Il y a des fois où l’adversaire vous tend le bâton avec lequel le frapper. C’est exactement ce que Noble Okello a fait en cramponnant la cuisse de Victor Wanyama, se méritant une expulsion dès la quatrième minute de jeu et minant ainsi le match du Toronto FC. Malgré cet avantage numérique, pendant de longs pans du match, les équipes semblaient à forces égales. Heureusement, Montréal a trouvé la force (et retrouvé son attaquant principal) pour surmonter l’obstacle torontois. Un carton, trois points et trois constats.
1) Piette pétait le feu
Vous avez cru entendre des feux d’artifice à l’extérieur du stade lors du premier quart d’heure de jeu? Vous faisiez erreur. C’était plutôt le son de Samuel Piette qui pétait le feu sur le terrain. Entre énergie débordante, ouvertures lumineuses et agressivité offensive, le milieu d’ordinaire défensif était de tous les bons coups offensifs, et cette grosse envie s’est traduite par la plus belle des récompenses : un but marqué, son premier au stade Saputo. Heureusement qu’il était là, d’ailleurs, parce que le mot d’ordre autour de lui semblait être de lever le pied, ses coéquipiers se disant probablement qu’avec 85 minutes d’avantage numérique, les choses finiraient bien par se produire d’elles-mêmes. Chose certaine, on voudrait bien de ce capitaine-là à chaque match.
2) C’était mou en début de deuxième mi-temps
D’ailleurs, au retour des vestiaires, on s’attendait à voir Montréal se lancer à l’abordage le couteau entre les dents avec l’intention de doubler son avance rapidement pour tuer le match. Malheureusement, c’est tombé à plat. Autant sur le terrain que dans les tribunes, on semblait avoir enclenché le pilote automatique histoire de prolonger un peu la pause. Les Torontois, eux, avaient bien compris qu’il y avait une occasion à saisir dans la léthargie généralisée des Montréalais. Une accélération soudaine plus tard, Achara fonçait seul dans la surface pour profiter d’une passe de Soteldo qui avait attiré la défense et les regards de tous les Montréalais, y compris celui de Piette qui n’avait pas suivi le buteur. Bref, tout le monde dormait depuis 10 minutes et ce qui devait arriver arriva, Toronto avait égalisé. À ce propos, c’est ici que la foule aurait pu et dû faire une différence. Le kop en premier lieu, en tentant de réveiller son équipe avec un chant plus dynamique (et facilement reprenable par les autres tribunes) pour secouer l’atmosphère, mais le reste de la foule aussi, en faisant sentir sa présence plutôt que de sombrer en mode cinéma. Quand ton équipe dort, tu dois la réveiller. C’est un des avantages de jouer à domicile.
3) Torres, c’était compliqué
D’accord, le milieu argentin a marqué le but qui a libéré Montréal, mais dans l’ensemble, il nous a offert un match moyen, à l’image de ses plus récentes apparitions. Alors que Montréal avait l’avantage d’un homme, on s’attendait à voir Torres en bénéficier, prendre de l’ampleur en profitant des espaces et s’infiltrer dans la défense balle au pied. Malheureusement, c’est probablement le joueur pour lequel l’avantage d’un homme paraissait le moins tant on avait l’impression de revoir ses derniers matchs passer en boucle. Torres touchait beaucoup de ballons, mais ne parvenait à faire monter son équipe sur le terrain. Pléthore de passes latérales ou en retrait, peu de percussion, trop de tergiversations inutiles, c’était lourd et difficile pour Torres, comme ce l’est depuis plusieurs matchs. On s’attend à plus de sa part, non seulement dans les gestes individuels, mais aussi au niveau de l’intelligence de jeu.
Autrement, quel bien fou ça faisait de revoir Romell Quioto. Sans nul doute, Quioto est le meilleur joueur offensif de ce groupe, et de loin. Son imposant physique, son explosivité et sa soif de buts rappellent un peu Romelu Lukaku. Dans un bon jour, Quioto est celui qui fait la différence. Espérons qu’il reste en santé, car le CF Montréal n’est pas du tout le même sans lui.
Pause salutaire et reprise du collier le 11 septembre, à la maison contre Nashville. Le classico Jazz-Country, le derby des logos simplistes peu inspirants. Ça va être chaud. Soyez-y.
Pas de match mercredi, c’est donc l’occasion d’une autre édition des trois questions. N’hésitez pas à m’envoyer vos questions via les réseaux sociaux!