Les rituels, séances de magie blanche (ou noire impact), offrandes, prières et autres expériences spirituelles n’auront finalement pas sauvé le CF Montréal des cornes des vermeils taureaux du Nouveau Jersey. Les hommes de Wilfried Nancy se trouvent désormais au pied de l’escalier, à minuit moins deux, face à une longue enfilade de marches qu’il faudra gravir trois à trois dans l’espoir de pouvoir entrer au bal avant minuit, sans quoi ils se transformeront en potirons, avec pour seul objectif de remporter la coupe en forme de seau à champagne pour éviter de faire complètement patate cette saison. Vite, servez un antidote aux seigneurs Wanyama et Quioto avant qu’il ne soit trop tard! Mille et une défaites au Nouveau Jersey et trois constats.
1) Sunusi Ibrahim a presque fait un bon match
Quel régal ce fut de voir le jeune Sunusi Ibrahim entrer dans ce match tel un cowboy poussant les portes battantes du saloon pour aller se battre. Après cinq minutes, on avait compris : l’Ibra du pauvre avait bouffé du cheval et était venu pour pourrir la vie des défenseurs redbouléens. Et c’est exactement ce qu’il a fait. Décrochages, combinaisons, déviations, courses dans le dos de la défense, Ibrahim a sorti tout l’attirail du parfait attaquant et était sans aucun doute la bougie d’allumage des Montréalais. En première mi-temps du moins. Lors du deuxième acte, Sunusi nous a quittés. Transparent, on en est presque venu à se demander s’il avait été substitué par son frère jumeau à la mi-temps. Bien dommage, car il avait fait tout bien jusque-là. Sauf quand il a fallu tirer.
2) Ça manquait d’agressivité offensive
Quand vient le temps d’évaluer le jeu d’un attaquant, on dit souvent que la course doit attirer la passe et non le contraire. C’est assez juste. Il faudrait toutefois le mentionner aux milieux de terrain et latéraux du Club de foot. Nombre de fois dans ce match, et au cours des dernières semaines, on a vu lesdites courses qui devaient attirer les passes, sans toutefois voir les passes que les courses devaient attirer. Un moment donné, c’est pas compliqué : si tu as le surnombre, la course et le ballon dans une position idéale pour faire la passe… fais la passe. Ça ne sert à rien, Joaquin, de faire une passe en retrait de 25 m, tout croche, encore plus quand elle se termine par une occasion de but pour ton adversaire. Cherche pas. Joue simple. Devant. Surtout quand ton équipe accumule en moyenne un tir cadré par match. Attaque la surface, déborde les défenseurs, déséquilibre le bloc adverse. Essaie quelque chose, quoi.
3) Nancy a fait des changements étranges
Et par changements, on ne parle pas uniquement des substitutions en cours de match. Le premier changement étrange est d’avoir sacrifié James Pantemis sur l’autel sacré de l’on-ne-sait-pas-pourquoi. Apparemment, l’entraîneur avait senti qu’un changement était nécessaire. Sympathique pour un gardien qui a sauvé les fesses de son équipe plus souvent qu’autrement avec d’énormes arrêts ces derniers temps. Autre changement étrange, celui d’interchanger le positionnement de Mihailovic et Torres. Là-dessus, il est fort possible que l’entraîneur avait identifié une faiblesse à exploiter du côté de l’adversaire. Sinon, on ne voit pas pourquoi on aurait livré Mihailovic en pâture au boucher Reyes, qui aurait mérité trois ou quatre cartons jaunes dans les 30 premières minutes du match. Ceci dit, quand on voit que ladite faiblesse à exploiter n’est pas réellement exploitée pendant 15-30-45-60 minutes, ce serait bien de varier un peu. Et, troisième changement étrange, celui réalisé en cours de match, quand Zachary Brault-Guillard a laissé sa place, mais pas son poste, à Zorhan Bassong. L’entrée de Caden Clark avait fait mal et causait énormément de problèmes au flanc droit montréalais, où Brault-Grillé n’arrivait plus à suivre la cadence. Le changement était logique… jusqu’au moment où on a décidé d’aller refoutre un joueur fatigué, Choinière, devant un Caden Clark qui ne devait probablement pas en croire ses yeux et sa chance. Je ne dis pas que c’est ce qui a coûté le but à la fin, mais sur la séquence, Choinière n’avait visiblement plus les jambes pour se replier. Si au moins on lui avait demandé de ne plus jouer si haut sur le terrain. Enfin bref, comme le dit souvent Wilfried : « Est-ce qu’il y a des choses qu’on aurait pu mieux faire? Oui. »
Au final, Montréal a perdu. Vu l’historique et l’état actuel des choses, au fond, ce n’est pas surprenant. C’était même prévisible. Toutefois, il y avait moyen de faire mieux. Avec un peu plus de constance, plus d’agressivité, plus de tonus, il y avait la place pour passer. Bref, Montréal livre une autre prestation trop gentille, trop polie, trop faible et se retrouve acculé au pied du mur et sans aucune marge de manœuvre. Il faudra que cette équipe qui n’a plus gagné depuis un mois réalise un six sur six. L’heure des rituels, séances de magie blanche (ou noire impact), offrandes, prières et autres expériences spirituelles est de nouveau arrivée. En espérant que ça marche, cette fois-ci.
Étape 1 : Houston, mercredi, au stade Saputo.