Montréal a ramené un point de Philadelphie. L’équipe en « reconstruction » a fait match nul chez une équipe de tête qui récolte les fruits d’une vision et d’un système mis en place depuis des années. C’est un excellent résultat. Mais comme c’est bien souvent le cas avec cette franchise depuis 2012, cette réussite est assombrie par un goût de trop peu, une impression d’occasion manquée et un sentiment d’inaptitude. Parce que c’était loin d’être sexy, surtout en première mi-temps. Une semi-déception et trois constats.
1) Johnsen a le dos large
Ça ne va pas pour Johnsen. Du moins, c’est l’impression qu’on a. Ça pourrait clairement être mieux en tout cas. Certes, si on l’imagine, comme beaucoup l’on fait, comme le nouveau Di Vaio, effectivement, le rendement est largement insuffisant. Seulement voilà, Johnsen n’a pas du tout le profil d’un Di Vaio. En fait, Johnsen joue de manière complètement différente des autres attaquants de l’équipe. Johnsen aime descendre très bas sur le terrain, attirer les défenseurs, créer de l’espace pour les autres et combiner. C’est un attaquant-relais, si je puis dire. Et donc, pour ceux qui déversent le contenu de leur poubelle sur l’attaquant format géant chaque fois qu’ils ont l’occasion de le faire, non, évidemment, Johnsen n’était pas dans la surface sur le but de Mihailovic : il était derrière l’action, étant à son origine, dos au but à la ligne médiane. Il faut donc être de mauvaise foi pour croire, ou faire croire, qu’il aurait pu ou dû être à la conclusion de l’action. Cette séquence est l’illustration même de son style de jeu. Il attire trois joueurs, remet à Brault-Guillard qui fonce vers lui (enfin un qui semble avoir compris comment Johnsen joue) et le reste vous le connaissez. Ceci étant dit, Johnsen doit absolument polir son jeu dans la surface et autour de celle-ci, car le style de jeu de son équipe commande une plus forte présence de sa part dans cette zone. Peut-être que la séquence du but de Mihailovic permettra à ses coéquipiers d’y voir plus clair et de mieux tirer profit de ses habiletés à l’avenir… et à ses détracteurs de saisir un peu plus son apport dans le jeu.
2) Zachary Brault-Guillard est de retour à son niveau du début de saison
Et c’est très bien. On le retrouve enfin, avec toute son agressivité, sa facilité à se projeter vers l’avant, sa vitesse et son envie. Et ça fait beaucoup de bien au flanc droit du CF Montréal, même si, étrangement, c’est Torres qui s’efface depuis le retour en forme de Brault-Guillard. Si ces deux-là peuvent trouver une partition à jouer à deux, un peu comme Mihailovic et Choinière semblaient en avoir trouvé une à gauche contre Philadelphie, on peut parier que ce sera haut en couleur. Petit bémol par contre : on a retrouvé le ZBG du début de saison dans son intégralité, ce qui comprend un apport défensif inadéquat par moments. Le latéral monte très haut, mais oublie parfois de redescendre ou le fait sans trop se presser. Wilfried Nancy l’a-t-il délesté de ses responsabilités défensives? Difficile à dire. Ce qu’on sait, par contre, c’est que contre Philadelphie, en première mi-temps, Montréal a peiné à freiner Philadelphie qui avait pris racine dans le couloir de Brault-Guillard.
3) Montréal a su s’ajuster
Après une première mi-temps qui ne laissait présager rien de bon, malgré le fait que les visiteurs rentraient au vestiaire avec l’avance et sans avoir accordé de tir cadré (!), le CF Montréal a su apporter des changements tactiques qui lui ont permis de garder la tête hors de l’eau. Surtout défensivement. Ainsi on a pu voir Wanyama et Piette s’échanger leurs positions pendant quelques minutes en début de seconde mi-temps. Torres aussi a été appelé à soutenir un peu plus l’effort défensif et visiblement, on a demandé à Brault-Guillard de mieux choisir ses moments pour monter. Tout ça a permis d’alléger la pression sur Struna et de solidifier la ligne arrière, moins directement sollicitée. Joel Waterman lui, a connu un match tout en progression et a également profité des ajustements pour monter en puissance. Bon match, d’ailleurs, du défenseur canadien dans les bottines de Rudy Camacho. Ce poste lui conviendrait-il mieux?
Bref, Montréal a ramené un point de Philadelphie. Ultimement, c’est là-dessus qu’il faut se concentrer. Et sur les trois matchs de suite sans défaite après une série de cinq matchs sans victoire. L’atmosphère est positive, mais il faut enchaîner avec un bon match vendredi contre Toronto pour partir en « congé » la tête légère et bien recharger les batteries pour le sprint final. Parce que ça s’annonce compliqué pour participer aux séries éliminatoires.
Allez ne boudons pas notre plaisir : c’est le moment du classico des classicos, de la rivalité la plus intense en dehors des limites d’Istanbul. Faites rentrer femmes et enfants, fermez les volets, c’est l’heure du Classirop. Un vendredi soir, en plus, pour éviter le grabuge en ville pendant la journée. Les autorités ont pensé à tout.
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