Trois questions sur le CF Montréal (épisode 10)

Publié par

Il a fallu vous réveiller, mais les questions ont finalement fusé de toutes parts. Variées, elles auraient parfois nécessité une réponse qui tiendrait plus des arts divinatoires que de l’analyse. Il a fallu faire des choix, parfois simples, parfois compliqués. Nous avons donc décidé de nous en tenir à celles-ci.

Voyons (@VoyonsComeOn)
Dans l’éventualité où Miljevic prenne le poste de 10, penses-tu que Mihailovic pourrait reculer, quitte à jouer à quatre, voire six milieux et un seul attaquant?
Dans ce qui ressort des informations disponibles sur le joueur en question, il semble que son poste de prédilection soit ailier gauche. Or, on peut très bien l’imaginer en 10 en MLS. Dans cette optique, la possibilité de voir Mihailovic descendre d’un cran sur le terrain est bien réelle, puisque le milieu américain semble somme toute plus à l’aise à 30 m du but que dans la surface. C’est une option très envisageable, que je privilégierais. Or, il ne faut pas s’attendre à voir Miljevic jouer un rôle prépondérant en 2021. Son recrutement porte clairement la marque 2022. Aurait-on donc recruté un 8 (Mihailovic) à l’interne en recrutant un 10 (Miljevic) à l’étranger? C’est possible. Mais attention, car la possibilité de voir Miljevic jouer en 10 pourrait indiquer que l’un arrive pour potentiellement remplacer l’autre. C’est la coutume dans la plupart des recrutements d’Olivier Renard, en somme. Sauf exception, le Belge ne recrute pas pour combler un manque immédiat, mais plutôt dans l’optique de combler un trou causé par un départ éventuel, programmé ou non. Kizza pour Corrales/Raitala, par exemple. Miller pour Binks. Thorkelsson pour celui qui prendra la sortie entre Struna et Camacho. C’est un peu la marque Renard, selon mon évaluation de son travail au Standard de Liège et à Montréal.

Patrick Marsolais (@patmarso)
Est ce que Ibrahim ou Johnsen sont des solutions suffisantes pour atteindre les séries? Et sinon, quelle est la solution? (Mis à part Quioto qui ne sera pas là pour un bout encore à cause des qualifs…)
Très bonne question. Les profils des deux joueurs sont tellement différents qu’il convient de les analyser séparément. D’un côté le très jeune Ibrahim a démontré quelques flashs de brillance qui laissent présager qu’il pourrait devenir un attaquant de puissance très utile pour le onze montréalais. Ibrahim, à peu de choses près, c’est un Romell Quioto avec 12 ans de moins, et avec le déficit d’expérience qui vient avec (il y a d’ailleurs sûrement ici un lien intéressant à faire avec la question précédente). Le mot clé dans la phrase précédente est de toute évidence « devenir ». Ibrahim, s’il peut s’avérer utile d’ici la fin de la saison, n’a pas encore les épaules pour porter l’attaque montréalaise à lui seul. Pour Johnsen, c’est différent. Il possède l’expérience, mais son style de jeu semble en contraste avec le reste de ses coéquipiers. Tel que je l’ai mentionné dans la dernière édition des trois constats, Johnsen est un attaquant qui aime décrocher, créer des espaces pour les autres et combiner. Un profil qui pourrait davantage développer des connexions avec un joueur explosif, rapide et talentueux techniquement. Miljevic, peut-être. Alors quelle est la solution pour accéder aux séries? Quioto, qui ne devrait guère manquer plus de deux matchs lors de son prochain périple en équipe nationale. Sinon, hormis Quioto, il faudrait espérer que l’effectif commence à saisir comment jouer avec Johnsen. Le but à Philadelphie est une partie de la réponse.

Emil Archambault (@EmilArchambault)
Torres semble souvent perdu, un peu trop mangeur de ballons (et sans la finition d’un Piatti, qui lui aussi mangeait du ballon, mais marquait à la fin). À partir de quand est-ce que ça devient un problème?
S’il a épaté et enthousiasmé lors du match contre Cincinnati au stade Saputo, Torres a été très, pour ne pas dire trop, discret depuis. Ayant gagné en confiance, il s’est mis à vouloir jouer tous les ballons et on l’a souvent vu se perdre dans des tergiversations incessantes au terme desquelles il perdait la possession. Pire encore, la résurgence de Brault-Guillard se fait majoritairement sans l’apport de Torres, transparent depuis plusieurs matchs. Bref, on ne sent pas l’Argentin capable de faire basculer un match alors qu’on l’avait senti bien plus pesant lors d’un ou deux matchs au début de l’été. La réponse à la question est donc assez simple : c’est déjà un problème. Il ne faut pas oublier que Torres est en prêt, et passe une audition depuis ses premiers pas sur les terrains de MLS. On ne peut donc pas attendre indéfiniment avant de prendre une décision dans son cas, car il faudra vite planifier une solution s’il ne donne pas satisfaction. D’ailleurs, il y a peut-être un lien à faire avec la première question : l’arrivée de Miljevic pourrait être liée au destin de Torres. Selon les vidéos qu’on peut voir de Miljevic, sa tendance à provoquer l’adversaire à un contre un rappelle quand même un peu la percussion qu’amène Torres.

Merci à tous pour vos questions. Direction le stade Saputo pour l’endiablé classico canadien avant une pause qui sera certainement très utile à tout le monde.