Orlando-Montréal : Trois constats sur le CF Montréal

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Club de foot allez allez, Club de foot allez allez! Ça fait du bien une victoire. Mais il ne faut pas perdre de vue que quand on joue un match, il y a deux équipes sur le terrain. Et parfois, une des deux part en vrille et l’autre a soudainement le champ libre pour mettre les points dans sa poche. Mercredi soir à Orlando, les Lions, d’ordinaire bien coriaces, se sont momentanément transformés en vieux chats diabétiques et dégriffés. Qui dormaient. Mais comme le veut le vieux dicton guinéen : « Il faut savoir enjamber le chat qui dort. ». C’est très vrai. Et là-dessus, chapeau aux Montréalais, qui, bien qu’ils étaient souvent sur le point de faire une grosse bêtise, ont fini par trouver le moyen de ne pas marcher sur la queue du félin. Une fusée, trois constats.

1) Joel Waterman a joué un fort match
Alors qu’il avait connu un coup de mou plus tôt cette saison, Joel Waterman a retrouvé la forme. En fait, à la vue de ce match à Orlando, on pourrait même dire qu’il a trouvé son Alessandro Nesta intérieur (toutes proportions gardées, naturellement). L’intrépide Canadien était intenable dans la défense montréalaise et jaillissait constamment pour venir stopper les attaques prometteuses des locaux. Balle au pied, on connaît ses qualités, et il les a encore une fois démontrées. Bien sûr, ses carences sur le plan de la vitesse ont également encore paru, mais maintenant que tout le monde est bien au courant dans l’équipe, on peut voir plus de solidarité à son égard dans les situations difficiles. Le travail collectif, c’est aussi savoir comment jouer pour profiter des forces des autres tout en compensant leurs lacunes. Waterman avait l’air d’un poisson dans l’eau à Orlando, ce qui indique que l’entente était excellente en défense centrale.

2) Ça a failli mal tourner
Tout comme on l’avait vu face à Toronto il y a peu, pendant une partie du match, on ne sentait pas que Montréal avait l’avantage d’un homme suite à l’exclusion hâtive de Nani. Pire encore, la troupe de Wilfried Nancy a encore une fois encaissé en jouant à 11 contre 10. Et deux fois, en plus. Alors que les hommes en gris auraient dû contrôler le match et tranquillement l’amener à son terme en donnant des minutes à des joueurs moins utilisés afin de préserver les titulaires, on est encore une fois passé par toute la gamme des émotions. Gestion inadéquate d’une phase arrêtée, yeux rivés sur le ballon au lieu de surveiller les adversaires qui foncent dans la boîte, bref, ces buts étaient facilement évitables. Mais heureusement, Montréal avait devant lui des vieux chats diabétiques et dégriffés. Qui dormaient.

3) On a le « coaching gagnant » un peu trop facile
Coaching gagnant! L’expression était en vogue après le match, puisque deux substituts ont marqué dans les secondes suivant leur entrée en jeu. Attention ici de ne pas confondre solutions trouvées par l’entraîneur et faits de match. Oui, Lappalainen et Ibrahim sont venus du banc pour marquer les buts qui, ultimement, ont donné les trois points à Montréal. Mais de là à parler de coaching gagnant, il y a un fossé que je ne suis pas prêt à franchir. Pour moi, le coaching gagnant, c’est quand un entraîneur fait un choix qui fait basculer le match. Par exemple, c’est 1-1, l’équipe subit, on fait monter un joueur ou on apporte un ajustement tactique qui permet de changer la dynamique du match, de donner ou de redonner l’avantage à notre équipe et ultimement, de la faire gagner. Dans le cas de Lappalainen et d’Ibrahim, les deux sont montés alors que l’équipe avait l’avantage d’un homme et était somme toute peu inquiétée et se sont pointés au bon endroit, au bon moment, pour faire le bon geste. Mis à part ces quelques secondes payantes, on ne ne peut pas vraiment dire que l’un ou l’autre se soit mis en évidence, bien qu’Ibrahim ait causé à lui seul le second carton rouge du côté mauve. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont des changements logiques que 95% des entraîneurs auraient faits alors que l’équipe en était à son deuxième match d’une série de trois en huit jours. Coaching gagnant? Pas vraiment. Coaching logique, et ultimement payant, ça oui.

Mais peu importe. Prenons les trois points. Même si ce n’était pas fantastique. Même si après avoir dit que le jeu de son équipe avait besoin de verticalité, Wilfried Nancy a choisi d’aligner deux milieux au profil défensif côte à côte. Même si l’équipe n’a pas encore su gérer un avantage numérique correctement. Même si Miller faisait de la danse contemporaine derrière Jansson sur son but. Même si Brault-Guillard se lance encore et toujours balle au pied à l’assaut du dernier tiers avec la puissance de la fusée SpaceX avant de stopper net sans raison à l’entrée du rectangle. Même si deux saisons plus tard, l’attaque montréalaise demeure toujours principalement dépendante de l’apport individuel d’un seul joueur.

Retour à la maison, sans ceux et celles qui animent le party, dimanche après-midi contre Chicago. Il n’y aura pas de fusée déchirant le ciel, ça c’est certain…