C’était trop peu. C’était trop faible. C’était trop gentil. Montréal s’est fait marcher sur les pieds, mais a trouvé l’ultime trou de souris pour se creuser une place en finale de la coupe. Match difficile, sans réel leadership sur le terrain, moyen jusqu’au bout de la séance de tirs au but. Heureusement que cette compétition est importante. On n’ose pas imaginer ce que ce serait si elle ne l’était pas vraiment. Un quasi-naufrage et trois constats.
1) Montréal ne s’est jamais vraiment mis en marche
Après un début de match sur les chapeaux de roues pour le Forge FC, Montréal est parvenu à mettre le pied sur le ballon et à contrôler quelques pans de la première période. Et si la possession se traduisait rarement en occasion franche, on a quand même pu voir les Montréalais se pointer le bout du nez dans la surface et causer le danger. Mais c’était trop gentil. Jamais on a vraiment senti le CF Montréal maître des débats. Cela s’explique peut-être par des difficultés dans l’entrejeu, où Samuel Piette connaissait des ratés, Hamdi n’entrait pas vraiment dans l’équation et Zouhir en était à sa première titularisation en carrière. Quand c’est un jeune de 17 ans qui en est à ses premières minutes chez les pros qui se met le plus en évidence, il y a un problème. Et puis, en seconde mi-temps, Montréal a commencé à disparaître et chaque changement effectué, hormis l’entrée de Camacho, semblait ajouter du poids sur les épaules d’une équipe déjà bien enfoncée dans la vase. Tout au long du match, ça manquait de cohésion, ça manquait d’idées, ça manquait de punch. Le moteur ne s’est jamais vraiment mis à tourner.
2) Bassong a donné une bouffée d’air frais en fin de match
L’entrée en jeu de Camacho, donc, a permis à Montréal de se sortir un peu de son impasse, non pas grâce à l’apport de Camacho lui-même, mais plutôt grâce au repositionnement de Bassong sur le flanc gauche. Remplaçant l’incroyablement inapte Kizza, aussi incapable de défendre que de calibrer ses centres et ses coups francs, Bassong a su amener du dynamisme sur le flanc et mettre le Forge sur ses gardes. Remuant et intenable, Bassong a créé le danger à quelques reprises et renversé un peu la dynamique qui s’était installée. Montréal jouait soudainement plus dans le camp adverse et le doute installé dans la tête des locaux a probablement été ce qui a permis à Montréal de tenir jusqu’à la fin sans encaisser. Chapeau à Nancy pour ce changement presque gagnant. Il aurait peut-être pu être effectué un tantinet plus tôt, mais c’était bien vu.
3) Rida Zouhir a fait un bon match
On ne savait pas trop à quoi s’attendre de Rida Zouhir, mais le jeune milieu de terrain a fourni une performance satisfaisante, voire solide par moments. Son aisance technique, son implication physique et l’absence d’hésitation dans sa prise de décisions étaient rassurantes. On l’a vu se porter à l’attaque et fluidifier le jeu de possession tout autant que se battre avec vigueur pour récupérer des ballons. Son inexpérience a évidemment paru dans certaines situations, mais la confiance qu’il affichait était rassurante. Si c’est pour lui que l’état-major du club voulait faire de la place en se séparant d’Amar Sejdic, tant mieux. Bonne première, donc, pour Zouhir, qui inscrit du même coup son nom dans la liste des options réelles de Wilfried Nancy. Bienvenue chez les pros, Rida.
Malgré cette performance douteuse, Montréal se retrouve donc en finale, face au gagnant du duel Toronto FC-Pacific FC. Ça fait déjà ça à envisager d’ici la fin de l’année. Car tandis que Montréal faisait du tourisme en Ontario, en MLS, ça ne chômait pas. Columbus et DC United ont gagné, Montréal a perdu une place au classement, tout est devenu sacrément plus compliqué et l’importance du match de samedi n’en est que d’autant plus capitale.
Prochain rendez-vous samedi au Red Bull Arena, le stade duquel Montréal ne ramène pratiquement jamais de points. L’heure des rituels, séances de magie blanche (ou noire impact), offrandes, prières et autres expériences spirituelles est arrivée.