la « plus » quelque chose, c’était probablement la plus limpide depuis l’entrée en MLS. Les principes de jeu étaient évidents, les lacunes aussi. Pour la première fois depuis longtemps (toujours?), on sait où on s’en va, par quel chemin on veut passer et sur le dos de quel cheval on va y aller. Et ça, c’est très important.

Attention, toutefois de ne pas trop s’emballer. Si le plan est effectivement de recruter pour vendre, les choses sont inévitablement appelées à revenir continuellement à la case départ pour l’équipe montréalaise. Un exemple : si un club étranger devait déposer demain matin sur le bureau d’Olivier Renard une offre juteuse pour Mihailovic, le milieu américain ferait rapidement ses bagages. Et son remplaçant, Miljevic, devrait alors immédiatement porter les souliers de l’homme de la saison 2021. Le pire dans tout ça, c’est que c’est le plan. Mihailovic va partir. Bientôt. En milieu de saison 2022, peut-être. Et ce sera le cas pour tout jeune joueur qui produit régulièrement. Si Toye devait continuer à marquer un but toutes les 127 minutes en 2022, il y a fort à parier qu’il prendrait l’avion dans la foulée.

Votre bilan est tourné vers l’avenir, et il convient donc de terminer sur une réflexion portant sur le futur : dans une telle optique, comment un club dont la philosophie porte sur l’achat et la revente de jeunes joueurs peut-il prétendre aux grands honneurs? En risquant de devoir continuellement recommencer à zéro, entre essais ratés (Kizza) et ventes prématurées (Binks), le CF Montréal peut-il réellement prétendre à autre chose que le championnat canadien? Bref, comment un club amené à devoir vendre (ou laisser partir, comme Camacho) ses meilleurs éléments année après année peut-il assurer sa réussite à long terme? Peut-on gagner la MLS Cup sans investir dans l’effectif?

Allez, je vous laisse là-dessus. Pause, hiver, neige, Noël, noirceur à 16 h. Vivement le retour du foot. Bonne saison morte!